Billy Dononvan ne serait-il pas en train de réaliser un petit exploit ? Alors que la dynamique du Thunder est clairement ascendante malgré un récent revers face à Sacramento, le head coach d’OKC a réussi à modifier le jeu de son équipe en essayant de faire en sorte d’être moins tributaire de Russell Westbrook.
Sur le papier, le défi semblait pourtant immense tant le profil de son meneur de jeu hyperactif semblait le contraindre à un jeu plutôt stéréotypé. Même si le rôle de ce dernier reste quasi intact (24.8 points, 8.9 rebonds, 8.6 passes décisives par match), avec le temps et la prise de confiance d’autres créateurs de talent, le Thunder peut maintenant se targuer d’avoir une menace plus diversifiée, ce qui rend son attaque d’autant plus compliquée à appréhender.
« On a plus de créateurs »
« Je ne crois pas que les gens comprennent à quel point Russell est un joueur unique. Le but étant de trouver un bon tir, il a cette capacité balle en main de trouver directement un joueur complètement ouvert et on veut utiliser ça. Mais bien entendu, il y a des fois où le tir n’est plus ouvert. Est-ce que ce joueur qui a reçu le ballon peut enclencher une nouvelle action ? Quelqu’un peut-il créer une autre rotation, générer une autre aide ou un nouveau tir ? »
Voilà de manière assez basique la vision de l’attaque de Billy Donovan. L’initiative de la création revient d’abord à Russell Westbrook. Les trois quarts du temps, le numéro 0 trouvera une brèche, soit pour finir au cercle, bloquer ses appuis pour faire mouche à mi-distance, servir un grand pour un panier ouvert ou bien ressortir pour un des ses artilleurs derrière l’arc. Lorsque cette première arme est usée, il en revient alors aux autres de se mettre en valeur.
Pour essayer de créer de nouveaux espaces, Russell Westbrook peut alors compter sur d’autres playmakers. Paul George s’est révélé être une nouvelle menace de choix alors qu’il retrouve petit à petit son meilleur niveau. Dennis Schroder est une autre option, l’ex-meneur des Hawks ayant la capacité d’éliminer son vis-à-vis et provoquer des décalages.
« C’est Russ qui veut que l’on soit davantage impliqué à faire le jeu. Russ n’est pas un joueur de stats. Il veut qu’on l’aide à créer, il veut que le jeu soit ouvert à tous, on peut le voir. On le voit avec moi, mais aussi avec Dennis qui peut aussi créer », assure ainsi Paul George dont les statistiques en hausse changent la donne (24.3 points, 8 rebonds, 4.3 passes décisives), lui qui a déjà atteint les cinq passes décisives ou plus sur 8 de ses 16 matchs disputés. « C’est juste qu’on a plus de créateurs », poursuit-il. « Ça enlève un peu de pression à chacun de nous quand plusieurs joueurs peuvent faire la différence à différentes positions. Et quand je peux avoir deux meneurs qui peuvent le faire, ça me rend la tâche plus facile aussi ».
Chacun sa part du gâteau?
Dans les chiffres, la différence n’est pas encore immense. Mais la tendance semble bien enclenchée. Déjà, Oklahoma City a meilleure mine lorsque Russell Westbrook est sur le flanc, comme ça a parfois été le cas en ce début d’exercice (5 victoires et 3 défaites sans lui cette saison). Sur les fins de match notamment, la façon dont ses coéquipiers gèrent les affaires courantes (à New Orleans par exemple ou plus récemment contre Phoenix) est impressionnante et signe de confiance.
D’après les stats avancées de NBA.com, Russell Westbrook a le ballon moins longtemps en main (de 9.1 secondes par possession la saison passée à 7.0 cette année par attaque, soit 12 touches de moins en moyenne par match). Le nombre de passes décisives du « franchise player » du Thunder est également en légère baisse (10.4 ces trois dernières saisons, 8.6 jusqu’à présent en 2018-2019) et surtout, celui de ses coéquipiers est en hausse. C’est notamment le cas pour Paul George, Jerami Grand ou encore Steven Adams.
L’arrivée d’un joueur comme Dennis Schroder, avec qui il est parfois aligné en fin de match, participe aussi à cette évolution.
« Plus il y a de joueurs en capacité de passer le ballon, de créer ou de faciliter une action et mener à un bon tir, mieux c’est. Ça aide Russell, Paul, Dennis… ça aide toute notre équipe. »
Cette nouvelle façon de voir le choses est globalement bénéfique sur le plan collectif, Alex Abrines rappelant en début de saison qu’il est compliqué pour les « role players » de faire les efforts, notamment défensifs, quand le ballon est monopolisé en attaque et que le cuir ne bouge pas. La défaite à Sacramento pour son retour aux affaires a rappelé que le chemin vers ce nouveau style ne se ferait pas sans embûches, mais OKC et son chef d’orchestre semblent assurément sur la bonne voie.