Le MVP de la nuit : Stephen Curry, la réponse du chef

Pendant les dix premiers quart-temps de la finale de conférence Ouest entre les Rockets et les Warriors, la défense de Houston avait réussi l’impensable, rendre Stephen Curry humain à 3 sur 20 à 3-points. Et puis la troisième période du Game 3 est arrivée. Curry a continué d’attaquer le cercle, se jouant de Chris Paul pour un 2+1, avant de convertir un tir à dix mètres. Ce n’était alors que son deuxième 3-points de la rencontre sur huit tentatives mais à en juger par la réaction de Mike D’Antoni, ce tir là n’était pas comme les autres. Il avait raison.

« C’était une avalanche après ça, » commente nonchalamment le double MVP, et les Rockets n’ont rien pu faire pour l’éviter. Curry va marquer 18 des 34 points des Warriors dans ce troisième quart-temps. Le tout à 7 sur 7 dans la période, et il finira la rencontre à 35 unités, dont 26 après la pause à 10 sur 12 aux tirs et 4 sur 5 à 3-points.

« J’étais frustré car en première mi-temps j’ai joué avec de bonnes intentions et j’ai eu cinq tirs grands ouverts que j’ai ratés, » explique Curry. « J’ai continué à chercher des ouvertures, j’ai réussi à avoir ce 2+1 sur la première action du troisième quart-temps et ça m’a permis de voir la balle transpercer le filet. Après ça, j’étais juste au bon endroit au bon moment, et j’ai mis beaucoup de tirs. »

Comme l’a fait remarquer Steve Kerr entre les matchs 2 et 3, l’Oracle Arena tire le meilleur de Stephen Curry. Alors que le chouchou de la Baie retrouvait son mojo et clamait haut et fort  « c’est ma putain de maison ! », la Dub Nation avait les yeux rivés sur lui, prête à exploser à chaque action d’éclat et à faire au passage déjouer les hommes en rouges.

« Ses tirs réussis lui donnent encore plus de confiance mais ça nous en donne aussi collectivement »

Pour Draymond Green, si Curry peut exploser à tout moment et dans n’importe quelle salle, le faire à domicile a toujours plus d’impact.

« Quand il marque ce genre de tir à 3-points, c’est similaire à un gros dunk pour d’autres équipes, » compare-t-il. « Vous jouez dans certaines salles, un joueur claque un dunk et leurs fans s’enflamment. C’est l’effet que les 3-points de Steph ont ici. »

Curry fait donc exploser l’Oracle et cette énergie se propage chez ses coéquipiers.

« Vous pouvez ressentir les vibrations de la salle et l’énergie qui en découle, » décrit Shaun Livingston. « C’est contagieux, même les coaches le ressentent parce que nous sommes comme des dingues sur le banc. Ses tirs réussis lui donnent encore plus de confiance mais ça nous en donne aussi collectivement. »

Outre l’adresse de leur meneur, c’est également sa défense qui a mis les Warriors sur de bons rails. Selon ESPN, en première mi-temps, sur neuf isolations face à lui, les Rockets n’ont tiré qu’à 20% aux tirs et ont perdu un ballon. Si on a tendance à résumer l’influence de Curry à son scoring, Klay Thompson aime rappeler que son Splash Brother est beaucoup plus complet qu’on ne le pense.

« C’est facile de le voir rater quelques tirs et dire que quelque chose ne va pas mais il fait tellement de choses sur le terrain pour nous… Il contrôle le tempo, il prend des rebonds, il crée pour nous tous, et il défend, » énumère Thompson.

Un autre aspect souvent sous-estimé chez Curry est sa capacité à faire abstraction du bruit qui l’entoure pour pouvoir rebondir de façon aussi spectaculaire. « Depuis quatre jours, tout le monde le critiquait, » rappelle Steve Kerr, et au lieu de céder sous la pression, il a élevé son niveau de jeu.

« Plus qu’autre chose, sa force mentale le définit mais sa dureté physique est aussi sous-estimée, » explique Draymond Green.  « C’est l’un des plus grands compétiteurs que je connaisse mais son mental… c’est ce qui fait la différence. Vous ne pouvez pas être un grand scoreur, grand shooteur sans un mental d’acier. C’était important ce soir car il a commencé à 1 sur 7 à 3-points et il a quand même réussi à inverser la tendance. »

Et si vous vous demandez, comment Stephen Curry ignore les caméras et les questions sur ses contre-performances pendant trois jours ? La réponse est simple. Le plus grand fan de Stephen Curry est Stephen Curry.

« Vous devez être votre critique le plus acerbe mais aussi votre plus grand supporter parfois et malgré toutes les questions auxquelles j’ai dû répondre lors des derniers jours, personne n’attend plus de moi que moi-même, » dit-il. « Ce soir, j’ai fait mon boulot mais je dois remettre le couvercle. »

Propos recueillis à Oakland.