En juin dernier, ils furent les premiers sous les feux de la prestigieuse rampe de la draft NBA : respectivement draftés en première position par les Wolves et deuxième par les Lakers, Karl-Anthony Towns et D’Angelo Russell ont fait leurs débuts professionnels face à face cette nuit. Depuis la création de la draft en 1966, c’est la première fois que les deux premiers choix d’une même promotion s’affrontent lors d’un match d’ouverture. Pour les deux joueurs, c’est aussi l’une des premières fois que leurs chemins s’opposent, eux qui se sont toujours accompagnés durant leurs jeunes années.
« J’ai toujours été pote avec D’Angelo » confie le joueur des Wolves au Star Tribune. « Mais on est devenu encore plus proches avant la draft. »
Les deux joueurs ont en effet passé leur printemps à se préparer ensemble avant la grand messe de Brooklyn. Mais malgré les liens noués, l’adversité a rapidement pris le dessus avant le match.
« Nous avons énormément parlé en amont du match mais hier, c’est la première fois que D’Angelo ne m’a pas adressé la parole. Cela montre juste l’esprit de compétition qui nous anime tous les deux, » sourit Karl-Anthony Towns.
Karl-Anthony Towns : « J’ai pensé à tout le travail accompli pour en arriver là »
Sur le terrain, les deux joueurs ont néanmoins affiché un visage tout aussi différent. Rapidement, l’intérieur des Wolves a pris la mesure de la rencontre. Bien servi par Ricky Rubio, il s’est montré opportuniste en attaque, malgré quelques difficultés à tenir Roy Hibbert en fin de rencontre. Avec 14 points à 6/10 aux tirs, 12 rebonds, 3 balles perdues et 20 d’évaluation, le premier choix de la draft a globalement tenu son rang. Après ce baptême du feu, il a laissé sortir toute son émotion, celle du débutant et celle du deuil.
« Avant ce match, j’ai pensé à tous mes coaches, à tous mes suicides [les courses d’entraînement], toutes les salles dans lesquelles j’ai joué, » a t-il confié à ESPN. « Je me suis assis pendant 20 minutes et l’émotion m’a submergé. J’ai pensé à tout le travail accompli pour en arriver à cet instant, pour être ici, porter ce maillot et faire partie de cette communauté. Puis, j’ai joué aussi dur que possible pour Flip Saunders (…) Je me rappelle lui avoir promis de lui apporter le plus de victoires possibles. J’ai commencé à tenir ma promesse ce soir. »
Malheureusement, cette première soirée ne sera pas aussi mémorable pour D’Angelo Russell (4 pts à 2/7, 3 rbds, 2 pds, 3 bps en 26 min). Emprunté, rarement en situation de peser, dominé par Ricky Rubio, le meneur a dû laisser les clés de la mène à Jordan Clarkson, une consigne de Byron Scott. Après la défaite, ce dernier s’est montré critique mais aussi encourageant à l’égard de son jeune joueur.
« Il grandit. Il prend mes critiques à coeur, » assure l’entraîneur au LA Times. « Je ne sais pas si c’est pour me prouver que j’ai tort mais ces trois derniers jours, il a vraiment affiché une attitude plus concentrée. Je ne veux pas qu’il se relâche et se dise qu’il sera titulaire toute la saison. Il doit continuer à travailler et progresser. Jordan (Clarkson) a dû faire la même chose une fois qu’il a eu l’opportunité de jouer. »
Pour les deux rookies, la route est encore longue. Ils peuvent toutefois s’inspirer de leurs aînés, Kevin Garnett et Kobe Bryant, adversaires depuis maintenant 20 saisons. Ironie de l’histoire, les deux vétérans furent tous deux coéquipiers de leur coach respectif. Qui sait si dans vingt ans, la même scène ne se reproduira pas avec les deux premiers choix de la draft ?