Véritable révélation cette saison, Yoan Makoundou (2m06, 20 ans) s’est inscrit à la prochaine Draft NBA. S’il n’est pas encore sûr d’y laisser son nom et d’aller au bout du processus dès juin prochain, le jeune ailier explosif de Cholet Basket sait qu’il va passer un nouveau cap la saison prochaine. Quoiqu’il arrive…
Que ce soit la NBA ou un gros club européen, Makoundou s’apprête à prendre son envol à à peine vingt ans. Basket USA a pu discuter avec le jeune talent qui sera invité à jouer les « sparring partners » des Bleus avant les prochains Jeux olympiques.
Yoan, vous étiez quasiment un inconnu il y a une saison, vous débutiez seulement en pro sur quelques bouts de matchs, et cette saison, vous avez tout explosé. Qu’est-ce qui s’est passé ? Quel a été le déclic ?
La différence pour moi, c’est que je fais vraiment partie de l’équipe cette saison. Je ne suis plus seulement un partenaire d’entraînement comme l’année dernière. Je fais vraiment partie de l’effectif et ça change tout. Je sens simplement que je progresse avec le temps, dans mon jeu comme dans mon corps. Après, je ne pensais pas que ça allait arriver si vite, mais j’ai travaillé pour.
Quel est votre meilleur souvenir de la saison, à l’heure (quasiment) des bilans ? Est-ce votre trophée de meilleur jeune en Ligue des Champions ? Ou la Draft à venir peut-être ?
La Draft, ça sera pour après la saison. Mais ce titre de meilleur jeune en Ligue des Champions, c’est déjà beaucoup pour moi. C’est une très belle récompense. Mais il y a eu d’autres petites choses aussi qui récompensent ma progression, comme le fait d’être appelé pour faire la préparation aux JO.
« Il n’y a pas souvent de joueurs qui ont mon volume athlétique dans cette compétition »
Avec votre jeu spectaculaire et votre potentiel athlétique, vous attirez beaucoup plus d’attention médiatique, est-ce quelque chose qui vous dérange ?
Un peu. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup. Mais bon, j’arrive à gérer. Disons que je fais avec [rires].
Mais, en NBA, vous savez que ça sera votre quotidien ?
Oui, je sais, ce sera encore pire. Mais je m’adapte.
Comment expliquez-vous en tout cas que vous ayez si bien réussi sur la scène européenne, avec 10 points et 5 rebonds de moyenne ?
Je pense que ça s’explique parce qu’il n’y a pas souvent de joueurs qui ont mon volume athlétique dans cette compétition [la FIBA Champions League]. Je pense que c’était une question de temps. Je m’étais préparé pour ça. J’ai fait en sorte de travailler pour être aussi bien prêt à jouer en Champions League qu’en Jeep Elite.
Pouvez-vous revenir sur votre relation particulière avec Kevin Séraphin, qui se comporte comme un mentor pour vous.
C’est quelqu’un qui me donne beaucoup de conseils, qui m’accompagne sur certaines choses. C’est un peu ça, un mentor, un grand frère. Il m’aide à comprendre ce qui peut m’attendre [en NBA], il me parle de choses que je ne comprends pas toujours, parce que je n’y suis pas encore. Il me dit comment ça se passe là-bas, quel état d’esprit il faut avoir pour y arriver. Ça fait partie de mon apprentissage.
Avez-vous bénéficié de conseils avisés d’autres tuteurs de Cholet, ou ailleurs, mais on pense forcément à Rudy Gobert qui est passé par la même académie que vous et est également dans la même agence ?
Moins souvent, mais ça arrive de temps en temps, que j’aille demander conseil. Ce n’est pas forcément que des joueurs de Cholet mais j’ai effectivement pu parler déjà avec Nando de Colo, avec Rudy. Eux sont les grands qu’on voit de loin. Ils nous parlent de leur expérience et comment ils ont vécu certaines choses. Comment s’adapter. On sait mieux à quoi s’attendre en fait.
« Je ne suis pas encore le type de joueur qui va créer son tir après le dribble »
Vous semblez plutôt réservé, voire un peu timide, est-ce que ces conseils de la communauté tricolore au plus haut niveau vous donnent de la confiance pour la suite ?
Dans mon caractère, je suis timide, mais pour les gens que je ne connais pas. Après c’est vrai que [de leur parler], ça m’aide à me sentir plus à l’aise pour faire les interviews par exemple. Mais ça va, je gère mieux. J’ai l’habitude maintenant. Ça m’arrivait durant ma première année d’avoir un peu de pression avant les matchs mais maintenant, c’est bon. C’est fini. Voilà, c’est juste un match quoi.
Par rapport à la prochaine Draft, quel est votre plan, allez-vous y aller en personne ?
Oui, si mon nom reste jusqu’à la fin…
Des rumeurs ont également fait surface, selon lesquelles le Fenerbahçe, le club de Nando De Colo, serait intéressé pour vous recruter. Ça vous inspire quoi ?
Ça fait toujours plaisir de voir ça. C’est encore un signe qui prouve que mon travail paye. D’avoir l’intérêt d’un club prestigieux comme le Fener, c’est quand même quelque chose. C’est une autre récompense pour moi.
Quels sont vos objectifs pour l’intersaison qui va venir ?
« Je sais très bien qu’il faut que je bosse des points de progrès pour être prêt la saison prochaine. Ça va être un peu de renforcement sur ma cheville, même si je ne pense pas que ce soit un problème. Je veux vraiment travailler mon tir, pour être plus régulier. Le shoot à 3-points. Je ne sais pas encore quel est trop le plan pour moi. Je sais qu’il est prévu que j’aille m’entraîner aux États-Unis, surtout si je reste inscrit au Combine [de Chicago, du 23 au 25 juin]. »
« L’équipe qui me fait kiffer ? Je dirais New York et Miami »
Quel est votre programme pour justement trouver plus de régularité aux tirs ? Vous avez des quotas à faire ? Des exercices spécifiques ?
Oui, j’ai un certain nombre de tirs à prendre chaque jour et je fais surtout des tirs en mouvement pour le moment. Je ne suis pas encore le type de joueur qui va créer son tir après le dribble, surtout à 3-points. Je fais surtout du catch & shoot ou du spot up, sur les remontées. Pour l’instant. Après on verra par la suite où ma carrière m’emmène, vers quel poste et vers quel type de jeu, tout ça.
Quelle équipe NBA aimez-vous particulièrement suivre cette saison ?
L’équipe qui me fait kiffer ? Je dirais New York et Miami. Mais New York, l’énergie, elle est différente pour moi. J’aime bien Tom Thibodeau.
Pensez-vous que votre profil défensif peut justement être directement transposable en NBA ?
C’est comme ça que je pourrai gagner quelques minutes. J’aime bien aller chercher les contres et stopper mon adversaire. Plusieurs fois cette saison, j’ai eu à défendre sur le meilleur joueur adverse et j’ai aimé faire ça. [En NBA, vous serez servi !] Oui, c’est clair. Mais ça ne me fait pas peur.
« DeMar DeRozan, j’ai toujours aimé sa façon de jouer, très classe, très propre, très élégant »
N’appréhendez-vous pas de partir en NBA (si jeune) et de vous retrouver dans une situation où vous n’avez pas beaucoup de minutes à jouer ? On pense aux cas Frank Ntilikina ou Sekou Doumbouya notamment…
Forcément. Après, là-bas, il y a beaucoup de compétition. Je pense que tout est question de faire ses preuves. Créer ses opportunités. On ne sait jamais ce qui peut se passer. Une saison, c’est long, surtout en NBA. Ça fait partie du jeu mais c’est à moi de travailler, de faire en sorte que ça n’arrive pas.
Donc vous vous sentez-vous prêt pour la NBA, dès la saison prochaine ?
Oui. Je n’ai pas peur. Je suis prêt à faire tout ce qu’il faut. Le plus important, c’est d’y atterrir au final, peu importe la rampe. [S’il y a une étape en Europe avant], ça ne me dérange pas.
D’ailleurs, avez-vous plus regardé de NBA ou plus d’Euroleague cette saison ?
J’ai plus regardé la NBA. Mais très peu quand même car j’étais très concentré sur notre championnat, par rapport au Covid.
Aviez-vous une idole en NBA en grandissant ?
Je dirais Kevin Durant car j’aimais bien le regarder jouer. Quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup Gerald Green aussi…
Vous savez qu’il a perdu un doigt en dunkant, attention !
Je n’irai pas jusque-là. Et puis, DeMar DeRozan, j’ai toujours aimé sa façon de jouer, très classe, très propre, très élégant. Mais j’ai beaucoup travaillé sur mon tir à 2-points, aussi en sortie de dribble. Son jeu est beaucoup basé sur le tir à 2-points. Depuis que je l’observe davantage, j’essaye de faire un peu pareil, mais à ma sauce quoi !
Le roi du mid-range !
J’aimerais bien que, avant de trop m’écarter, ce soit ma zone !
Vous n’avez pas mentionné Amath M’Baye, qui a pourtant un profil similaire au vôtre…
Oui, j’adore ! C’est en regardant l’équipe de France que j’ai bien remarqué son jeu. Un peu comme moi, il a été dans l’ombre pendant pas mal de temps. Il a eu un sacré parcours, aux États-Unis, au Japon. Son histoire m’a bien inspiré et puis, j’adore voir le jouer.
Qui est votre ami le plus proche dans le basket ?
C’est une bonne question. Celui avec qui j’ai le plus de complicité, c’est Florian Leopold. Après, c’est avec toute mon équipe en Espoirs, avec qui on était très proche. Comme les doigts de la main. On a tout fait ensemble.
Dernière question, vous dites souvent en interview que vous ne souhaitez pas être connu simplement comme un dunkeur ?
Oui, je veux montrer que je sais faire d’autres choses. Je veux être connu comme un bon joueur de basket.
https://www.youtube.com/watch?v=n04giiop_Eg