Pour notre premier entretien de la saison avec Nicolas Batman, nous avons choisi de revenir sur ses années Blazers. Le nouvel ailier des Hornets est surpris mais accepte, et voici ce qu’il retient de cet septennat dans l’Oregon.
Une image
Le shoot de Lillard contre les Rockets. Non seulement c’est un tir au buzzer sur une remise en jeu, dans un Game 6, après une série intense et un match de dingue. Mais en plus cela faisait tellement d’années que la franchise n’avait pas passé le premier tour des playoffs que dans la ville c’était la folie. Il faut comprendre que Portland vit, mange, dort et respire Blazers. Il ne se passe pas un jour là-bas sans que tu n’entendes pas au moins dix « Go Blazers ! » quand tu es un joueur et que tu es en ville. Tous les joueurs aiment porter le maillot des Blazers et veulent y rester.
Dans la foulée vous perdez facilement contre les Spurs en demi-finale de conférence. Le soufflé est vite retombé, tu en gardes des regrets ?
Non je n’en ai pas car on voulait vraiment prendre les Spurs. Ils venaient de se qualifier en sept matches, on pensait qu’ils allaient être fatigués et que nous avions les armes pour les battre. Ils ont été trop forts tout simplement. Mais bon, après nous, ils ont tapé tout le monde sans perdre beaucoup de matches non plus.
Une amertume
Ma dernière saison. Elle a été ratée. J’en ai déjà beaucoup parlé et je ne vais pas revenir dessus mais c’est dommage car elle a eu des conséquences qui auraient pu être évitées.
Sans cette saison manquée tu serais encore un Blazer aujourd’hui ?
Ce que je peux dire c’est que tout le monde ne voulait pas que je parte… (il répète la phrase une deuxième fois)… La franchise a fait des choix et dans un moment de reconstruction il a fallu prendre des décisions. LaMarcus a tout donné pour Portland, à son âge et à ce stade de sa carrière, je ne lui en veux pas d’être parti aux Spurs. Il pense pouvoir gagner un titre là-bas, c’est normal et il n’y pas de rancœur. Au final je suis à Charlotte et c’est une très bonne chose pour moi.
Un regret
Personnellement je n’en ai pas mais je regrette juste les blessures qui à chaque fois nous ont empêchés d’être aussi forts que nous l’étions ou devions l’être. Mon regret c’est un « et si » : et si nous n’avions pas eu de blessés ? Surtout lors de mes premières années là-bas, quand nous avions Brandon Roy et qu’on drafte Greg Oden. Je me souviens qu’en pré-saison nous étions tellement bien, et puis sur le papier l’équipe était exceptionnelle. Et puis patatras, la blessure.
Une action
Mon premier tir pour la gagne, en novembre 2011 face aux Spurs et TP. Et juste avant j’avais mis deux lancers pour égaliser, car oui je sais mettre des lancers pour revenir à égalité (rire).
C’est quand il y en a trois que tu as plus de mal !
Oui voilà (rire)… Cette dernière action face aux Spurs, je me souviens encore parfaitement, y’a remise en jeu sur le côté, je reçois le ballon en l’air sur le côté de la raquette, je fais une claquette et ça rentre.
Une embrouille
Moi je n’en ai jamais eu aucune avec personne. Par contre, j’en ai assisté à une entre deux coéquipiers à Chicago et c’était franchement marrant car tout le monde savait que ça devait arriver. C’était même une bonne chose, ça permettait de crever l’abcès. On a vu l’embrouille monter. Je ne donnerai pas les noms des deux joueurs (rires).
Une surprise
Je ne pensais pas que Lillard serait aussi fort aussi tôt. Je savais qu’il allait être très bon mais pas aussi vite.
Est-ce que cela a posé un problème à LaMarcus Aldridge ?
Non, pas du tout. Lillard nous a fait gagner, il ne faut pas l’oublier. Il a pris et mis des gros shoots, et dans ce cas c’est toujours plus facile de laisser les ego de côté.
Un remerciement
À Nate McMillan. J’ai eu trois coaches en sept ans, ce n’est pas beaucoup en NBA. Kaleb (Canales) m’a libéré, Terry Stotts m’a laissé jouer comme je sais le faire mais c’est McMillan qui m’a mis dans le cinq à 19 ans. Franchement, pas beaucoup de coaches dans sa situation auraient fait starter un rookie français de 19 ans. Après il ne me faisait pas jouer comme je l’aime et comme je l’aurais voulu mais je m’en foutais, j’avais le temps de jeu et j’étais dans le cinq. Je lui suis très reconnaissant et je lui redis à chaque fois que je le croise (ndlr : McMillan a même confié après son licenciement qu’il regrettait de ne pas avoir donné plus de responsabilités à Nicolas).
Un manque
La météo. Même si là il pleut sur Charlotte normalement il ne fait pas ce temps là. Moi j’adorais le climat de Portland. La ville va me manquer, elle n’est peut-être pas la plus attractive des Etats-Unis mais il y règne une atmosphère spéciale qu’il n’y a nulle part ailleurs. Portland est singulière, elle est bizarre dans le bon sens du terme. Comme ils le disent eux-mêmes là-bas il faut « keep Portland weird », gardez Portland bizarre. J’y ai quand même passé sept ans de ma vie, entre 19 et 26 ans à un moment où je suis devenu un homme. Ce n’est pas rien sept ans.
Propos recueillis à Charlotte