Mais où est donc passé Brendan Haywood ? C’est la question que les fans de Dallas et l’ensemble des observateurs ne peuvent que se poser. Arrivé en cours de saison dernière et présenté comme l’avenir de la franchise dans la raquette, le pivot vit en ce moment un véritable calvaire et signe la pire saison de sa carrière.
Retour sur le parcours d’un joueur qui pouvait espérer mieux à son arrivée dans le Texas.
Aux Wizards, entre Michael Jordan et Gilbert Arenas
Brendan Haywood (2m13, 31 ans) a rejoint la ligue en 2001, après 4 ans à jouer sous les couleurs des Tar Heels de Caroline du Nord. Drafté par les Wizards en 20ème position (via les Cavaliers), il séduisait pour sa défense et son sens du rebond. Il avait aussi enregistré le premier triple double de l’histoire de son université, un soir de décembre 2000 (18 pts/ 14 rebonds / 10 contres).
Durant toutes ses années à Washington, Haywood n’est pas un franchise player, mais il parvient dès sa deuxième année à s’imposer comme le pivot titulaire. Il y aura côtoyé Michael Jordan en tant que dirigeant mais aussi comme joueur, ainsi que Gilbert Arenas (au meilleur de sa forme), Antawn Jamison et Larry Hughes, qui formaient dans le milieu des années 2000 un « Big 3 » redoutable offensivement.
Haywood apporte donc ses kilos dans la raquette, et quelques moves qui en font un 3ème ou 4ème choix offensif intéressant.
En 2007-08, après 6 saisons dans la ligue, le joueur se voit confier plus de responsabilités. Il gagne 5 minutes de temps de jeu par match (28 minutes/m), dépasse les 10 points et 7 rebonds/m pour la première fois de sa carrière.
L’année suivante, il semble continuer sur sa lancée, avant de se blesser au bout de 6 matchs (poignet) et de manquer le reste de sa saison. Ce sera le début d’un cycle difficile pour la franchise de la capitale, avec une saison quasi blanche pour Arenas et un bilan horrible de 19 victoires/63 défaites.
Le pivot né à New York revient au début de 2009-10, et montre que ses progrès n’étaient pas fictifs, en affichant des statistiques sur la même base. Pas celles d’un All-Star, mais d’un solide joueur à l’intérieur.
Un trade pour une confirmation ?
En février 2010, Mark Cuban sort son blockbuster trade quasi annuel, qui voit Caron Butler, DeShawn Stevenson et donc Brendan Haywood rejoindre le Texas en échange de Drew Gooden, James Singleton, Quinton Ross et Josh Howard.
Alors qu’il réalisait la meilleure saison de sa carrière avec un quasi double-double (9.8 points et 10,4 rebonds / m, tout en étant le 5ème meilleur contreur de la ligue), c’est l’occasion pour Brendan Haywood de jouer pour une franchise qui vise le titre, et de s’imposer dans les raquettes texanes, avec Dirk Nowitzki à ses côtés.
Mark Cuban cherche aussi à anticiper le départ de Erick Dampier, son énorme contrat et ses problèmes de genoux. Il affirme d’ailleurs à l’époque
Les pivots arrivent à maturité autour de 29-30 ans. C’est là où il en est maintenant. Ses statistiques le prouvent. Toutes les évaluations que nous avons faites le prouvent. Nous espérons qu’il sera un joueur à long terme avec nous.
Le fantasque propriétaire des Mavs confirme d’ailleurs en juillet dernier, lorsqu’il signe un contrat garanti de 5 ans et 42 millions de dollars avec une 6ème année à 10,5 millions en option pour la saison 2015-16. Le joueur aura alors 36 ans.
Sa place dans le roster ne semble souffrir d’aucun doute. Mais 5 jours plus tard, les Mavs reçoivent dans un trade Tyson Chandler et Alexis Ajinça, et signent simultanément Ian Mahinmi. La situation change radicalement et l’embouteillage dans la raquette devient évident.
29,2% de réussite aux lancers !
Après 36 matchs en saison régulière, Brendan Haywood en a débuté… un seul. Chandler le vétéran, qui ne s’est pourtant pas reposé cet été puisque sélectionné dans la Team USA, s’est montré plus efficace, plus impliqué et plus régulier.
Les statistiques de l’ancien Wizard sont en baisse dans tous les compartiments du jeu, en valeur absolue comme rapportées aux minutes jouées.
4 points et 5 rebonds en 18 minutes de jeu. Les chiffres parlent d’eux-même. S’y ajoute 1 contre, et pour compenser, une réussite avec 61,5% au shoot. Sa réussite aux lancers-francs est tout simplement catastrophique : 29,2%, 19 sur 65 ! A ce rythme là, le hack-a-haywood est une très bonne stratégie…
Sa productivité baisse elle aussi : il passe de 12 pts / 40 min à 8,9, de 12.1 rebonds / 40 min à 11,1, de 2,7 contres / 40 min à 2,1 et la réussite catastrophique aux lancers diminue son pourcentage au tir réel (TS%) à 55% contre 58,8% il y a un an.
Le symbole de ses difficultés ? Le 30 décembre, les Mavs reçoivent les Spurs pour une rencontre au sommet de la conférence ouest. L’affrontement est remporté par les coéquipiers de Tim Duncan. Haywood ne foulera pas le terrain et aura assisté au match depuis le banc. Malgré les difficultés de l’équipe, Rick Carlisle aura préféré Alexis Ajinca comme backup de Tyson Chandler.
Une période difficile
Dire que le joueur vit bien ces difficultés serait s’avancer. Devant le déferlement de critiques dans les médias depuis le début de la saison, il s’est renfermé et a décidé de ne plus parler aux journalistes. Son attitude sur le terrain reste néanmoins exemplaire, et on le voit toujours aussi impliqué dans le jeu et sur le banc.
Ses coéquipiers, interrogés sur le jeu du joueur, sont solidaires, et vantent son apport et son énergie. Le staff continue à le déclarer intransférable, preuve que le lien n’est pas coupé entre le joueur et l’encadrement.
Cependant, il faut constater qu’on est loin des objectifs ambitieux que la franchise s’était fixés il y a seulement 6 mois. A 31 ans, la marge de progression du joueur n’est pas immense. S’il veut fouler le parquet il ne va pas falloir attendre trop longtemps. Autrement dit : pour lui, le temps presse.