C’est le seul Français à avoir joué avec Shaquille O’Neal. Boris Diaw a partagé, dix mois durant, le quotidien du « Diesel » à Phoenix. Pour Mondial Basket, l’ailier des Spurs avait dressé un portrait complet de son ancien coéquipier, évoquant sa personnalité, ses blagues, mais aussi le businessman.
• Shaq, le gentil géant
« Shaq est une personnalité. Donc, quand il parle, tu écoutes religieusement. C’est toujours le premier à faire des blagues et à rigoler. On était toujours là à guetter ce qu’il allait dire, soit très sérieusement, soit pour déconner… Ce qui est très étonnant, c’est qu’il fait bien la différence entre ce qui concerne le terrain et ce qui se passe en dehors. Il ne plaisantait pas à l’entraînement ou alors c’était rare. Ce n’est pas lui qui allait perturber une séance. Maintenant, que ce soit sur le parquet ou en dehors, il suffit de le regarder pour comprendre qu’il contribue à entretenir une bonne ambiance. Il est toujours prêt à rire et à faire un bon mot pour amuser la galerie. On sent que c’est une bonne pâte comme on dit. Un gentil géant, bon vivant, déconneur par nature. Et il est vraiment très marrant ! »
• Shaq, le coéquipier modèle
« Quand il est arrivé à Phoenix, il a trouvé sa place naturellement, sans se poser de questions. L’ambiance était déjà bon enfant chez les Suns. On peut dire que le Shaq a encore ajouté à cet excellent état d’esprit. Il n’y avait absolument pas de clans. Shaq se marrait avec Grant (Hill) comme avec Amaré (Stoudemire) alors que ce sont deux personnalités totalement opposées. Il a aussi pris sous son aile le rookie Robin Lopez, par exemple. Entre pivots, ils avaient des affinités dans le jeu. Shaq s’est découvert des centres d’intérêt communs avec Grant en rapport avec la musique. Grant compose des sons et fait des beats sur son ordinateur. Dans l’avion, Shaq s’amusait lui-même à créer ses propres beats. Ensuite, il nous appellait pour nous les faire écouter. Il bouge en permanence, de la tête, des pieds… La musique, c’est vraiment son truc. Comme Grant d’ailleurs. Ces deux-là sont intarissables sur le sujet. On comprend pourquoi Shaq le rappeur a été disque de platine à une époque… »
• Shaq, le déconneur
« Le grand truc de Shaq, c’est de trouver une ressemblance à quelqu’un… Ça, il adore ! Il ne le fait pas pour ses coéquipiers mais pour toutes les personnes extérieures à l’équipe. Dès qu’untel lui rappelle quelqu’un, ça ne manque pas ! Et surtout, il en rajoute avec ses vannes… Lors d’un vol, il a trouvé qu’une hôtesse de l’air ressemblait à l’ex-secrétaire d’Etat Condoleezza Rice. Il a trouvé la formule qui faisait mouche, on a tous explosé de rire. C’était effectivement très drôle ! En ce qui concerne les joueurs, il fait des comparaisons en fonction de l’habillement. Il est très fort. Il trouve toujours la blague pour vous faire éclater de rire. On n’a jamais l’impression qu’il peut être de mauvaise humeur ou qu’il a des soucis et pourtant, il doit en avoir, comme tout le monde… »
• Shaq, le préféré des fans
« Shaquille donne beaucoup à travers des œuvres caritatives. Il est très organisé pour tout ce qui concerne les œuvres de bienfaisance, la solidarité, l’aide aux plus démunis… Il programme soigneusement ses rendez-vous et ne rechigne pas à aller vers les autres pour donner de son temps. Je trouve que c’est un bon exemple en ce sens. Il est très généreux, comme Steve (Nash) d’ailleurs. Shaq est très demandé. Tout ce qu’il fait, il le fait de bon cœur. Il est content d’aller voir des enfants ou des adultes en difficulté pour tenter de les aider ou de leur remonter le moral. C’est quelqu’un de simple, en fait. Il est très impressionnant au premier abord en raison de son physique mais il a un côté gros nounours, très affectueux. Les fans ont souvent du mal à aller vers lui car sa garde est très rapprochée… Normal, c’est un joueur d’une telle aura ! Ça dissuade les gens d’aller à ses devants et ça doit un peu l’embêter car il aime profondément les fans de basket, il aime le contact, il aime discuter avec eux. Il a dit qu’il voulait gagner le titre à Phoenix pour ses partenaires, parce qu’ils n’avaient pas encore de bague, mais aussi pour les fans. Ça venait droit du cœur, ça se sentait. »
• Shaq, le joueur d’exception
« Avant d’avoir le Shaq comme coéquipier à Phoenix, j’ai évidemment joué contre lui. Quand j’ai appris qu’il rejoignait les Suns, j’étais plutôt heureux de partager des moments avec un mec aussi fort sur le terrain et aussi ouvert en dehors. Enfant, j’avais des posters de Magic dans ma chambre. Il y en avait aussi du Shaq. Bon, à Phoenix, il y avait déjà deux superstars avec Steve (Nash) et Grant (Hill)… Quand Grant est arrivé chez nous, la première chose à laquelle j’ai pensé, c’est une pub qui passait en France : « Grant Hill boit Sprite »… J’ai revu des images de mon adolescence. Ce fut aussi le cas à travers le Shaq. Dix mois plus tard, l’effet était passé, tout ça était rangé dans un coin de ma tête. Le Shaq était devenu mon partenaire. Un partenaire exceptionnel, j’en ai parfaitement conscience. Un joueur que je préférais avoir avec moi que contre moi… »
• Shaq, l’homme d’affaires avisé
« Ne vous méprenez pas : Shaq peut faire le pitre mais c’est quelqu’un de très intelligent… Il joue à faire l’imbécile et le clown mais c’est quelqu’un de très posé, qui réfléchit et qui gère parfaitement ses affaires et son image. Au-delà du joueur incroyable qu’il est encore, c’est un vrai businessman. A côté du basket, il a une vie d’homme d’affaires. Son business marche très bien car il sait s’organiser et s’entourer. Shaq est un vrai chef d’entreprise. Il entretient l’image du gentil géant qui aime déconner mais la réalité, c’est aussi un homme responsable, avisé, qui défend ses intérêts. Shaq est loin d’être un idiot. »
• Shaq, un leader écouté et respecté
« Il arrivait que Shaq nous fasse des remarques à l’entraînement. Il intervenait beaucoup auprès de Robin (Lopez), le rookie, qui joue au même poste que lui mais de façon générale, il communiquait beaucoup avec tout le monde. Il le faisait au vestiaire comme sur le terrain. C’est là que tu mesures toute son expérience, son vécu dans la Ligue. Tu comprends pourquoi il a gagné autant de titres ou de trophées individuels. C’est enrichissant de travailler avec un joueur comme lui. »
• Shaq et Steve Nash
« Phoenix n’était pas l’équipe de Steve ou de Shaq… Il y avait un groupe et c’est tout. Il n’y a pas eu de remise en question du statut ou des prérogatives des uns et des autres. Steve et Shaq s’entendaient parfaitement. Les rôles avaient été clairement définis par les coaches. Mike D’Antoni entraînait encore l’équipe quand le Shaq est arrivé. Avec Terry Porter, la hiérarchie du groupe n’avait pas bougé, seule la méthode d’entraînement avait changé. Steve a toujours eu les mêmes responsabilités en tant que meneur. Par son expérience et ses titres, Shaq est respecté de tout le monde, sans que ça enlève quoi que ce soit à Nash. Lui aussi est écouté et respecté. »
• Shaq et Kobe Bryant
« Aux Etats-Unis, il est rare de voir deux mois s’écouler sans que quelqu’un dans la presse ressasse une histoire passée entre Shaq et Kobe… Il se trouve que lui n’en parle jamais. D’ailleurs, il ne revient jamais sur son passé. J’en déduis que ce sont les journalistes qui aiment bien reparler des histoires entre eux. Mais Shaq aime bien les journalistes. Il prend plaisir à discuter avec la presse. C’est un bon client pour les médias, il communique très bien. »
• Jouer avec le Shaq, un privilège
« Jouer avec un joueur comme le Shaq fut un véritable honneur car il a vraiment marqué l’histoire du basket mondial. Parfois, il m’arrive de penser que j’ai eu beaucoup de chance de pratiquer ce sport aux côtés de personnages comme Steve Nash, Grant Hill et Shaquille O’Neal. Il y a toute une histoire avec ces joueurs exceptionnels. Je ne perds pas de vue qu’avec ces talents-là, on pouvait vraiment gagner le titre NBA. »