Auteur de son premier double double en carrière au bout de onze matchs, Ivica Zubac a récolté mercredi son plus grand total de minutes, et s’il a un peu vendangé près du cercle (5/15 aux tirs), le rookie croate des Lakers a tout de même fini avec un nouveau double double (12 points, 10 rebonds, 3 contres) à Portland. La nuit dernière, face à Rudy Gobert, rebelote : 16 pts et 10 rbds en 26 minutes !
Immense du haut de ses 2m16, Ivica Zubac peut néanmoins bouger avec beaucoup de facilité pour un joueur de son gabarit. Surprenant de précocité, le prodige croate revient avec BasketUSA sur son début de saison chez les Lakers, sa relation avec Luke Walton et ses ambitions élevées avec l’équipe nationale croate… dont une génération 97 qui devrait faire parler d’elle avec Dragan Bender et Ante Zizic.
« J’ai perdu pas mal de kilos déjà »
Ivica, vous avez beaucoup joué soir face aux Blazers (28 minutes, record de saison), et des minutes importantes quand le match se jouait…
« C’est ce que chaque joueur recherche. On veut tous jouer les matchs quand ils sont disputés. C’est de l’expérience que j’emmagasine.
Vous terminez ce match avec un beau double double, le deuxième de votre jeune carrière : 12 points (5/15 aux tirs), 10 rebonds, 3 contres, 2 passes et 4 balles perdues, quelle évaluation faites-vous de votre prestation contre Portland ?
« Je dois mieux finir mes shoots près du cercle, être présent défensivement et poser de meilleurs écrans. Je dois aussi être plus présent dans l’aide défensive. »
Vous n’aviez jamais joué autant de minutes en NBA (28), comment vous sentez-vous physiquement ?
« Je me sens bien. J’ai beaucoup bossé sur ma condition physique. J’ai perdu pas mal de kilos, simplement en m’entraînant et en mangeant mieux. C’est un des aspects les plus importants pour moi mais je sens que je peux jouer de plus en plus. Peu importe ce que le coach va me demander, si c’est 5 minutes ou 25 minutes, je suis prêt à jouer et à me donner à 100%. »
Vous venez d’arriver en NBA, n’est-ce pas dingue de croiser le fer face à des joueurs que vous regardiez à la télé, ou avec lesquels vous jouiez sur console, il y a deux ans à peine ?
« Oui, c’est assez fou quand on y pense. C’est comme quand j’ai joué face à Dirk Nowitzki. Il m’a demandé : comment ça va jeune homme. J’ai dit que j’allais bien et je lui ai retourné la question. Il a simplement dit qu’il se sentait vieux. Et je lui ai dit : je sais, quand j’étais gamin, je regardais beaucoup de vos matchs. Il a souri et m’a dit que c’était bien. C’est une sensation assez incroyable de jouer contre ces gars qui vous font rêver et vous ont donné envie de jouer. »
« Luke Walton ? Plus un coéquipier qu’un coach ! »
Quels sont les joueurs que vous regardiez pour vous inspirer un peu ? Qui sont vos modèles en somme ?
« Le premier pivot que j’ai vraiment regardé jouer, c’est Hakeem Olajuwon. Et puis, plus récemment, je dirais ces deux dernières années, je regarde beaucoup Marc Gasol. Beaucoup de gens me comparent avec lui, donc je voulais savoir pourquoi. Et puis, j’ai rapidement compris que je pourrais utiliser une grande majorité des mouvements qu’il réalise. »
Dans quels domaines souhaitez-vous encore vous améliorer pour gagner encore en temps de jeu ?
« Ce qui va me permettre de rester sur le terrain, c’est la défense. Et j’en suis bien conscient. Je sais que je dois encore m’améliorer en défense, sur la couverture du pick & roll, les rebonds, la protection du cercle. »
Comment ça se passe entre vous et coach Walton ?
« Il est super. Franchement, on a plus l’impression que c’est un coéquipier que notre coach ! Il est très cool. Il sait exactement ce que c’est que d’être joueur en NBA, et pour les Lakers. Il nous aide énormément. C’est le coach idéal pour nous à ce stade [de notre développement, ndlr]. »
Vous avez surpris beaucoup de monde, y compris Luke Walton, lors de la dernière ligue d’été. Avez-vous également été surpris par vos performances ?
« Non. Je faisais simplement ce que je sais que je peux faire. Je pensais que la ligue d’été serait plus difficile que ça mais c’était plutôt facile. J’ai fait ce que je suis capable de faire bien. Je me suis senti à l’aise directement et j’ai pu jouer mon jeu. »
Qui est votre mentor ? On penche pour Timofey Mozgov, comme vous, un pivot qui a joué en Europe d’abord… Avez-vous une relation privilégiée avec Mozgov ?
« Timo m’aide énormément. Il sait ce que c’est de venir jouer en NBA en provenance d’Europe. C’est sa septième saison donc il a déjà beaucoup d’expérience. Il connaît tous les joueurs et ce qu’ils aiment faire. A chaque fois que j’entre en jeu, il me donne des conseils sur comment défendre sur tel ou tel gars selon leurs préférences. Même aux entraînements, ça m’aide beaucoup de jouer contre lui chaque jour. Il est un très bon mentor pour moi. »
Les 97, une génération dorée pour la Croatie ?
Vous avez beaucoup de surnoms, lequel préférez-vous ?
« Je préfère le tout premier : Zubloca. Il y en a beaucoup trop [rires] ! En fait, chaque gars dans l’équipe a son propre sobriquet pour m’appeler, donc ça change tout le temps. »
Cela veut-il dire que vous préférez plutôt le contre au dunk ?
« C’est à peu près la même chose pour moi. Ça dépend de la situation en fait. Parfois, je préfère placer un bon contre. Mais un gros dunk peut aussi être bien sympa ! »
Vous avez déjà porté la tunique nationale de Croatie en catégorie de jeunes, est-ce que vous pensez continuer à jouer pour votre pays ? On sait qu’il y a pas mal de joueurs croates en NBA déjà (Mario Hezonja, Damjan Rudez, Bojan Bogdanovic, Dario Saric, Dragan Bender)…
« Oui, j’ai foi en l’avenir de notre équipe nationale. Je pense qu’on peut vraiment devenir une des meilleures sélections. On a beaucoup de joueurs talentueux. Bogdanovic, Saric, Bender, Hezonja, Zizic [qui est encore en Europe, ndlr]. Et on est tous jeune ! Enfin, moi, Zizic et Bender, on est tous les trois de la génération 97. On a déjà joué ensemble. A l’avenir, on peut être très bon. »
Avez-vous gardé le contact avec Dragan Bender et Ante Zizic, vos deux camarades de 1997 ? Car vous n’avez pas les mêmes trajectoires mais vous allez tous trois finir en NBA…
« Oui, avec Dragan, on se connait depuis longtemps. On est tous les deux nés en Bosnie. Ma ville d’origine [Mostar, ndlr] est à vingt minutes de sa ville d’origine [Čapljina, ndlr]. Donc, depuis qu’on a 11 ans, on joue l’un contre l’autre. Pendant toute notre carrière, on a joué l’un contre l’autre. Ou sinon, ensemble en équipe nationale. On est très bons amis. Même maintenant en NBA, on se parle souvent. On s’envoie des messages. Si on arrive à rester unis, on peut faire quelque chose de très intéressant avec l’équipe nationale. »
Propos recueillis à Portland
https://www.youtube.com/watch?v=9PMzelk3yFY