La perception de ce qui compose une équipe à succès varie grandement entre la NBA et l’Europe. Alors qu’en Europe on privilégie l’équilibre avec des joueurs substituables, en NBA, une hiérarchie claire se dessine dans la très grande majorité des équipes. Boris Diaw est ainsi en quelque sorte l’archétype du joueur européen, lui qui a privilégié dans son développement la polyvalence plutôt que de se focaliser sur l’excellence dans un domaine particulier.
En NBA, on a une, deux voire trois stars (fameux « Big Three ») et un ensemble de role players.
Pourtant ce n’est pas la seule manière de fonctionner comme le prouve depuis le début de la saison les Houston Rockets. Pour expliquer leur succès, les joueurs de Houston expliquent que chacun connaît ses limites. Personne ne prend de manière définitive le leadership et c’est une alternance qui s’installe d’une nuit à une autre. Tout le monde ne peut pas être Lebron James, Kobe Bryant ou Dwayne Wade et exceller nuit après nuit. Rick Adelman l’a bien compris et il ne met pas de pression particulière sur Aaron Brooks ou Trevor Ariza, eux qui seraient les plus susceptibles de devoir jouer les sauveurs en l’absence de Tracy McGrady et Yao Ming.
Maintenant il n’est pas toujours facile pour un joueur d’accepter de devoir se cantonner à certains aspects du jeu pour le bien de leur équipe. Apprendre à se connaitre, reconnaitre ses qualités et ses défauts, voila la première étape pour des jeunes joueurs qui étaient des stars à l’université et qui pouvaient jouer plus librement. Les John Paxson, Ron Harper, Steve Kerr savaient parfaitement ce qu’ils avaient à faire pour permettre à l’étoile Jordan de briller.
Al Thornton est encore en apprentissage mais notre confrère Kevin Arnovitz de Clipperblog.com pense qu’il commence à saisir ce qu’il doit et ne doit pas faire. Depuis son arrivée en NBA, Thornton est critiqué pour sa sélection de shoot. Lui qui n’est pas un grand shooteur a toujours eu beaucoup recours à son jump shoot. Pourtant si l’on regarde ses moyennes, ce n’était clairement pas la voie à suivre. Son pourcentage de réussite sur les shoots à mi-distance était de 36,7% alors qu’il assure un très bon 61,1% de réussite pour les shoots à l’intérieur de la raquette.
L’adaptation prend du temps mais lors de la victoire face au Thunder, il semblerait que celui-ci commence enfin à réaliser quelles sont ses forces et ses faiblesses. Finissant le match à 7 sur 8 au tir dans la raquette, Al a plus attaqué le cercle qu’à l’accoutumée… même s’il fait encore un 0 sur 8 aux shoots à mi-distance.
« Il était clairement plus agressif en allant au cercle. J’ai senti qu’il répondrait présent quand je l’ai vu prendre son rebond après un lancer raté. Depuis le début de saison, on ne voyait pas le vrai Al Thornton. Maintenant, on espère qu’il va poursuivre dans cette voie car on a besoin de ses points » commente Marcu Camby.
Qu’en pense l’intéressé justement ?
« Je suis à 80-85% de mon potentiel. J’ai perdu beaucoup de poids et il m’a fallu du temps pour retrouver mes sensations. J’ai perdu 10 kilos, trop vite, et il faut du temps pour trouver les bons ajustements ».
Pour un athlète exceptionnel comme lui, la voie à suivre est clairement définie. Les shoots hors de la raquette doivent être laissés au maximum à Baron Davis (même si celui-ci n’est pas en réussite en ce moment), et par ses pénétrations Thornton doit offrir plus d’espace à sa star. Ce n’est qu’en améliorant sa sélection de shoot qu’Al pourra s’installer comme un élément indiscutable de son équipe.
On peut d’ailleurs faire un parallèle avec Joakim Noah qui sait parfaitement ce que l’on attend de lui, même si cela doit en faire un homme de l’ombre. Mais c’est ce que l’on attend des joueurs et des coachs : la reconnaissance des faiblesses de l’équipe et la créativité pour s’y adapter.