Véritable révélation de la Pro A, Elie Okobo (1m87, 19 ans), jeune élément de Pau-Lacq-Orthez, a effectué durant deux semaines des workout au sein de franchises NBA. Après réflexion avec son agent, le jeune Palois a décidé de retirer son nom de la draft 2017. Basket USA est allé à sa rencontre à la suite de son séjour du côté du pays de l’Oncle Sam.
Elie, après différents essais, vous avez décidé de retirer votre nom pour la draft 2017. Pourquoi avoir pris cette décision?
Je n’avais aucune assurance d’être drafté au premier tour. C’était mes premiers workout, J’y allais dans le but de me faire connaître auprès des scouts mais aussi des franchises. J’ai pu durant ces deux semaines m’apercevoir comment était le monde de la NBA, comment se déroulait un workout et surtout m’étalonner face à des joueurs américains de mon âge. C’est une super expérience. Mais il n’a jamais été question que je laisse mon nom cette année.
Las Vegas, Utah, Philadelphie, Brooklyn, Atlanta…
Quel a été votre programme durant ces deux semaines passées aux Etats Unis ?
J’ai tout d’abord commencé par un workout à Las Vegas. Durant seot jours, tu as deux sessions d’entrainement assez intenses. Très proche de ce que j’allais faire durant les workout au sein des franchises NBA. J’avais pas joué depuis assez longtemps à cause d’une blessure (ndlr : il s’est fracturé le pied lors de la Leaders Cup) et ça m’a permis de prendre confiance et d’être prêt avant d’aller dans différentes franchises choisies avec soin avec mon agent. Puis un jour, lors d’une session il y avait différents scouts et des entraineurs de franchises NBA. Les sept jours du côté de Las Vegas ont été très importants et j’ai pu m’entrainer avec un jeune joueur comme Jonathan Isaac, annoncé dans le Top 10 de cette draft et appelé à être un futur grand nom de la NBA. Puis je suis allé à Utah, Philadelphie, Brooklyn et Atlanta.
Comment se déroule un workout au sein d’une franchise NBA?
Dès 7 heures du matin, on vient te chercher à l’hôtel. Tu déjeunes à la salle, tu te mets en tenue, tu fais pleins de tests physiques comme lors de la Draft Combine. Puis tu commences le workout, tu fais du travail individuel puis des matchs. A la fin de l’entrainement, tu passes devant les médias. Le passage devant les médias est très bénéfique pour nous les jeunes. Cela te permet de te préparer et surtout d’apprendre à comment t’exprimer devant la presse, chose très importante aux Etats Unis. La première fois que je me suis présenté face aux médias, ça été assez bizarre en effet. Tu es debout devant des flashs, des micros et tu dois répondre à plein de questions en anglais sans hésiter. Ça permet aux médias et donc aux gens qui suivent la NBA de te connaitre un peu mieux. Puis tu prends ta douche, tu fais des soins si tu as besoin et après un repas à la salle, tu as un entretien avec le staff de la franchise.
« Joel Embiid est impressionnant, il ne se prend pas la tête »
Pourquoi avez-vous choisi ces franchises en particulier ?
Cela a été une réflexion avec mon agent. On a eu quelques contacts avec ces franchises, elles pouvaient être intéressées par ma façon de jouer, par mon style de jeu.
Vous avez pu rencontrer des joueurs NBA ?
Oui, à Utah, j’ai vu George Hill. Mais le plus impressionnant c’est Joel Embiid. Honnêtement il est incroyable. En plus d’être un monstre physiquement, il est très gentil, ne se prend pas la tête alors que c’est une star NBA. J’ai adoré échanger avec lui. Puis j’ai pu aussi parler avec Timothé Luwawu. Un échange très enrichissant.
Comme vous, il a été découvert plutôt sur le tard…
Oui et je lui ai donc demandé des conseils. Comme Joel c’est un très bon gars. Après un an à Mega Leks, il a été drafté assez haut l’an dernier. Je lui demandé comment s’est déroulée son année, la vie ici à Philadelphie dans une franchise NBA qui ne cesse de monter. Il m’a donné pleins de bons conseils, il m’a expliqué le « process » (rires).
« Un jour, je veux devenir un joueur français évoluant dans la grande ligue »
A Brooklyn, vous avez pu discuter en français ?
Oui, le coach est passé par le Paris-Levallois et il parle bien français. C’est toujours assez plaisant de parler français. Il me connaissait un peu et c’est donc assez sympa de savoir qu’un staff NBA connaît ton nom et ta façon de jouer. C’est une franchise qui a un très bon réseau européen. Ils ont donc suivi ma saison et mes performances notamment en Fiba Europe Cup. Puis le cadre de travail là bas est fantastique. La salle d’entrainement est splendide, avec une vue magnifique. J’ai beaucoup aimé mon séjour à Brooklyn.
Quand vous dites que vous souhaitez rejoindre une franchise NBA dès l’an prochain, n’avez-vous pas peur que ça soit perçu comme de la prétention?
Les gens peuvent l’interpréter comme ils le veulent. Mais ce n’est pas de la prétention, juste de l’ambition et de la motivation. Je sais que la marche pour rejoindre la NBA est haute mais j’ai confiance en moi et en mes capacités. Je sais que je dois travailler, être bon tout au long de la saison à Pau et ensuite si je fais tout mon possible, alors il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas. Je suis très motivé et je le répète, je vais tout donner pour y arriver. Après ça passe ou ça casse. Mais quand tu vois que pendant les work out tu prends du plaisir, que tu arrives à dominer des joueurs de ton âge ça décuple encore plus ta motivation. Aujourd’hui, j’ai vraiment envie d’aller là bas, d’en faire mon métier et d’être un jour, considéré comme un joueur français évoluant dans la grande ligue.
Cela doit être une véritable fierté de pouvoir vivre durant quelques jours comme un joueur NBA?
Oui c’est un peu le résultat d’un travail de longue haleine. J’ai travaillé dur pour y arriver et ça prouve bien que quand tu te donnes les moyens alors tu peux réaliser de belles choses. C’est une fierté de pouvoir évoluer devant des membres de staff NBA, devant des joueurs phares de la franchise. Ça me donne envie de continuer, pour pouvoir un jour être un joueur de cette ligue. J’ai beaucoup appris durant mon séjour au Etats Unis.
Avez-vous pensé à ne pas retirer votre nom quand Atlanta ou Brooklyn vous promettaient de vous drafter au second tour ?
J’aurais pu, mais ce n’était pas la bonne option. Comme je l’ai dit auparavant, je n’ai reçu aucune garantie. J’ai encore 2 ans pour laisser mon nom, et je dois prendre mon temps et quand mon heure arrivera, je ferai en sorte de répondre présent. Maintenant je sais que l’an prochain, je vais être suivi par des scouts, que mes performances seront davantage regardées et ça ajoute une petite pression mais aussi de la motivation. Je dois continuer à jouer comme je sais le faire, continuer à travailler dur et à progresser au quotidien.
Justement à Atlanta, vous avez retrouvé Alpha Kaba, formé comme vous à l’Elan Béarnais…
Alpha c’est mon gars. C’est super de pouvoir le retrouver là bas aux Etats Unis. On était dans le même hôtel, dans la même équipe. Donc il y a de la complicité sur mais aussi en dehors du terrain. Ça prouve que l’on a bien travaillé durant notre formation à Pau. J’espère qu’il va être drafté, il le mérite, il travaille dur pour ça. Je serais à fond derrière lui jeudi soir.
Vous espérez donc le retrouver et jouer contre lui dans deux ans ?
Oui, ça serait génial. C’est un rêve qui se réaliserait. Ce rêve dont on parle depuis tout jeune quand on était ensemble à Pau…
Propos recueillis à Pau