La stat est folle et donc à peine croyable. Avant l’arrivée de Robert Covington (et Dario Saric) chez les Wolves, Minnesota était la 29e défense de NBA, avec 114.3 points encaissés sur 100 possessions. Depuis le transfert, l’équipe est devenue la deuxième meilleure défense de la ligue, avec 100.4 points encaissés sur 100 possessions !
Comment expliquer un tel changement suite au départ de Jimmy Butler et à l’arrivée de Robert Covington ? L’ambiance joue forcément un rôle, car dans un basket où la défense est une chaîne aussi solide que le maillon le plus faible, comme le dit l’adage, il est impossible d’être efficace quand les joueurs ne s’apprécient pas et ne se font pas confiance. Jimmy Butler a beau être un très bon défenseur de un-contre-un, il ne défendait pas en liaison avec Andrew Wiggins et surtout Karl-Anthony Towns.
« Je donne l’exemple, et c’est très contagieux »
Là où les Wolves se pointaient du doigt à chaque oubli ou rotation ratée, Robert Covington multiplie les signes d’encouragement lors de chaque réussite défensive. Et c’est visiblement ce qui marche à Minneapolis.
« Un gars comme moi, qui mise là-dessus, s’assure que tout le monde est investi », décrit-il ainsi. « Je donne l’exemple, et c’est très contagieux. On peut voir que certains gars ont déjà élevé leur niveau. C’est l’impact, l’influence positive, que je veux avoir sur cette équipe. C’est unique de voir la vitesse avec laquelle on a créé notre alchimie. »
En tout cas, Robert Covington fait la joie de Tom Thibodeau, le coach ne tarissant pas d’éloge sur son nouveau joueur. Lors de la large victoire face aux Spurs, l’entraîneur n’en croyait pas ses yeux, lorsqu’il a vu le plus/minus de +44 de son joueur…
« Je ne sais pas si j’ai déjà vu ça », expliquait-il. « Ça en dit long sur ce qu’il fait sur le terrain, sur son impact. »
Cet impact demande un peu d’attention. Car en attaque, Robert Covington perd pas mal de ballons et son adresse est toujours fluctuante. Mais en défense, ses instincts sont très impressionnants, comme le montre cette séquence sur Kyle Korver.
On le voit ainsi multipliers les changements, éviter d’être pris par un écran et finalement provoquer une perte de balle…
Meilleur intercepteur de NBA avec 2.3 « steals » par match, Robert Covington est également excellent dans l’aide, et c’est sans doute là qu’il fait la différence, par rapport à Jimmy Butler, pour les Wolves. Dans la NBA actuelle, où le jeu très étiré se base sur le pick-and-roll, les joueurs capables dé gérer le côté faible (Kawhi Leonard, Andre Roberson, P.J. Tucker…) et de venir en aide au bon moment dans la peinture, tout en surveillant donc les shooteurs, sont extrêmement précieux en défense.
« Il a un instinct incroyable pour lire le ballon et anticiper
« Il a un instinct incroyable pour lire le ballon et anticiper », explique Tom Thibodeau. « Souvent, quand les joueurs attaquent en dribble, ils lèvent le ballon pour le contrôler, et l’exposent. Il arrive à sentir ce moment et à voir la position du ballon. »
On le voit ainsi sur ce pick-and-roll classique entre Mike Conley et Marc Gasol, les autres Grizzlies s’étant écartés pour leur offrir de l’espace pour travailler. Au bon moment, le Wolf surgit par derrière et intercepte.
Leader au niveau des interceptions mais aussi au niveau des ballons déviés (86 depuis le début de saison), Robert Covington sent ainsi très bien quand lâcher son propre joueur pour venir mettre la main sur le ballon, lorsque l’attaquant adverse reçoit la balle dans la raquette, ou même lorsqu’il attaque la défense sur le dribble.
Des risques dans l’aide défensive… mais qui créent peu de déséquilibres
Il peut ainsi venir contrer ou empêcher un adversaire de monter le ballon dans la raquette, en aidant depuis l’opposé.
Cet art de l’interception et de la déviation n’est pas forcément très spectaculaire, mais il aide toute l’équipe, non seulement pour voler des ballons mais aussi pour retarder des shoots, permettre à un coéquipier de revenir sur un joueur démarqué et ainsi forcer les adversaires à prendre des tirs plus compliqués et mieux défendus, comme le notait Cleaning The Glass.
Pour comprendre cette stat sur le passage de Minnesota de la 29e à la 2e défense, il faut donc prendre en compte tous ces facteurs, le fait que les joueurs de Tom Thibodeau se font désormais confiance et que l’apport de Robert Covington, tant sur l’homme qu’en aide, est précieux. D’autant que la plus grande force de l’ailier est peut-être que s’il prend souvent des risques pour venir aider ses camarades, ces choix mettent très rarement en danger la défense dans son ensemble.
Être capable de tenir son joueur en un-contre-un tout en venant aider au moment opportun pour dévier les ballons et gêner les adversaires, sans créer trop de failles, ce ne sont pas des capacités très répandues. C’est même extrêmement rare.