Voilà deux mois que la NBA a repris son cours et avec elle, une nouvelle génération de rookies est en train de prendre ses marques. Depuis notre premier bilan, beaucoup de choses ont bougé et malheureusement, l’un des joueurs les plus emblématiques de cette promotion en fait les frais : Jabari Parker, n°2 de cette classe, probablement le meilleur joueur de cette draft jusqu’à… une fâcheuse blessure au genou qui lui coûte le reste de la saison. La blessure, c’est le lot quotidien d’une classe pourrie par ces impondérables physiques. Outre Parker, Marcus Smart, Doug McDermott, Aaron Gordon et évidemment, Joel Embiid et Julius Randle sont autant de joueurs dont la saison a été partiellement ou intégralement gâchée par un pépin de santé. Dans ces conditions, cette promotion mérite d’autant plus de patience de la part des observateurs. En attendant, Andrew Wiggins apparaît comme le candidat le plus probable au trophée de rookie de l’année. Par défaut ? La réponse ne peut être définitive à ce stade de la saison mais fort heureusement pour le prestige de la ligue, le Wolf prend de plus en plus d’ampleur. Surtout, il n’est pas le seul avec notamment un joueur espagnol en pleine explosion du côté de Chicago.
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Andrew Wiggins (Wolves) : sans son rival, le Canadien a la voie libre pour marquer de son empreinte la première année de sa promotion. En un mois, l’ailier a fait du chemin, profitant surtout des nombreuses blessures des Wolves et plus récemment, du départ de Corey Brewer, pour s’adjuger plus de tickets shoots. En résultent plusieurs performances de haut vol (21 pts contre Golden State, 23 pts et 10 rbds contre Portland, 18 face à OKC ou encore hier, 27 pts contre les Cavs), néanmoins mitigées par une adresse fluctuante. Le tir du n°1 de la draft n’est pas encore stabilisé, ce qui ne devrait tarder au regard de la confiance affichée derrière la ligne à trois points (3/3 contre Cleveland). En attendant, cette lacune pèse régulièrement sur ses productions puisque dans un jour sans, il s’investit encore trop peu dans les autres domaines. D’ailleurs, il réalise ses meilleurs matchs quand il compense son manque de réussite par une agressivité vers le cercle, et donc une présence sur la ligne. Il doit le faire avec plus de constance. Défensivement, il alterne le très bon et le passable. Son potentiel dans la discipline ne fait aucun doute mais il fait encore parfois preuve de naïveté, voire de nonchalance. Pour le moment, il n’est pas le stoppeur auto-proclamé mais chez les Wolves, sa présence est néanmoins une bénédiction.
Stats : 12,6 pts à 39,4% aux tirs (41,4% à trois points), 3,9 rbds, 1,4 pd, 1 int en 30,9 min
Nikola Mirotic (Bulls) : sans faire trop de bruit, l’intérieur espagnol s’impose comme l’un des hommes de main les plus efficaces de Tom Thibodeau et accessoirement, d’une des meilleures équipes de la ligue. De plus en plus responsabilisé par son coach, Mirotic le déçoit rarement. Dès qu’il a du temps de jeu, l’ailier-fort se montre redoutable : 12 pts, 12 rbds à Brooklyn ; 15 pts à Dallas ; 11 pts,12 rbds à Charlotte ; 15 pts, 9 rbds à Portland, 27 pts à 6/6 à trois points et 8 rbds à Memphis ! S’il se montrait un peu emprunté au début de saison, le Bull va désormais au charbon. Lorsqu’il n’est pas en réussite, il se bat au rebond et ne donne pas sa part au chien en défense. De plus, sa simple présence permet d’écarter le jeu. Qu’il mette dedans ou non, Mirotic est suffisamment dangereux pour que les défenses y prêtent attention et pour les Bulls, c’est une nouveauté fort bénéfique.
Stats : 8,2 pts à 44,7% (40,5% à trois points), 5,2 rbds en 18,5 min.
K.J. McDaniels (Sixers) : difficile de ne pas se prendre d’affection pour l’arrière des Sixers tant ce dernier est un des plus actifs, constants et spectaculaires de cette jeune équipe. Cependant, si la production chiffrée du joueur est toujours bonne, McDaniels a eu tendance à un peu sortir de son registre ces derniers temps en dégainant à profusion. Sa production s’en ressent avec un pourcentage en nette baisse sur le mois de décembre (34%). Or, l’une des principales qualités du joueur jusqu’ici était de ne rien forcer. À 21 ans, cet entêtement n’a cependant rien de surprenant et la polyvalence du joueur lui permet de compenser par un travail de fond dans d’autres secteurs. D’ailleurs, depuis trois matchs, l’arrière a limité ses tickets shoots à bon escient (28 pts à 10/18 aux tirs cumulés). Enfin, le simple fait qu’il soit le meilleur contreur de sa classe d’âge, le meilleur à son poste et le 11e de la ligue (1,6/match) en dit long sur son activité, son sens du timing et son potentiel défensif.
Stats : 9,5 pts à 41,6%, 3,8 rbds et 1,6 ct en 25,2 min.
Elfrid Payton (Magic) : si Orlando balbutie plus que jamais, le meneur rookie continue de maintenir le cap. Certes, son adresse est toujours aussi fluctuante mais au sein du Magic, il y a suffisamment d’armes offensives pour lui ôter cette responsabilité. Avant tout, Payton est un hyperactif fiable balle en main et agressif (69 pds pour 30 bps sur les 13 derniers matchs). Meilleur passeur de sa promotion, il présente aussi le meilleur ratio pd/bp des rookies (2,3). Volontaire au rebond avec 3,2 prises par match (17e meneur dans cette catégorie), second meilleur intercepteur parmi sa classe, Elfrid Payton fait de tout et relativement bien. De nouveau responsabilisé dans le cinq par Jacque Vaughn, le rookie impressionne par sa capacité d’apprentissage et d’adaptation.
Stats : 6,5 pts à 39,3%, 3,2 rbds, 5,1 pds et 1,3 int en 24,8 min.
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Nerlens Noel (Sixers) : comme depuis le début de saison, le 6e choix de la draft 2013 alterne le bon et l’indigent. Toujours incapable d’incarner une menace pérenne près du cercle (0/8 face à Brooklyn, 0/5 face à Miami en décembre), l’intérieur se fait néanmoins violence dans d’autres secteurs du jeu : en premier lieu au rebond où il est le meilleur de cette promotion (7/match), dans l’orientation du jeu où il fait preuve d’une vision intéressante et en défense où il est toujours actif (1,7 int et 1,7 ct par match). S’il n’est pas tout seul (voir K.J McDaniels plus haut), il contribue à la métamorphose de Philly, passée de la 30e place en évaluation défensive (defensive rating) l’an passé à 11e aujourd’hui.
Stats : 7,9 pts à 44,3%, 7 rbds, 1,7 pd, 1,6 int et 1,5 ct en 30,5 min.
Bojan Bogdanovic (Nets) : dur mois de novembre pour le Croate qui a perdu sa place de titulaire, ce qui est pour normal pour une équipe (officiellement) ambitieuse comme Brooklyn où les variations de forme d’un rookie coûtent cher. Évidemment, sa production chiffrée s’en ressent. Pour lui, la ritournelle est la même depuis le début de saison : quand ses tirs rentrent, tout va bien mais sans cela, l’arrière/ailier peine à contribuer dans les autres secteurs du jeu. Volontaire en défense, il reste limité. Ailleurs, il ne crée pas ou trop peu. S’il ne fait aucun doute que le Net regorge de talent, il ne peut s’exprimer qu’au sein d’un collectif bien huilé et nul ne contredira que cette définition ne convient guère à Brooklyn. Logiquement, Bojan Bogdanovic chute dans notre hiérarchie.
Stats : 8,4 pts à 41,8% (35% à trois points), 2,6 rbds en 25,6 min.
Shabazz Napier (Heat) : lui aussi paye les frais d’un mois de décembre difficile pour son équipe. Au sein du Heat, la situation est délicate pour Shabazz Napier : les Floridiens ont des ambitions mais le poste de meneur reste l’une des faiblesses principales. Or, en termes de qualités intrinsèques, le rookie n’a rien à envier aux deux autres mais Erik Spoelstra n’a pas de temps à perdre et se repose sur des éléments expérimentés. Le meneur a donc fait un tour par la D-League, plutôt convaincant avec 22 pts et 3 pds. Après son retour, il s’est fendu d’un gros match face à Brooklyn avant de revenir sur le banc. Nul ne sait combien de temps cette situation durera mais il ne fait aucun doute que Shabazz Napier mérite à nouveau sa chance.
Stats : 5,7 pts à 42,5% (38,1% à trois points), 2,3 rbds, 1,9 pd en 21 min.
Kostas Papanikolaou (Rockets) : alors que le Grec accomplissait une belle première saison, une blessure au gênou l’a ralenti. Résultat : 5 matchs manqués, sans trop d’incidence pour Houston, vainqueur à 4 reprises. Depuis, l’ailier joue moins et doit faire face à l’arrivée de Corey Brewer qui s’est intégré de suite à l’équipe. Pour autant, Papanikolaou ne s’est pas démobilisé. Si le rythme n’est pas encore revenu, l’adresse toujours aussi hasardeuse, il essaye de contribuer ailleurs, notamment en défense ou à la création. Contre Portland, ce fut néanmoins un échec avec 3 tirs manqués, 3 ballons perdus et 4 fautes en 16 min. Les prochains matchs permettront d’en dire plus sur son état de forme car pour l’heure, le contexte est encore trop neuf.
Stats : 6,1 pts à 35,9%, 3,9 rbds, 2,9 pds en 24,6 min.
Tarik Black (Rockets) : il était dit qu’avec le retour de Dwight Howard, le rookie allait retrouver le banc mais qu’importe, tant sa contribution en l’absence du pivot All-Star fut exemplaire et salvatrice pour les Rockets. Entre notre premier bilan et le retour de Howard, l’intérieur a ainsi compilé 6,6 pts à 61% et 6,8 rbds en 19 min pour 5 victoires en 6 matchs. Certes, depuis, l’ex-Jayhawk est rentré dans le rang mais désormais, Kevin McHale sait qu’il peut compter sur lui en cas de nouveau pépin. Son impact défensif, son volume physique et son abnégation en font un joueur de rôle très précieux et s’il continue sur sa lancée, Tarik Black pourrait espérer plus.
Stats : 4,2 pts à 54,2%, 5,1 rbds en 15,7 min.
Marcus Smart (Celtics) : quel dommage de ne pouvoir juger le 6e choix de la dernière draft en pleine forme. Toujours gêné par sa cheville, le Celtic ne peut donner sa pleine mesure. Or, sa vitesse sur les déplacements latéraux ou son premier pas sont des éléments indispensables à son efficacité. Malgré cette difficulté, le meneur ne s’économise pas et fait tout pour s’investir au sein d’une équipe désormais orpheline de Rajon Rondo. Par ailleurs, Jameer Nelson n’étant pas appelé à rester très longtemps dans le Massachusetts, Smart se voit implicitement confier les clés de la boutique. Et ses performances offensives en dent-de-scie ne doivent pas cacher son incroyable efficacité défensive. À 20 ans, il est déjà l’un des meilleurs défenseurs de son équipe et à terme, il sera l’un des meilleurs de toute la ligue dans le périmètre. Son retour sur le banc lui permettra sans doute de se donner sans mettre en danger son intégrité physique. Boston en a besoin et à l’issue de la saison, Marcus Smart pourrait bien incarner l’un des meilleurs éléments de cette promotion, ce qui ne constituera pas une surprise.
Stats : 5,6 pts à 34,3%, 2,2 rbds, 1,9 pd en 18 min.
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Zach LaVine (Wolves) : l’incertitude autour de son poste règne toujours mais peu à peu, le Wolf progresse. Auteur de 28 points face aux Lakers puis d’un gros double double contre les Spurs (22 pts, 10 pds), il est capable de faire sauter les compteurs. En revanche, son inconstance est bien trop préjudiciable à ce niveau. LaVine présente un volume de shoots important mais fait rarement preuve d’adresse. S’il démontre de gros progrès dans la création, sa gestion du ballon reste périlleuse. Pour autant, et malgré l’image parfois prétentieuse de l’intéressé, le rookie est un gros travailleur et s’implique complètement dans les schémas de son entraîneur. Le fait est qu’il apprend un nouveau poste, peut-être le plus compliqué, et les informations à intégrer sont énormes pour une première année professionnelle. La saison de Zach LaVine sera donc faite de quelques hauts et de beaucoup de bas, mais le talent du joueur et son éthique devraient lui permettre de progresser à vitesse grand V.
Stats : 8,9 pts à 39,4%, 2,4 rbds, 3,5 pds en 25,3 min.
Dante Exum (Jazz) : la situation du rookie du Jazz est quelque peu similaire à celle de LaVine. Si le poste de meneur lui est bien plus familier, Exum est passé du lycée australien à la NBA en quelques mois. Peu sont ceux qui parviendraient à s’en tirer aussi bien dans ces conditions car de toute évidence, le cap est compliqué à franchir. Après des premières semaines dans le dur, Dante Exum sort progressivement la tête de l’eau mais il est encore trop timoré, et se contente souvent de remonter la gonfle. Son tir est pourtant relativement fiable et ses qualités athlétiques au-dessus de la moyenne. Quitte à prendre des risques inconsidérés, il doit prendre plus de responsabilités, d’autant que lorsqu’il est spontané, il sait jouer juste. La direction du Jazz compte sur lui pour l’avenir et le club a montré qu’il savait développer les jeunes (Alec Burks, Rudy Gobert). Dans cet environnement, il doit parvenir à maintenir un niveau d’intensité similaire à celui apporté par Trey Burke.
Stats : 4,9 pts à 41,5% (36,4% à trois points), 1,4 rbds et 2 pds en 18 min.
Jusuf Nurkic (Nuggets) : peu responsabilisé lors du premier mois, le Bosnien profite de la blessure de Javale McGee pour s’exprimer en relais de Timofey Mozgov. Le pivot dispose d’un volume indéniable (2m10, 127 kgs) et il contribue à apporter une dureté étrangement absente de la raquette de son équipe depuis le début de saison. Propre balle en mains, efficace près du cercle, doté d’un bon sens du rebond, le rookie présente une maturité rare au sein de sa classe d’âge. De plus, il ne rechigne pas au combat contre des raquettes de haut niveau (10 pts, 8 rbds face aux Spurs ; 6 pts, 8 rbds contre Houston). À terme, il peut s’imposer durablement dans la rotation de Brian Shaw. Au vu de ce qu’il montre, il le mérite.
Stats : 4,9 pts à 42,7%, 4,3 rbds et 0,7 ct en 11 min.
Blessés
Jabari Parker (Bucks) : c’est un des drames les plus malheureux de cette saison. Si la production chiffrée du rookie des Bucks restait modeste, son impact sur le terrain était inestimable. Sans aucun doute, le n°2 de la draft était en passe de s’accaparer le trophée de meilleur rookie. Un ligament croisé en a décidé autrement. Quel dommage pour le public mais surtout pour son équipe, la surprise de cette saison. Malgré cet incident, l’ailier a marqué des points et a posé les jalons d’une grande carrière. Comme d’autres, cette blessure peut être un mal pour un bien et l’aider à travailler sur ses points faibles. Son retour constituera l’un des grands moments de la saison prochaine et pour un rookie qui n’a disputé que 25 matchs, c’est déjà une victoire.
Stats : 12,3 pts à 49%, 5,5 rbds et 1,2 int en 29,5 min.
Doug McDermott (Bulls) : c’était l’un des rookies les plus attendus cette année et malheureusement, le Bull n’est pas en capacité de confirmer tous les espoirs placés en lui. Déjà en difficulté avec son tir lors du premier mois, son corps a lâché, l’obligeant à subir une arthroscopie. Selon les dernières nouvelles, il progresse bien et pourrait revenir plus tôt que prévu. Mais Chicago est une armada en mission et une fois qu’elle sera définitivement lancée, il sera bien dur de reprendre une place au sein de la rotation de Tom Thibodeau. Malgré tout, McDermott est un joueur sérieux et travailleur. S’il parvient à se montrer lors de son retour, son coach ne passera pas à côté. L’obstacle est grand, mais le joueur peut le faire.
Stats : 3,2 pts à 42,3% en 11,6 min.
Aaron Gordon (Magic) : blessé après deux semaines de compétition, l’un des plus gros potentiels de cette promotion est toujours inactif. S’il fait des progrès (il n’est plus plâtré), il est encore loin d’un retour sur le terrain. Espérons pour lui que cette blessure au pied ne laissera aucune séquelle car Gordon a largement les moyens de s’imposer au sein de cette rotation floridienne. L’ex-star d’Arizona est attendue, mais la patience est de mise.
Stats : 5,8 pts à 58,1% à 3 rbds en 15 min.