Tandis que Allen Iverson vient officiellement de prendre sa retraite, LeBron James est double champion en titre et vise un triplé historique avec son Heat. Ces deux joueurs exceptionnels incarnent les parfaits spécimens d’enfants dits « du ghetto » qui ont atteint le sommet de la Ligue par leur talent, voire leur génie, sur les terrains de basket. Mais l’idée que la majorité des joueurs NBA sont issus de milieux très pauvres est une idée fausse.
Plus tu nais riche, plus tu as de chances de jouer en NBA
Dans un article du New York Times, Seth Stephens-Davidowitz met effectivement à mal l’idée préconçue que les joueurs NBA sont tels que Lebron James, à savoir nés dans un milieu social défavorable et, parfois même, dans une cellule familiale monoparentale. La vérité, c’est que vivre dans une famille plus aisée permet davantage d’avoir accès à une carrière en NBA.
Les exemples de plus en plus nombreux de fils d’anciens joueurs, tels Stephen Curry, Glen Rice Jr, Tim Hardaway Jr ou encore les anciens Mike Dunleavy voire Kobe Bryant, représentent de fait une tendance forte contre cette idée. Mais ils ne sont pas non plus les extrêmes qui étirent le modèle…
Historiquement, la NBA était connue comme une ligue de drogués et de vedettariat. L’arrivée aux commandes de David Stern en 1984 a profondément changé la donne, à l’époque où un quart des joueurs afro-américains était né d’une mère âgée de moins de 20 ans. Et 60% de ses naissances survenaient hors mariage.
Dans les années 2010, la majorité de joueurs NBA provient d’un milieu social moyen voire aisé. Et si l’on se penche un peu sur la question, on constate que tout cela s’explique assez logiquement.
Les trois avantages d’être « bien né »
1) Le premier d’entre eux est que l’enfant issu d’un tel milieu social est plus apte à développer des qualités « non cognitives » comme la persistance, la confiance et le contrôle de soi. Les histoires pullulent des petits génies du ballon orange issus des ghettos qui ont finalement craqué et n’ont pas réussi de grande carrière en NBA (Korleone Young ou Lenny Cook en tête de liste).
2) Le deuxième avantage est de taille. Il concerne de fait l’alimentation et la plus forte propension à être grand et costaud quand on dispose d’une nourriture riche et variée… et non chiche et avariée ! Les moyennes de taille des effectifs NBA augmentent régulièrement depuis les années 1990 avec pour symbole des extérieurs de plus en plus grands (Michael Carter Williams, Paul George) ou des intérieurs de plus en plus habiles comme les Européens Dirk Nowitzki et Nikola Vucevic que l’auteur inclus dans son étude.
3) Enfin, le troisième facteur qui explique cette tendance est l’ouverture à l’internationalisation. Les joueurs internationaux sont généralement plus grands que les joueurs américains… et ils sont désormais de plus en plus nombreux. La raison essentielle en est que les taux de mortalité infantile ont diminué partout dans le monde, mais encore plus dans le reste du monde qu’aux Etats-Unis. De fait, avec plus de bébés en Turquie ou au Brésil, on a plus de chances de voir un Omer Asik ou un Nene débarquer en NBA.
Ne vous laissez donc plus berner par les discussions de comptoir qui laissent entendre que la NBA est un conte de fées permanent avec des garçons sortis de nulle part qui deviennent soudainement des superstars planétaires. Le Kid d’Akron dans l’Ohio ou le déviant d’Hampton en Virginie sont certes des vitrines pour la Grande Ligue… mais ils sont des exceptions sur le plan socio-économique !