Marcelo Huertas ne laissera pas une trace indélébile dans l’histoire des Lakers. En une saison et demie, et seulement 76 matchs, le meneur de jeu a compilé 3.9 points et 3.1 passes en moins de 15 minutes par rencontre. Il faut dire que le Brésilien a débarqué à L.A. au plus mauvais moment : une reconstruction perturbée par la tournée d’adieu de Kobe Bryant.
« L’équipe n’avait aucun but, aucun objectif » rappelle-t-il au média brésilien UOL. « Kobe ne jouait plus très bien, il ne pouvait pas porter l’équipe sur son dos, et les jeunes qui devaient avoir des rôles plus importants n’ont pas pu prendre sa suite. »
Le joueur raconte ensuite ce moment où Byron Scott et Mitch Kupchak lui expliquent qu’il compte sur lui à la fin de cette saison pour rien. Puis Luke Walton arrive, et promet au meneur une belle place dans sa rotation, pour que celui-ci reste à Los Angeles. Mais Brandon Ingram est drafté et chamboule ce roster : avec Nick Young, Luol Deng, Jordan Clakson ou Lou Williams sur les extérieurs, le club fait du rookie son meneur de jeu remplaçant…
« Ils l’ont fait alors qu’il n’avait pas la moindre notion du poste » poursuit-il. « Il était extrêmement timide sur le parquet, je pense que ça sa voyait vraiment. Notre équipe avait tort sur ce point. D’Angelo Russell est un meneur mais plus scoreur qu’organisateur. Le gars qui sortait du banc devait rentrer et contrôler le jeu parce que les mauvais tirs s’enchaînaient. On a souvent vu les matchs tourner au vinaigre en cinq minutes. Il fallait quelqu’un pour contrôler le rythme. Calderon et moi étions touchés. Tout ça pour qu’Ingram quitte le banc et joue. »
« Ils m’ont encore menti »
En décembre, Luke Walton fait amende honorable et promet de lui donner sa chance, mais celle-ci n’arrive jamais. Et ce à cause d’un problème de hiérarchie qui exaspère le joueur.
« Je me tuais à l’entraînement. Ça allait, je pensais avoir ma chance, mais il n’y avait pas de place. Et quand il y en avait, c’était toujours Calderon qui jouait. On ne dirait pas, mais il y a une très forte hiérarchie en NBA. Ça m’ennuyait beaucoup. Je n’avais pas ma chance et j’étais laissé de côté. Ça m’ennuyait. »
Énervé, Marcelo Huertas pose un ultimatum à sa franchise en février : « Si vous ne comptez pas sur moi, trouvez moi un moyen de me faire partir d’ici la trade deadline ». Il est transféré à Houston cinq minutes avant cette limite. Magic Johnson et Luke Walton le mettent au courant et lui assurent que Mike d’Antoni compte sur lui pour les playoffs. Mais…
« Je parle à mon agent qui me dit que les Rockets vont me couper. Magic m’avait dit qu’ils voulaient me garder mais que Houston avait changé d’avis pour prendre un pivot. Je dis « C’est sérieux ? ». Ils m’ont encore menti. Encore. »
« En NBA, les joueurs sont des bébés »
Et puisqu’il n’est plus à une vérité près, le joueur de 34 ans en profite pour dire ce qu’il pense du fonctionnement d’un vestiaire en NBA, comparé à ce que l’actuel meneur de Baskonia connaît en Europe.
« Il n’y aurait pas tout ce que j’ai vu en NBA » assure-t-il. « Jamais au grand jamais. En terme d’engagement, de responsabilité, même de respect. En NBA, les joueurs sont des bébés. Tout le monde a peur des athlètes. En Europe, il n’y a pas ça. Si tu franchis la ligne jaune, tu es puni sportivement et financièrement, mis à l’écart, suspendu. Ça n’existe pas en NBA. J’ai vu des trucs et je me suis dit « c’est pas possible ». Mais, naïvement peut-être, j’ai cru que ça allait changer. Je me suis beaucoup entraîné, vraiment beaucoup. Je restais tard, je faisais du travail spécifique, j’aidais les plus jeunes. Tout ce qu’on peut imaginer, je le faisais. Si j’avais été en Europe, j’aurais joué. »
Mais pas à Los Angeles. Tout au long de cette interview, le meneur répète qu’il ne regrette pas d’avoir tenté sa chance dans la grande ligue et rappelle, fort justement, qu’il est important « d’être au bon endroit au bon moment ».
« Malheureusement, je ne suis pas tombé dans la bonne équipe. »