La Draft 2014 confirme l’émergence du basket canadien

Un an après la sélection d’Anthony Bennett, Cleveland récidive en draftant à nouveau un canadien en première position.

Andrew Wiggins n’est d’ailleurs que la partie émergée de l’iceberg, d’autres compatriotes l’ont suivi au sein de cette promotion 2014 : Nick Stauskas, Tyler Ennis au premier tour et Dwight Powell au second tour. Avec cette draft et ses treize membres, le pays du hockey devient la nation étrangère la plus représentée en NBA, devant la France.

Outre les joueurs pré-cités, la sélection nationale pourrait, en théorie, envoyer un effectif composé de Steve Nash, Tristan Thompson, Kelly Olynyk, Andrew Nicholson, Samuel Dalembert, Cory Joseph, Robert Sacre et Joel Anthony, si elle s’était qualifiée pour la prochaine Coupe du Monde. Du talent, de la viande, du scoring, de la défense, de quoi inquiéter pas d’adversaires. Les filles ne sont pas en reste, depuis l’arrivée l’an passé de Kayla Alexander en WNBA.

C’est désormais une certitude, le basket canadien est un des plus talentueux au monde. Néanmoins, il reste sous la tutelle des États-Unis. Tous ont suivi une formation en NCAA.

« Ma sélection ouvre des portes à la jeunesse canadienne, » relatait Wiggins après la draft. « Cela lui donne de l’espoir car avant que je n’arrive aux États-Unis, je n’étais dans aucune prévision, j’étais inconnu. Je n’avais aucune offre, rien. »

Une formation encore en retrait

La professionnalisation du basket est encore récente au Canada et donc, confidentielle. Les trois précédentes ligues, créées en 1987, 1993 et 2002 n’ont jamais duré plus de cinq ans. La dernière en date, la National Basketball League of Canada, n’a été fondée qu’en 2011 et compte seulement neuf équipes. Le salary cap est fixé à 150 000 dollars et la médiatisation commence doucement. Dans de telles conditions, aucun des Canadiens de NBA n’auraient pu percer sur leur sol.

« Je suis parti du Canada quand j’avais 15 ans. » explique Tyler Ennis à NBC Sports. « Mes parents ne voulaient pas que je parte mais j’avais le sentiment qu’il le fallait pour parvenir à mon but car je savais que je ne bénéficierai pas du même type de soutien au Canada. »

Passés par Toronto, Vince Carter et Tracy McGrady ont inspiré toute une génération

La popularité croissante du basket dans le Grand Nord Blanc s’explique naturellement par l’implantation de la NBA dans le pays. Si la tentative a échoué à Vancouver (désormais Memphis), c’est désormais un succès à Toronto, grâce aux arrivées successives de Damon Stoudamire, Vince Carter et désormais, DeMar DeRozan. Lors des derniers playoffs, la ferveur était telle dans la capitale de l’Ontario que des milliers de personnes étaient amassées, festoyant, devant le Air Canada Center.

« Regarder les Raptors a été très important pour moi », raconte Nik Stauskas. « J’ai grandi en tant que fan du club. Les avoir constamment à la télé a permis d’avoir une équipe à suivre et à aimer, plus particulièrement avec Vince Carter et Tracy McGrady au sein de l’équipe. C’était mes idoles, ceux que j’admirais le plus. »

Le basket reste un sport niche au Canada

Au Canada, le basketball n’est pas roi. Le hockey évidemment, mais aussi le football américain, le baseball et même le soccer sont toutes des disciplines populaires dans les provinces. Mais comme le dit Andrew Wiggins, la réussite de cette génération pourrait bien inspirer la jeunesse de son pays. C’est aussi le voeu de Nik Stauskas.

« J’espère vraiment que les gosses de huit, neuf ou dix ans qui commencent le basket nous suivent. J’espère vraiment inspirer l’un d’entre eux car j’ai, moi aussi, été ce gosse. »

Si autant de joueurs ont pu percer dans un sport encore mineur à leur époque, le basketball canadien a de beaux jours devant lui s’il se structure aussi bien que les autres sports majeurs.