Au rythme des chants à sa gloire, des anecdotes de ses coéquipiers, et d’un discours plein d’humanité, Manu Ginobili a fermé le livre de sa spectaculaire carrière NBA. Pourtant, en 1999, quand les Spurs l’ont sélectionné à la 57e position de Draft, l’Argentin était loin d’imaginer que vingt ans plus tard, il ferait partie de l’histoire de San Antonio.
« Je ne savais même pas que la Draft était cette nuit là. J’étais au milieu de l’Amazonie avec la sélection argentine et puis j’ai reçu un appel me faisant savoir que j’avais été drafté par les champions NBA, » confie-t-il sous les yeux amusés de Gregg Popovich, de Tim Duncan, de Tony Parker, de Fabricio Oberto et de R.C. Buford. « Je ne connaissais rien de San Antonio, je ne savais pas quel genre de coach était Pop ou ce que ça allait être de jouer avec David Robinson ou Tim Duncan. »
Ses futures fans ne savaient pas grand-chose de lui mais dès son arrivée à San Antonio, trois ans plus tard, la communauté latino de la ville a tout de suite adopté ce jeune garçon passionné. « La langue lui a permis de tisser un lien incroyable avec nos fans, » expliquait Steve Kerr, son ancien coéquipier. Brent Barry pousse le bouchon même plus loin en qualifiant Manu Ginobili de « Spur le plus aimé de toute l’histoire. »
Après que Sean Elliott, maitre de cérémonie pour l’occasion, l’a comparé à un Lionel Messi du basket, les gloires de San Antonio se sont succédées au milieu du terrain pour rendre hommage à son esprit de compétition, à son palmarès incroyable, et plus que tout au type de personne qu’il est hors du terrain.
« Ta passion et ta volonté son contagieuses »
Partout où il est passé, que ce soit en Italie, déjà sous la direction d’Ettore Messina, en NBA ou sur la scène internationale, Manu Ginobili a ainsi connu le succès. Il est en effet le seul joueur de l’histoire à avoir gagné l’Euroleague et son titre de MVP, une médaille d’or olympique, et un titre NBA.
Malgré toutes les accolades, Manu Ginobili a ravalé sa fierté et accepter une place de remplaçant à San Antonio. Il a raccroché ses baskets en tant que sixième homme le plus prolifique de l’histoire des playoffs NBA. « Combien de superstars accepteraient de sortir du banc sans rien dire ? » fait remarquer Tony Parker.
« Accepter cette décision est la chose la plus importante qui se soit passée pour notre franchise. Grâce à lui, nous sommes devenus plus dangereux, » explique Gregg Popovich. « Il n’aimait pas cette décision mais une fois qu’il y a réfléchi et qu’il en a compris les bénéfices pour notre collectif, il était d’accord. Et il va finir au Hall of Fame en ayant passé la majorité de sa carrière comme remplaçant ! »
« Il est la définition même de la culture des Spurs car il accepte toujours de mettre son ego de côté, » décrit TP. L’Argentin est aussi humble que compétitif. « Sans toi, je ne serais pas devenu le joueur que je suis. Ta passion et ta volonté sont contagieuses, » poursuit Tony Parker.
« Sans Manu, il n’y aurait pas eu tous ses titres de champions, » déclare Gregg Popovich !
Un joueur unique en son genre
Tim Duncan n’a lui eu besoin que de quelques minutes lors de l’été 2002 pour comprendre que Manu Ginobili n’était pas un joueur ordinaire. « Avant le début de la saison, nous étions tous à San Antonio pour jouer entre nous et je me rappelle que Bruce Bowen voulait montrer à Manu qu’il allait devoir prouver son niveau, » rigole Tim Duncan. « Bruce lui a tout fait, il l’a poussé, il l’a attrapé par son maillot, il a été physique et Manu n’a pas bronché. Il a continué à jouer. À ce moment-là, j’ai su qu’il était spécial. »
Tony Parker se rappelle lui de la première fois qu’il a vu joué son futur coéquipier. « Je me souviens à quel point il était unique. Personne ne jouait comme lui. » Sa fougue a rendu plus d’une fois Gregg Popovich fou de rage. « Quand il est arrivé à San Antonio, j’avais les cheveux bruns, au début de sa deuxième saison, ils étaient tout blancs ! » s’amuse le technicien.
Le meneur français se souvient de la tête de son entraineur quand les passes géniales de l’Argentin finissaient dans les tribunes plutôt que dans les Top 10. « Il me disait toujours : « Je suis Manu, je ne sais pas jouer autrement, » » raconte Gregg Popovich qui, pour le plus grand plaisir de tous les fans de basket, a appris à faire confiance à son nouveau poulain, lui donnant plus de libertés.
L’homme encore plus impressionnant que le joueur
Cette nuit, plus que les arabesques plus folles les unes que les autres d’un des meilleurs joueurs de l’histoire, ce sont ses qualités humaines qui sont revenues sans cesse dans la bouche de tous ses anciens coéquipiers et entraineurs.
Fabricio Oberto, qui connait Manu Ginobili depuis qu’il a 15 ans, a confié que même s’il a tout gagné aux côtés de l’arrière, ce qu’il retient avant tout chose, c’est la présence de son ami à l’hôpital avant, pendant et après son opération du cœur. De nombreux autres membres de l’équipe nationale d’Argentine, championne olympique en 2004 et que Gregg Popovich considère comme « l’une des meilleures équipes que j’ai vu jouer », étaient également présents à San Antonio pour soutenir leur leader et ami.
Des sanglots dans la voix, Manu Ginobili a d’ailleurs tenu à les remercier en espagnol pour tous ce qu’ils ont fait pour lui sur et en dehors du terrain pendant toutes ces années. Évidemment, il a également évoqué les deux autres membres du « Big Three », Tim Duncan et Tony Parker, et les mille et une rencontres qu’ils ont joué ensemble. Et là aussi, c’est le côté relationnel qui a pris le dessus.
Un lien unique et fort avec Gregg Popovich
« C’est incroyable de pouvoir jouer avec des personnes que vous connaissez sur le bout des doigts, avec qui vous n’avez pas besoin de parler pour vous comprendre, » décrit Manu Ginobili. « Tony, j’avais juste besoin de voir tes sourcils bouger pour savoir que tu allais partir en back door. »
Il n’y a donc pas de hasard. C’est dans un environnement familial, que ce soit en sélection ou à San Antonio, que Manu Ginobili se sent le plus à l’aise. Pendant son discours, il a également tenu à évoquer les échanges qu’il avait hors du terrain avec Patty Mills, Boris Diaw et Tiago Splitter, ou encore à remercier les personnes de l’ombre que les fans ne connaissent pas. Les médecins, les assistants vidéo, le personnel de l’AT&T Center avec qu’il prenait le temps de discuter.
« Il adorait ce sport, il adorait la compétition mais ce qui compte le plus pour lui ce sont ces quatre personnes, » précise Gregg Popovich en parlant de la femme et des trois fils de son ancien joueur. « Il a conscience des priorités dans la vie. Il était le meilleur coéquipier et sa curiosité… Il voulait tout le temps parler de politique, de religion, de trou noir, etc. C’est ça qui le rend spécial. »
Le lien qui unit Manu Ginobili et Gregg Popovich est peut être la potion magique qui a permis au joueur Argentin d’atteindre et de dépasser son potentiel pour devenir une légende des Spurs, de la NBA, et du basket en général.
« Pop… Tu es un fou sensible, attentionné, intelligent, généreux. Et tu ne sais pas à quel point tu es important pour moi, » concède Manu Ginobili. « Le basket, c’est fini mais on s’en fout. Ce que j’ai appris de toi était beaucoup plus important que tout ce qui s’est passé sur le terrain et pour ça je t’en suis éternellement reconnaissant. »
Merci pour tout l’artiste… Gracias Manu !