La Pacific Division, nouveau parent pauvre de la NBA ?

L’an passé, la Pacific Division emmenait deux équipes en demi-finales de la Conference Ouest, Phoenix et la surprise Golden State. Cette année, malgré la présence toujours dangereuse de la franchise de l’Arizona, les autres équipes ont pris un retard important face à leurs concurrentes de la Conference Ouest voire celles de la côte est des Etats-Unis.

Sacramento Kings
La capitale de la Californie, Sacramento, avait considérablement déçu la saison dernière, terminant bonne dernière de la Pacific Division malgré le trio Mike Bibby/Kevin Martin/Ron Artest. Le bilan constaté de 32 victoires pour 50 défaites a clairement fait baisser la température d’ ordinaire étouffante de l’ Arco Arena, l’antre des Kings. Cette année, malgré les rumeurs de transfert vers New-York entourant l’ombre de Ron Artest, aucun mouvement d’ampleur n’a encore été constaté. L’acquisition onéreuse de Mikki Moore (18 millions de $ sur trois ans) ne calmera pas le mécontentement des fans. Un renfort intérieur plus consistant serait nécessaire pour faire souffler Brad Miller (encore 29 matchs manqués la saison dernière) et si le pivot drafté en 10 ème position lors de la dernière draft Spencer Hawes est un bon choix, rien ne dit que ce dernier pourra de suite s’ acclimater à la rugueur des raquettes NBA après une seule saison NCAA au compteur.
Kevin Martin devrait prochainement se voir proposer une extension de 5 ans et ainsi, se voir offrir les clés de la franchise. Francisco Garcia a énormément progressé l’ an passé ainsi que durant l’ intersaison, il pourrait de fait supplanter Shareef Abdur-Rahim au poste d’ailier-fort, ce dernier n’ayant à 32 ans plus rien à voir avec ses années à Vancouver. Il est d’ores et déjà acquis que Mike Bibby ou Ron Artest partira avant la date limite des transferts. Isaiah Thomas aimerait s’ offrir le dernier cité, enfant chéri de Coney Island. Or, les frères Maloof, dirigeants de Sacramento, souhaitent acquérir en échange David Lee, considéré comme monnaie trop importante par le staff des Knicks pour le joueur à risques qu’ est Ron Artest. Beaucoup de rumeurs envoyaient Mike Bibby aux Cavs, ces derniers n’ ont pour l’ instant rien à proposer d’ intéressant aux Kings. Si les égos ne gênent pas l’ alchimie des Kings, si aucune blesure ne vient gêner l’ un des trois leaders de l’ effectif et si les joueurs intérieurs se mettent au diapason des ailes, alors Sacramento pourra renouer avec les playoffs. Mais cela fait beaucoup de si et en cas d’ echec, les Kings connaîtront une profonde restructuration.

LA Clippers
Du côté des Clippers, tout allait presque bien. La saison dernière, les Clips avaient manqué d’ un cheveu les playoffs mais Elton Brand avait promis de renouer en demi-finales de conférences, à l’instar de la saison 2005-06. Malheureusement, Elton Brand s’est blessé. Ce dernier avait pourtant signifié son retrait du Team USA pour se reposer durant l’été mais son tendon d’ Achille gauche n’aura pas supporté l’un de ses entraînements individuels quotidiens. Un vrai coup dur pour « L’autre équipe de Los Angeles » puisque l’ex-Bull n’est autre que la pierre angulaire de l’ effectif.
Ajoutez à cela un Sam Cassel au dos en compote, un Shaun Livingston qui pourrait ne jamais rejouer et c’est tout l’ effectif des Clippers qui se trouve démembré.
Steve Francis a préféré retrouver son premier club de Houston que rejouer avec son pote Cuttino Mobley et les seules acquisitions sont l’ailier-fort drafté en 14ème position, Al Thornton et le meneur remplaçant, Brevin Knight. Le rookie Thornton est un vrai scoreur, capable de jouer face au panier, d’ emmener ses défenseurs et shooter à six mètres mais une nouvelle fois, il ne pourra pas compenser le trou béant que représente l’ absence d’ Elton Brand. Quand à Knight, bon passeur, fin stratège et excellent intercepteur, ce n’ est pas un meneur à même de peser sur le jeu et si Sam Cassel venait à se blesser une nouvelle fois, Los Angeles souffrera de son manque de rotation.
De fait, qui pourra contribuer régulièrement à la marque pour les Clippers ? Corey Maggette (16.8 points par match cette année) est censé être le plus à même de le faire mais l’état de ses genoux sème le doute, Cuttino Mobley (14 points de moyenne à 41% à trois points) est toujours capable de coups de folies mais il trop irrégulier pour représenter un véritable dangereux, Chris Kaman est un bon poids d’ancrage au pivot mais la signature d’un juteux contrat l’ été dernier semble le permettre de se reposer sur ses lauriers (10 points et 7.8 rebonds de moyenne cette année après une saison à 12 points et 10 rebonds en 2005-06 ). L’absence d’Elton Brand est prévue pour six mois et une solution devra être trouvée rapidement, sinon les Clippers connaîtront une nouvelle fois le même sort que l’an passé.

LA Lakers
Dans l’autre vestiaire du Staples Center, celui occupé par les Lakers, l’ heure n’est pas non plus à la fête. L’élimination contre les Suns au premier tour des playoffs pour la seconde année consécutive n’a fait qu’amplifier le mal-être du franchise-player des pourpres et or, Kobe Bryant. Ce dernier a fait connaître ses états d’âme lors de l’intersaison et a clairement signifié qu’il fallait un changement de taille dans l’effectif si Los Angeles voulait garder son idole. Auteur de nombreux volte-faces, le N°24 trouble volontiers les vacances paisibles de Mitch Kupchak, general manager des Lakers. Malgré les bruits amenant tour à tour Kevin Garnett, Jason Kidd ou Jermaine O’ Neal au sein des Lakers, aucune de ces stars n’ a encore été photographié aux côtés de Bryant, si ce n’ est sous le maillot du Team USA. De plus, le transfert de Garnett à Boston et les rumeurs amenant Jermaine O’ Neal dans la franchise de … Jason Kidd n’ a pas calmé les ardeurs de la star de L.A.
Rayons arrivées, les Lakers ont néanmoins pu compter sur le renfort d’ un ancien de Los Angeles, Derek Fisher. Ce recrutement est plus important qu’il n’ y paraît, Fisher connaît l’ attaque en triangle et ses coups de chaud à trois-points règleront en partie la sècheresse en la matière des Lakers. Une autre bonne nouvelle pour les Lakers, la resignature de Luke Walton, lequel a connu une progression importante cette année tant par la compréhension du jeu que par la fiabilité. Plus anecdotique, Chris Mihm a également été resigné, l’ ancien N° 4 de la draft aura fort à faire pour se racheter d’ une année blanche, pivot intelligent mais soft, il se doit d’ être aussi efficace qu’ un Brad Miller. En dernier renfort, l’ ailier non drafté Coby Karl, fils du coach George Karl, a gagné son combat contre le cancer et a réalisé une grosse summer-league, pur shooteur doublé d’ un bon passeur et défenseur, il pourrait s’ avérer être une des bonnes surprises de la saison si sa santé le laisse tranquille.
En considérant les progressions de Ronny Turiaf ( visible avec les Bleus ), de Andrew Bynum ( critique par Kobe Bryant via la presse ) et de Sacha Vujacic, Los Angeles gagne en vévu et pourra de fait, éviter les erreurs du passé. Toutefois, l’ équipe vivra et mourra encore par Kobe, aux dépens d’ un Lamar Odom visiblement etouffé par l’ homme aux 81 points et qui pourrait ête rapidement transferé sans jamais avoir pu trouver sa place dans l’ équipe. Cette année encore, rien ne dit que les Lakers passeront le premier tour et ainsi, que Kobe soit encore un Laker l’ été prochain. Ce n’ est pas demain que Jack Nicholson verra son équipe fétiche gagner son quinzième titre.

Golden State Warriors
La surprise des derniers playoffs, Golden State, a connu plus de bouleversements que ses rivales de la division pacifique.
Exit Jason Richardson, meilleur scoreur de la franchise, envoyé à Charlotte contre l’ ailier-fort rookie Brandan Wright; bienvenue à Marco Belinelli en provenance directe de la Fortitudo Bologne et drafté en 18 ème position. Le départ de Jason Richardson signifie le souhait de Chris Mullin, general manager des Warriors, de laisser les clés de la boutiques à Monta Ellis et Belinelli. Ellis, élu MIP 2007, a connu des playoffs difficiles mais la concurrence avec Belinelli devrait le motiver. L’ Italien a en effet connu une grosse summer-league et a clairement tapé dans l’ oeil du staff des Warriors. Capable de pénetrer férocement dans la raquette ou de passer derrière les écrans, Belinelli est déjà façonné pour le jeu offensif des Warriors et bénéficiera à coup sûr d’ un bon temps de jeu. Baron Davis revient en pleine confiance après d’ énormes playoffs ( demandez à Dirk Nowitzki ) et mènera pleinement la barque sanfranciscaine, si aucune blessure ne vient encore le gêner. Al Harrington et Stephen Jackson, deux transfuges d’ Indiana, jouiront une nouvelle fois de la qualité de passe de Davis et Andris Biedrins devra confirmer sa bonne progression de la saison passée ( 9.5 points et 9.3 rebonds de moyenne ).
L’ acquisition de Marco Belinelli, celle plus récente d’ Austin Croshere et la resignature de Matt Barnes sonnent encore un peu plus le glas du maintien de Mickaël Piétrus au sein des Warriors, un départ probable qui signifie que Golden State abandonne toute veillité défensive.
Si aucun autre changement n’ arrive, les Warriors compteront comme la saison passée sur une rotation limitée mais fera assurément le spectacle, si les joueurs évitent l’ infirmerie. De rang de surprise, Golden State passe à celui d’ équipe attendue, libre à elle de confirmer. Elle en a les moyens.

Phoenix Suns
Enfin, Phoenix a été plus silencieuse cette année. Mike d’Antoni, coach des Suns, a souhaité se séparer de James Jones et plus curieusement de Kurt Thomas, toujours utile et efficace en rotation intérieure. Malgré tout, Phoenix enregistre l’ arrivée de Grant Hill, en provenance d’ Orlando. L’ailier vétéran n’ a plus un triple-double par match dans ses jambes mais s’appuie sur une véritable science du jeu, comme en atteste ses stats de la saison passée (14.4 points à 51.8 % en 31 minutes de jeu en moyenne ). En concurrence directe de Boris Diaw, Grant Hill jouera soit un rôle de titulaire à part entière soit celui d’un joker de luxe, selon si Boris retrouve son apport d’ il y a deux ans ou reste sur sa saison tout juste correcte de cette année.
Le temps presse pour Phoenix, Steve Nash aura 34 ans en février et ne sera sans doute jamais plus MVP, Shawn Marion se plaint toujours d’un certain manque de considération et les pertes de Kurt Thomas et celle probable de Jalen Rose affaiblissent considérablement une rotation déjà limitée. Un autre renfort est réellement souhaitable si Phoenix souhaite éviter d’ arriver en playoffs sur les rotules.
Certes, Leandro Barbosa et Amaré Stoudemire sont en pleine progression mais la plupart des observateurs s’accordent à dire que pour Phoenix, c’ est l’ année ou jamais. Et pour parvenir à ses fins, Mike d’Antoni aura besoin de tout le monde et particulièrement de Boris Diaw.

Conclusion
Bien entendu, l’ intersaison n’ est pas encore finie et plusieurs échanges ou acquisitions sont encore possibles. Les cas de free-agents comme Mickaël Piétrus, Chris Webber ou Sasha Pavlovic peuvent encore modifier les contours de certaines prévisions. Toutefois, l’immobilité de la Pacific Division en fait l’une des divisions les moins attendues de la rentrée NBA.
Phoenix est toujours là mais le fantôme de l’élimination sulfureuse de l’an passé hante toujours les esprits, Golden State est attendue au tournant, les Lakers craignent toujours les frasques de leur leader, Sacramento doit gérer ses égos et les Clippers a perdu gros avec la blessure d’ Elton Brand. La division pacifique aura certainement fort à faire pour concurrencer ses rivales de la Conférence Ouest.