Il est l’un des vétérans français en NBA. Depuis maintenant neuf ans, le pivot Ronny Turiaf écume les parquets de la ligue américaine et continue son petit tour des franchises. Aujourd’hui aux Minnesota Timberwolves mais absent pour une durée indéterminée en raison d’une blessure au coude, l’ancien champion NBA a répondu à nos questions avant la rencontre entre son équipe et les Washington Wizards.
Ronny, vous êtes arrivé cet été au sein d’une nouvelle franchise, la sixième en cinq ans, comment se passe votre intégration chez les Minnesota Timberwolves ?
Mon adaptation se passe pour le mieux. Les Timberwolves sont une franchise qui resurgit un petit peu sur le devant de la scène de la Conférence Ouest. L’ambiance au sein du groupe est vraiment excellente et je m’entends très bien avec mes nouveaux coéquipiers. Je suis vraiment heureux d’être là-bas.
Votre rôle au sein de l’équipe sera une nouvelle fois celui de pivot défensif en sortie de banc. Est-ce un rôle que vous embrassez en NBA ?
C’est un rôle qui ne me dérange pas du tout. J’essaye simplement d’aider mon équipe à gagner tout en m’amusant et prenant mon pied sur le terrain. Je considère ce rôle comme une opportunité de pouvoir faire ce que je fais le mieux quand je joue. Après, on me dit souvent que je ne suis qu’un pivot défensif. Oui, je suis un pivot défensif, c’est sûr, mais personnellement je vois ça comme une position très importante, celui de l’homme de l’ombre qui va chercher les rebonds, gêner les joueurs adverses et aider son équipe à aller chercher la victoire.
Avec un bilan de sept victoires pour trois défaites (avant le match face aux Wizards), le bilan de l’équipe est très prometteur. Que pensez-vous des chances des Timberwolves cette saison au sein de la Conférence Ouest ?
Comme dit, avant même que je signe à Minnesota, je savais que c’était une équipe qui avait du potentiel et qui avait une carte à jouer au sein du championnat cette saison. La franchise est passée par de nombreux moments difficiles depuis maintenant de nombreuses années, mais l’arrivée de Flip Saunders et le retour en forme des cadres comme Kevin Love et Ricky Rubio, on a une réelle chance au sein de la Conférence Ouest. A nous de nous donner à fond et de rester concentré pour atteindre nos objectifs.
« On s’inspire des équipes qui gagnent »
Est-ce que vous pensez pouvoir rivaliser avec les meilleures franchises de l’ouest comme les Spurs, le Thunder ou les Clippers ?
Je ne m’occupe pas vraiment des autres équipes. Ce que je veux, c’est gagner chaque match, peu importe l’adversaire. On ne se concentre pas sur les autres mais sur soi-même. Par contre, ce qui est vrai c’est que l’on essaye de s’inspirer des équipes qui connaissent le succès, ce qu’ils sont de bien et ce qu’ils font de moins bien, et d’adapter ces stratégies à notre jeu.
En parlant d’équipes qui gagnent, est-ce que vous avez-eu la chance de pouvoir suivre la superbe victoire de l’Equipe de France de football face à l’Ukraine ?
Je suis vraiment super fier et heureux. Ca me permettra de continuer mes périples au gré des Coupes du Monde. Il faudra donc que je prenne mes billets pour le Brésil pour l’été prochain. Vous savez, c’est toujours dans les moments les plus difficiles et quand on se retrouve dos au mur que l’on voit le vrai visage d’une équipe. C’est un grand moment de bonheur et c’est formidable pour la France.
Toujours sur l’Equipe de France en basket cette fois, est-ce que vous comptez participer aux Championnats du Monde en Espagne l’an prochain si vous êtes en bonne santé ?
Pour l’instant, laissez-moi simplement me remettre physiquement et reprendre la compétition, et puis on verra ça en temps voulu. Pour l’instant, il est beaucoup trop tôt pour envisager quoi que ce soit.
Un mot sur le championnat universitaire. Vous êtes l’un des deux français actuellement en NBA à avoir été formé aux Etats-Unis. Est-ce que vous gardez des contacts avec l’université de Gonzaga ?
Je retourne sur le campus à Spokane chaque année. Je parle à mon ancien coach Mark Few environ une fois par mois et à mon assistant-coach tous les quinze jours. Je suis donc constamment en contact avec l’université, et notre relation dépasse largement le cadre du basket. Nous avons des projets en commun avec les différentes fondations de l’université, mais aussi avec ma fondation « Ronny Turiaf Cœur à Cœur ». Gonzaga et moi, c’est une histoire qui a commencé quand j’avais dix-huit ans et qui ne s’arrêtera jamais.
« J’ai eu la chance de jouer avec les plus grands »
Vous êtes passé par l’INSEP avant de prendre le chemin des Etats-Unis, quels sont selon vous les points forts de la formation NCAA par rapport à la formation « à la française » et vice-versa ?
Je pense qu’il est difficile de réellement comparer les deux modèles. Il faut comparer ce qui est comparable. Ici aux Etats-Unis, les gamins de quatorze à dix-huit ans jouent en High School. En France, après dix-huit ans, il y a très peu de joueurs qui peuvent évoluer chez les espoirs puis en professionnel.
Au fil des saisons, vous avez pu côtoyer les plus grands joueurs de la génération actuelle : Kobe Bryant, LeBron James, Dwyane Wade, Carmelo Anthony, Chris Paul et désormais Kevin Love. Quel est celui qui vous a le plus impressionné, par son talent, son charisme, et ses qualités de basketteur ?
Choisir un joueur au sein de cette liste serait manquer de respect envers les autres car ce sont tous de très grands joueurs. Sur le plan personnel, celui avec lequel j’ai le plus d’affinité et celui avec lequel j’ai passé le plus de temps, c’est Kobe Bryant. On a passé trois ans ensemble aux Lakers, on a appris à se connaître en dehors du terrain et encore aujourd’hui nous sommes très proches. C’est le joueur qui m’a le plus impressionné par sa détermination et sa volonté de travailler sans relâche pour devenir le meilleur joueur au monde. Je pense que sa carrière lui permettra d’être dans la discussion. Mais quand je regarde ma carrière, je me dis que j’ai eu la chance de jouer avec quelques-uns des meilleurs joueurs de tous les temps, et c’est forcément quelque chose de marquant.
Propos recueillis à Washington.