L’Hexagone s’est longtemps amusé d’une blague célèbre sur son tennisman favori: « Quand Noah gagne il est Français, quand il perd il est Camerounais. » Devenu chanteur, le dernier vainqueur tricolore de Roland Garros a fait de ses racines africaines son produit d’appel, celui de la différence. « Je suis métis », le fiston Joakim connaît le refrain par coeur. Né à New York d’une mère suédoise, le fils de Yannick reste aussi un Camerounais de coeur. Pas seulement de sang. Son grand-père Zacharie y vit, son papa y retourne souvent, lui « chaque année. » Donc quand l’icône NBA de la Corne se pointe dans les vestiaires des Bulls pour féliciter son ancien assistant coach Tom Thibodeau, Jooks est comme un dingue. Mutombo, c’est « total respect« .
Retraité en 2009, le finaliste NBA 2001 natif de la République Démocratique du Congo reste un des hommes les plus appréciés des joueurs et certainement le meilleur citoyen de la grand ligue. Il a récemment levé quasi à lui seul les 29 millions de dollars nécessaires à la sortie de terre d’un centre hospitalier en RDC. Charité bien ordonnée commence par soi- même ! Deke ? Un modèle pour Noah et sa Arc Foundation, basée à New York.« Tous les joueurs Africains de la ligue, on l’appelle Monsieur l’Ambassadeur. Il construit des hôpitaux, que dire de plus ? Qui d’autre peut en dire autant ? C’était génial de le voir, je suis un grand fan. Il a ouvert beaucoup de portes pour le continent en NBA, il mérite notre amour à tous« , assure le pivot des Bulls en voyant Deke quitter le vestiaire.
« J’ai envie de faire comme lui et de rendre beaucoup à l’Afrique. Il n’y a pas mieux comme réseau que le sien. »
Le double champion NCAA profite du plaidoyer pour rappeler aux Etats-Unis ses racines africaines.
« J’y vais chaque année, j’ai une maison au Cameroun où habite mon grand-père. Je suis un joueur africain. »
Et alors que Thibodeau s’amuse à imiter l’ancien meilleur défenseur NBA en agitant son index de gauche à droite pour rappeler le célèbre geste de Mutumbo après chaque contre, Jooks, qui quelques minutes plus tôt a arrêté une interview pour aller saluer son idole, poursuit :
« Contrer et prendre des rebonds, c’est l’essence même du joueur africain, rappelle-t-il sur ESPN. Dikembe était un pionnier. Luol (ndlr : d’origine soudanaise) a changé un peu ça avec son jump shoot, ce n’est pas ce que font normalement les Africains, spécialistes du sale boulot. »
Comme lui en quelque sorte, le monsieur energizer et maître ès défense et écrans des Bulls. Avec ses 15 rebonds, dont 8 offensifs, et ses 5 contres dans le Game 3 en Georgie, Noah a justifié sa propre assertion. Et reçu les félicitations du roi Deke.