Rookie de l’année la saison passée, Andrew Wiggins s’est fixé de grands objectifs pour sa deuxième campagne en NBA. L’ailier sensationnel des Wolves nourrit ainsi le dessein de figurer parmi les meilleurs joueurs de la mi-saison, lors du prochain All Star Game… qui se déroulera (eh oui) à Toronto, dans sa ville natale !
Ce sera la toute première fois de l’histoire de la Grande Ligue que l’événement se déplacera en dehors des frontières américaines et, forcément, pour le gamin de Thornhill qui a grandi en idolâtrant les Raptors, ce serait un rêve devenu réalité que de participer au rendez-vous des étoiles. Est-ce possible ? Basket USA vous propose quelques éléments de réponse après un peu plus d’un mois de compétition.
LES CHIFFRES
Avec 22 points, 4 rebonds et 2 passes en 35 minutes de moyenne, Andrew Wiggins est actuellement le 12e meilleur scoreur de la ligue. L’an passé, le rookie en était à 17 points, 5 rebonds et 2 passes, soit le 37e rang parmi les meilleurs scoreurs. Premier point d’intérêt : Wiggins a gardé des chiffres très proches au niveau de l’adresse, avec 44% de réussite aux tirs, et 31% à trois points, alors même qu’il a bien progressé dans la hiérarchie NBA des scoreurs. Forcément un bon point !
Andrew Wiggins | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2014-15 | MIN | 82 | 36 | 43.7 | 31.0 | 76.0 | 1.6 | 2.9 | 4.6 | 2.1 | 2.3 | 1.0 | 2.2 | 0.6 | 16.9 |
2015-16 | MIN | 81 | 35 | 45.9 | 30.0 | 76.1 | 1.3 | 2.3 | 3.6 | 2.0 | 2.0 | 1.0 | 2.2 | 0.6 | 20.7 |
2016-17 | MIN | 82 | 37 | 45.2 | 35.6 | 76.0 | 1.2 | 2.8 | 4.0 | 2.3 | 2.2 | 1.0 | 2.3 | 0.4 | 23.6 |
2017-18 | MIN | 82 | 36 | 43.8 | 33.1 | 64.3 | 1.0 | 3.4 | 4.4 | 2.0 | 2.0 | 1.1 | 1.7 | 0.6 | 17.7 |
2018-19 | MIN | 73 | 35 | 41.2 | 33.9 | 69.9 | 1.1 | 3.7 | 4.8 | 2.5 | 2.1 | 1.0 | 1.9 | 0.7 | 18.1 |
2019-20 * | All Teams | 54 | 34 | 44.7 | 33.2 | 70.9 | 1.2 | 3.9 | 5.1 | 3.7 | 2.4 | 0.8 | 2.4 | 1.0 | 21.8 |
2019-20 * | MIN | 42 | 35 | 44.4 | 33.1 | 72.0 | 1.1 | 4.1 | 5.2 | 3.7 | 2.4 | 0.7 | 2.5 | 0.9 | 22.4 |
2019-20 * | GOS | 12 | 34 | 45.7 | 33.9 | 67.2 | 1.5 | 3.1 | 4.6 | 3.6 | 2.2 | 1.3 | 2.1 | 1.4 | 19.4 |
2020-21 | GOS | 71 | 33 | 47.7 | 38.0 | 71.4 | 1.2 | 3.7 | 4.9 | 2.4 | 2.2 | 0.9 | 1.8 | 1.0 | 18.6 |
2021-22 ☆ | GOS | 73 | 32 | 46.6 | 39.3 | 63.4 | 1.2 | 3.3 | 4.5 | 2.2 | 2.2 | 1.0 | 1.5 | 0.7 | 17.2 |
2022-23 | GOS | 37 | 32 | 47.3 | 39.6 | 61.1 | 1.6 | 3.4 | 5.0 | 2.3 | 2.9 | 1.2 | 1.3 | 0.8 | 17.1 |
2023-24 | GOS | 71 | 27 | 45.3 | 35.8 | 75.1 | 1.5 | 3.0 | 4.5 | 1.7 | 2.1 | 0.6 | 1.2 | 0.6 | 13.2 |
2024-25 * | All Teams | 60 | 31 | 44.8 | 37.4 | 76.3 | 1.5 | 3.0 | 4.5 | 2.6 | 1.7 | 1.0 | 1.6 | 0.8 | 18.0 |
2024-25 * | GOS | 43 | 30 | 44.4 | 37.9 | 77.7 | 1.5 | 3.0 | 4.6 | 2.4 | 1.6 | 0.9 | 1.3 | 0.8 | 17.6 |
2024-25 * | MIA | 17 | 32 | 45.8 | 36.0 | 73.1 | 1.4 | 2.9 | 4.2 | 3.3 | 1.8 | 1.2 | 2.5 | 1.0 | 19.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.
Si l’on se penche plus précisément sur la distribution des tirs, on se rend compte que Wiggins est encore un shooteur en formation. Son tir à trois points n’est pas des plus fiables, et il n’en prend finalement qu’assez peu (125e rang NBA). En fait, il en a réussi 14 sur ses 17 premiers matchs… un match pour les Stephen Curry ou Kobe Bryant de ce monde !
Mais, comme on peut le constater dans le tableau ci-dessous, Wiggins n’est pas tellement gêné par les défenses serrées. Au contraire, il semble réussir plus de tirs avec une défense dite « très serrée » plus que quand il prend des tirs « grand ouverts ». Un paradoxe a priori. Mais surtout une bonne nouvelle pour les Wolves à l’avenir.
Attiré par le cercle, Wiggins est avant tout un joueur de coupe, un slasher, un finisseur de près et, surtout, au-dessus du panier. Ses qualités athlétiques hors-normes lui fournissent effectivement le plus d’opportunités pour marquer des points, souvent après un spin move qu’il a fait sien (soit en s’appuyant sur son défenseur pour finir au contact ou en s’en écartant au dernier moment dans un embryon de fade away jump shot). Avec également un Euro Step déjà digne de ce nom dans son arsenal, Wiggins progresse pas à pas en attaque.
Proximité du défenseur | Fréquence | Tirs réussis | Tirs tentés | % de réussite | eFG% |
0-60 cm – Très serré | 36.1% | 3.2 | 6.3 | 50.5 | 50.5 |
60-120 cm – Serré | 33.9% | 2.1 | 5.9 | 34.7 | 35.3 |
120-180 cm – Ouvert | 23.2% | 2.0 | 4.1 | 49.2 | 56.2 |
180 cm ou + – Grand ouvert | 6.8% | 0.4 | 1.2 | 36.8 | 44.7 |
LES PLUS
- ses prestations
17/58 ! Le début de saison d’Andrew Wiggins a été compliqué aux tirs ! Remettant par la suite les choses en place avec deux sorties à 30 points et plus (et deux victoires pour Minny), l’ailier canadien a vécu un petit retard à l’allumage mais depuis, ça carbure plutôt bien. Depuis ces quatre sorties initiales marquées par la maladresse, Wiggins n’est pas descendu sous les 15 points marqués. Et à part pour deux matchs seulement, n’est jamais passé sous les 40% de réussite. Une belle régularité donc.
De plus, Wiggins est clairement cette saison le « franchise player » de Minnesota. Il l’était déjà l’an passé, mais ça ne se voyait pas tellement dans les chiffres. Cette saison, c’est clair comme de l’eau fraîche de l’un des Milles Lacs de la région. Il est loin devant ses coéquipiers en minutes (+6 par rapport à Ricky Rubio), aux points (+7 par rapport à Zach LaVine – à 14 points) et aux tirs tentés (+5 par rapport à LaVine aussi).
Face à Atlanta, alors qu’il sort donc d’un match à 31 pions, Wiggins a volé dans les plumes des Hawks avec un record de carrière : 33 points (15/22 aux tirs), 5 rebonds et 4 passes. Et des actions proprement hallucinantes de facilité. Admirez ce dunk, prise d’appuis à deux pieds, et finition aérodynamique penché vers l’avant. Un modèle du genre pour le fleuron de l’aviation canadienne.
https://www.youtube.com/watch?v=g99YAhRoKJY
Petit à petit, et sans perdre pour autant son jeu spectaculaire, Wiggins devient un scoreur pur sucre. Quasiment un virage à 180° pour le gamin qui se fichait de ses stats… et de ses records au lycée ! A Kansas aussi, il fallait aussi le forcer à tirer la couverture sur lui, un geste contre-nature pour Andrew.
« On s’amusait à le chambrer, ‘Merde, Andrew, arrête d’être si gentil’. » se souvient Bill Self sur ESPN. « Et lui répondait, ‘Chez moi, au Canada, les gens sont polis. Qu’est-ce qu’il y a de mal à être poli ?’. »
Rien effectivement ! Mais en NBA, pour se faire un nom, et donc pour participer au match des étoiles, il faut aussi savoir se faire violence et montrer les crocs. Andrew Wiggins est en plein dans cet apprentissage.
- la hype
On le sait, le All Star Game aura lieu à Toronto. Andrew Wiggins est le local de l’étape, la coqueluche de la ville, et l’enfant du pays, tout simplement. Si l’on doute qu’il puisse obtenir une place dans le cinq majeur (choisi par le public sur internet), il devrait pouvoir bénéficier d’une belle cote d’amour de la part des votants, le public torontois étant déjà acquis à sa cause.
Maintenant, la concurrence, quelle est-elle ? En fait, Wiggins est classé parmi les arrières cette saison. Plutôt ailier la saison passée, il a été replacé à l’arrière. Du coup, plus de Kevin Durant, Kawhi Leonard voire Gordon Hayward ou Rudy Gay qui bouchent la vue. Au lieu de ça, James Harden, Klay Thompson (pour le bilan des Warriors…) et Kobe Bryant (en guise d’hommage…) sont ses plus sérieux concurrents. Les trois y seront sans doute, mais derrière (CJ McCollum, Eric Gordon), c’est grand ouvert.
Et puis, Wiggins est en tant que tel un candidat tout à fait légitime sachant qu’il est, derrière Harden, le deuxième meilleur scoreur à ce poste, Ouest et Est confondus d’ailleurs. Sachant que ses Wolves sont actuellement dans la course aux playoffs (oui, c’est possible), son dossier est bien ficelé. Un petit bémol cela dit : le mode de sélection du All Star Game différenciant seulement intérieurs et extérieurs, Wiggins pourrait se voir subtiliser un strapontin par un meneur (Damian Lillard, Eric Bledsoe). Là encore, le classement des Wolves mais aussi le fait que la rencontre ait lieu au Canada pourraient influencer le choix des entraîneurs, chargés de composer le banc de remplaçants.
- sa courbe de progression exponentielle
Enfant de la balle avec un papa professionnel, Andrew a posé ses premiers dribbles en Grèce. A l’instar de Kobe Bryant, il a suivi le parcours de son paternel avant de se créer sa propre identité sur son territoire, en l’occurrence, à Toronto.
Passé par Huntington Prep avant de rejoindre Kansas, avant d’arriver à Minnesota, Wiggins a connu une montée en puissance constante. Lors de notre entrevue l’an passé avec son ancien coach au lycée, Gus Gymnopoulos nous expliquait qu’Andrew ne forçait rien. Il laisse le jeu venir à lui.
Ça s’est vu pendant sa saison rookie. Malgré une montagne de minutes jouées (4e en NBA l’an passé – juste devant LeBron James) pour un débutant, Wiggins avait tout de même réussi à tenir le rythme jusqu’au bout, pendant 82 matchs ! Et ça se sent encore cette saison. Wiggins prend plus de responsabilités offensives mais il ne gâche pas plus pour autant (2,2 balles perdues et pas plus).
En gros, il semble que le petit dernier de la fratrie Wiggins en ait encore sous le pied.
« J’ai toujours pensé qu’il était trop bon pour être le lieutenant de quelqu’un d’autre. Avec cet échange, il a pu grandir à son rythme et engranger de la confiance en sachant qu’il faisait partie des cadres de sa franchise. » confie Mitchell Wiggins. « Je pense que c’est mieux pour lui de jouer contre LeBron plutôt qu’avec lui. Les gens disent qu’il aurait été comme Pippen avec Jordan. Mon avis sur la question ? Et pourquoi il ne serait pas Jordan ? »
LES MOINS
- la fatigue
Andrew Wiggins était le deuxième joueur le plus utilisé la saison passée, juste derrière James Harden (à 12 minutes près) . Et cet été, le jeune ailier canadien ne s’est pas ménagé avec une longue préparation et un tournoi des Amériques éprouvant physiquement et moralement (le Canada a manqué de se qualifier directement pour les prochains Jeux Olympiques).
Le rookie de l’année dernière réalise un très bon début de saison mais il n’est pas impossible qu’il ait un coup de mou pendant la rude période hivernale. Le calendrier des Wolves est cependant plutôt favorable avec un sain équilibre entre les matchs en déplacement et les matchs à la maison.
En back to back, Wiggins score 37% de ses points dans la peinture, contre 45% quand il a un ou deux jours de repos. L’échantillon est maigre (2 matchs seulement) mais la tendance statistique confirme le constat visuel : Wiggins a encore tendance à s’effacer et se contenter de tirs extérieurs avec l’accumulation des minutes. Un effet largement répandue chez le joueur lambda… mais qui pourrait jouer des tours à Wiggins s’il veut bel et bien décrocher sa première étoile.
- son dribble
Athlète exceptionnel s’il en est (son entraîneur au lycée nous racontait ses performances sur les pistes d’athlé en mai dernier), Wiggins est encore un peu brut de décoffrage sur certains aspects techniques du basket. Son dribble fait ainsi partie de ses points faibles. Sans viser à approcher la perfection (voire la folie) de Stephen Curry, Wiggins a déjà gagné en sûreté dans ses approches du cercle. Ses pénétrations sont plus tranchantes et son contrôle du cuir plus convaincant.
A l’image d’un Kevin Durant ou d’un James Harden, Wiggins doit bosser dans ce domaine pour devenir complètement inarrêtable en attaque. Ce qui est déjà acquis, c’est qu’il a pris le parti d’être plus agressif cette saison. Il s’invite ainsi à deux reprises de plus sur la ligne de réparation par rapport à sa saison rookie.
En cause également, sa capacité à créer pour ses partenaires. Avec à peine moins de 2 passes par match, Wiggins n’en est là qu’à l’orée du bois. Le Wolf a en effet du pain sur la planche pour devenir un créateur à la LeBron James, toujours à l’affût de la bonne passe.
Le jeune loup manque encore de flair mais il manque surtout d’expérience. Concentré actuellement sur son jeu offensif (d’où le replacement à l’arrière), Wiggins apprend encore à faire les bons choix selon les situations offertes par la défense adverse.
« Il doit encore apprendre à savoir quand il doit tirer, attaquer ou passer la balle. » analyse Milt Newton, le GM des Wolves. « On veut surtout qu’il approche chacun de ses matchs avec un sentiment d’urgence. Quand il est dans cet état d’esprit, il est quasiment impossible à arrêter. Mais il y a d’autres matchs où il ne domine pas, peut-être parce qu’il ne le souhaite tout simplement pas. »
- son tir extérieur
4/17 sur la gauche, 3/12 sur la droite et un petit 4/13 bien en face du cercle, Andrew Wiggins n’est clairement pas encore mûr dans sa mécanique de tir derrière l’arc. Selon son entraîneur perso, c’est même le domaine où il doit le plus progresser dans l’immédiat.
« On doit voir une amélioration sur son tir à trois points. » précise Newton sur ESPN.
De fait, si Wiggins commence à se montrer plus solide et plus constant dans le tir de loin, il aura d’autant plus d’occasion de décoller après avoir momifié son adversaire direct sur son départ ultra-rapide. C’est la prochaine étape de son développement, l’étage supérieur de la fusée Wiggins.
Plus encore, il doit s’habituer à tirer en sortie d’écran. Actuellement à 9/28 aux tirs en sortie de pick & roll, Wiggins a certes un bon tir dans le périmètre, c’est même sa zone de prédilection, mais il obtient la majorité de ses bonnes positions quand on le trouve (Rubio et LaVine majoritairement) en sortie de système. Ce qui est assez usant à la longue. Un bon vieux tir en sortie d’écran, ça fatigue moins…
CONCLUSION
A moins d’un pépin majeur d’ici au mois de février prochain, Andrew Wiggins a de grandes chances d’être All Star. Son niveau de jeu cette année est celui d’un des tous meilleurs de la ligue. Auteur de grosse performances (dont un nouveau record en carrière – et deux autres pointes juste en deçà), il régale également les fans avec des dunks quasiment tous les soirs.
Deuxième gros critère de sélection, c’est faire gagner son équipe. Et pour le moment, il coche aussi cette case. En tout cas suffisamment pour apparaître parmi les favoris à une première cape All Star. Le souci le plus redoutable, c’est effectivement que les Wolves tombent dans une spirale de défaites d’ici à la pause de février.
Son dernier match à 27 points contre Orlando
https://www.youtube.com/watch?v=vaGFvAm7GYA
Andrew Wiggins à l’épreuve de la rafale de questions
https://www.youtube.com/watch?v=29w-c2nf7l0