Basketball Inside The Bay – ma soirée à l’Oracle Arena

Après nous avoir emmenés dans les coulisses de l’ARCO Arena puis de l’université de Stanford, notre photographe Thomas Savoja vous propose de finir l’année du côté d’Oakland, dans l’antre des Warriors.

Au menu de cette soirée de novembre, la visite des Nuggets de Carmelo Anthony.

De l’autre côté du Bay Bridge, dans une zone industrielle du conté d’Alameda à Oakland se dresse l’Oracle Arena où évoluent les Warriors de Golden State.

L’endroit à la particularité d’abriter trois franchises professionnelles puisque le McAfee Coliseum attenant à l’enceinte héberge l’équipe de Major League Baseball des Athletics ainsi que les fameux Raiders dans la National Football League. Les habitants d’Oakland ont donc un large choix en matière de sport professionnel et les attentes n’en sont que plus relevées. La ville d’Oakland qui s’est largement développée dans les années 70 grâce à l’explosion de son activité portuaire (c’est désormais le troisième port du pays) n’a pas la réputation flatteuse de sa voisine San Francisco.

Au sud ouest de la ville, la « killing zone » est un triste concentré de misère et de trafics en tout genre qui place l’agglomération dans le peloton de tête en termes de criminalité. Même si le centre-ville a connu une salutaire cure de jouvence ces dernières années, la ville natale de Jack London se cherche encore une identité. Sa franchise NBA reste donc une vitrine hors norme pour Oakland bien qu’elle ne porte pas son nom, « Golden State » ayant semblé plus glamour aux pros du marketing lorsque le club quitta San Francisco dans les années 70.

Le BART, le réseau de transport en commun de la Bay Area dessert parfaitement l’enceinte, mais j’ai choisi de m’y rendre en voiture. Il faut dire que le gigantesque parking fait 10 000 places, je devrais donc trouver de quoi me garer ! Sous l’impulsion des nouveaux propriétaires, les patrons du groupe Mandalay Entertainment qui ont raflé la franchise cet été pour la somme record de 450 millions de dollars, les Warriors amorcent cette saison un retour aux sources en termes d’image et de valeurs. Outre le nouvel uniforme aux couleurs originelles Bleu et Or et le nouveau logo qui mise sur le symbole fédérateur du Golden Gate Bridge, les Californiens ont un nouveau coach depuis le remerciement fin septembre de Don Nelson et la promotion de son assistant Keith Smart. Exit le bon vieux « Run & Gun » mais il va falloir clairement patienter pour retrouver les Playoff et cette saison s’annonce comme une énième période de transition. Pas de quoi décourager les fans si j’en crois l’affluence aux alentours du complexe.

Ce soir, les Nuggets de Denver sont en déplacement en Californie du Nord et quand la bande à « Melo » débarque en ville, on peut s’attendre à du spectacle. Il est 18h et l’obscurité est déjà intense lorsque je quitte mon véhicule avec mon matériel photo sur le dos. Je suis pris d’un doute quand des clameurs retentissent de l’Arena. Comme bon nombre de véhicules occupent déjà le parking, je me demande si le match n’est pas déjà commencé et si je ne me serais pas emmêlé avec les horaires. Fausse alerte : il ne s’agit que de haut-parleurs à l’extérieur de l’enceinte qui reproduisent les sons d’un match comme si on y était.

L’Arena et son architecture d’inspiration antique scintille de milles feux aux couleurs de son sponsor, un géant de l’informatique. A l’entrée principale, un cerbère m’interdit l’accès au Fan Shop à cause de mon énorme sac à dos ! Dommage car j’aime vraiment bien les nouvelles couleurs de la franchise et ses produits dérivés. Il ne me reste plus qu’à faire le tour de l’enceinte pour repérer l’entrée de sécurité.

Déjà plus de 40 saisons que les Warriors évoluent dans cette salle : elle a subi avec succès une série de liftings efficaces et ne fait clairement pas son âge ! Avec ses 19.800 places, c’est à mon sens l’une des enceintes les plus agréables de la Ligue. Alors que les fans déambulent dans les coursives sodas et burgers plein les bras, je me délecte en salle de presse d’un savoureux Sandwich au chili (et oui ça existe) avant de prendre connaissance de ma position sur le terrain. Un petit carton à mon nom est collé sur le sol à l’endroit où je serai habilité à shooter à deux pas du banc des Nuggets.

Les journalistes de Comcast SportsNet (CSN), le réseau local qui retransmet en direct l’ensemble des rencontres des Warriors s’activent déjà sur le parquet pour rôder leur prise d’antenne. Le public est plus « branché » qu’à Sacramento il y a quelques jours et l’affluence est au rendez vous comme à chaque rencontre à domicile des Californiens (95% d’occupation moyenne). Je jette un coup d’œil attentif au tout nouveau parquet de l’enceinte inauguré cette saison pour coller à la nouvelle identité visuelle de la franchise. Plutôt réussi à mon sens ! La nostalgie de l’époque TMC (Tim Hardaway – Mich Richmond – Chris Mullin) n’en reste pas moins présente au regard des maillots vintages arborés par bon nombre de fans.

Sur la parquet, les hostilités viennent de débuter et c’est un duel de tatoués entre Monte Ellis et Chris « The Birdman » Andersen, ce dernier ayant pris une longueur d’avance au niveau capillaire. Ce gars et sa crête, c’est du pain béni pour les photographe. Sa grande carcasse bariolée lui donne des allures d’albatros aussi nonchalant d’apparence qu’adepte des basses besognes.

Carmelo Anthony qu’on annonce partant depuis plusieurs semaines a le sourire carnassier de celui qui veut imprimer sa marque et la défense des Warriors est au supplice. Il enchaîne pénétration et « jump shoots » avec une aisance déconcertante. JR Smith n’est pas mal dans le genre virevoltant et déjanté. Sorti du banc tel un diable de sa boite, il fait des misères à Monta Ellis. En face, le pivot letton Andris Biedrins et le meneur de poche Stephen Curry ont des allures de premiers de la classe tout comme la coqueluche du public le dynamique Jeremy Lin venu tout droit de Harvard qui outre le fait d’être le premier Americano-Taiwanais a évoluer dans la Ligue, tente en permanence de repousser ses limites par une application parfois excessive. Malgré les encouragements fournis des fans lors de son entrée en jeu, il ne pourra éviter plusieurs pertes de balle. Les mauvais élèves venus du Colorado donnent donc la fessée à des Warriors dépassés en adresse et en intensité.

Coach Karl demande un temps mort ! Un gang de dunkers fous a pris possession du parquet. Ils exercent leur art par l’entremise de trampolines ce qui transforme l’exercice en un ballet de haute volée. Puis les Warrior Girls entrent dans l’arène pour une chorégraphie explosive agrémentée d’œillades et de déhanchements suggestifs.

Pour ma part je m’éclate côté photo et jongle avec mes objectifs et mes boîtiers comme Ty Lawson avec la balle Orange au risque de rendre chèvre son vis-à-vis d’un soir. Le préposé aux équipements des Nuggets n’a rien trouvé de mieux que de stocker ses serviettes et autres survêtements juste à mes pieds ce qui me vaut de recevoir quelques projectiles humectés de sueur entre deux actions !

Pour animer les temps morts, le maître de cérémonie est un rasta à Ray Ban qui a un vrai talent pour chauffer le public en dépit de la performance en demi-teinte des locaux. La distribution de tee-shirts promise aux fans les plus démonstratifs semble révéler quelques vocations dans les gradins.

La soirée a un parfum particulier pour moi puisque je prends pour l’occasion une année de plus et qu’à défaut de champagne, je savoure la perf’ d’un Carmelo Anthony des grands soirs qui affole les compteurs en passant 39 points aux Warriors !

Denver s’impose donc 106-89 et je savoure l’instant en restant quelques minutes sur le parquet à observer Harrington répondre aux journalistes avec la satisfaction du devoir accompli.

Je peux désormais regagner en toute quiétude dans la nuit mon hôtel au centre de Frisco avec une envie décuplée de couvrir de nouvelles rencontres NBA tant le plaisir fut au rendez vous.

Toutes les photos de Thomas sont disponibles sur cette page.