14 ans après, le Magic revient en Finale NBA. Difficile alors d’éviter les comparaisons entre les deux équipes, surtout qu’elles s’axent toutes deux autour d’un pivot dominant.
En 1995, le Magic avait réussi à battre les Bulls du revenant Michael Jordan avant d’être balayé par les Rockets. Hakeem Olajuwon était alors au sommet de son art, dominant successivement David Robinson, MVP de la Ligue, puis Shaquille O’Neal en Finale. O’Neal qui partira aux Lakers au terme de la saison suivante et démantèlera une équipe du Magic pleine de promesses.
Voici donc une affiche « virtuelle » entre le Magic du Shaq et de Penny Hardaway, face au Magic de Dwight Howard.
Qui gagnerait ?
La réponse, point par point, et en vidéos.
Pivot
Le point fort des deux équipes. En 1995, le Magic s’appuyait sur Shaquille O’Neal, un centre à la puissance exceptionnelle, pour désarçonner toutes les défenses. Offensivement, Shaq secouait ses adversaires et créait des espaces pour les shooteurs de l’équipe, notamment à 3 points. Plus fort offensivement, meilleur passeur qu’Howard, l’attaque d’Orlando reposait largement sur lui, ce qui ne lui posait aucun problème.
En 2009, Dwight Howard est le prototype du pivot moderne. Athlétique, mobile, puissant, le jeune floridien manque encore de moves offensifs et a du mal face à des adversaires aussi puissants que lui. Il peut néanmoins réaliser des cartons offensifs si la défense lui laisse trop d’espace ou s’il prend l’avantage physique sur son défenseur. Plus impliqué en défense que son aîné, Howard amène une présence défensive dissuasive, ce que Shaq a toujours négligé.
Avantage Magic 1995
Power forward
Opposition de style en vue. D’un côté, Horace Grant, chien de garde féroce, poste 4 à l’ancienne, gros rebondeur et gros défenseur déjà titré 3 fois avec les premiers Bulls de l’ère Jordan. De l’autre, Rashard Lewis, 4 fuyant, adepte du shoot à 3 points et peu enclin à lutter pour le rebond. Grant était le parfait lieutenant d’O’Neal dans la raquette tandis que Lewis libère de l’espace pour Howard.
Egalité
Small forward
Sans doute le poste faible du Magic 1995. Donald Royal était titulaire suite aux problèmes de dos de Dennis Scott et son rendement était anecdotique. Joueur honnête mais pas plus, Royal faisait le nombre mais apportait finalement assez peu et apparaissait logiquement comme le maillon faible de l’équipe.
Aujourd’hui, Hedo Turkoglu est un joueur mature, doué balle en main et décisif. Son jeu à l’européenne, très technique, lui permet de faire de gros dégâts face à des joueurs très typés américains. Créateur, bon passeur, le turc est celui qui prend les choses en main lorsqu’Orlando doit faire la différence, grâce notamment à sa taille (2m08), largement au-dessus des standards du poste.
Avantage Magic 2009
Shooting guard
En 1995, Nick Anderson, dont le monde se souviendra pour ses lancer-francs ratés lors du premier match de la finale, réalisait l’une de ses meilleures saisons. Profitant du bulldozer O’Neal qui nettoyait les abords de la ligne à 3 point, il alignait les shoots, tournant à près de 16 points par match en saison régulière. S’il n’y avait pas eu cette infamante dernière minute du 7 Juin, Nick « The Brick » aurait sans doute laissé un autre souvenir aux fans.
Mike Pietrus, bien que titulaire en début d’année, a du laisser sa place à Courtney Lee au fil de ses blessures. Le rookie, gros scoreur en NCAA, a su se muer en solide défenseur pour offrir de l’explosivité à un back court privé de ses deux titulaires potentiels.
Egalité.
Point guard
Jameer Nelson avait réussi une brillante saison, sélectionné pour le All-Star Game, avant d’être emporté par une vilaine blessure. Rafer Alston venu pallier l’absence de meneur fiable, le Magic 2009 peut de nouveau s’appuyer sur une ligne arrière intéressante. L’ancienne star des playgrounds new-yorkais a compris qu’il fallait pour lui se muer en joueur efficace pour se faire une place en NBA. Sans coups d’éclat, Skip To My Lou conduit le vaisseau Magic d’une main sûre mais sans génie.
Ceux qui ont vu Anfernee Hardaway jouer ces dernières années ne peuvent pas se rendre compte du joueur exceptionnel qu’il était à ses débuts. Avant que sa carrière ne soit brisée par des blessures récurrentes, Penny apparaissait comme le futur de la NBA. Très grand pour le poste, doté d’un sens de la passe ahurissant, aérien, fluide, élégant, Hardaway était un esthète du jeu et rendait ses coéquipiers lumineux. Qui sait quelle empreinte il aurait pu laisser si ses genoux l’avaient laissé tranquille…
Avantage Magic 1995.
Coach
Deux coach honnêtes, capable de gérer un groupe sans heurts. Stan Van Gundy et Brian Hill n’ont jamais été des maitres tacticiens à la Phil Jackson mais ont su s’appuyer sur les qualités de leurs équipes tout en gardant sous contrôle les luttes d’égo. Hill était d’ailleurs revenu à Orlando de 2005 à 2007 avant d’être remplacé par… Stan Van Gundy.
Egalité
Banc
Dennis Scott était la seule solution réelle du Magic 1995. « 3D », spécialiste du shoot à 3 points, pouvait amener le danger mais le reste de l’effectif était court, ce qui a coûté très cher à l’équipe et épuiser les titulaires.
Le banc du Magic 2009 ne regorge pas non plus de talent et seul Mickael Pietrus semble apporter lorsqu’il entre sur le terrain. Féroce défenseur, bon shooteur à 3 points, le français s’impose comme le facteur X de l’équipe. Ajoutez à ça un peu d’expérience avec Anthony Jonhson et Tony Battie, des possibilités intérieures avec Marcin Gortat et quelques shoots extérieurs avec JJ Redick et vous obtenez un banc correct, sans être merveilleux.
Avantage Magic 2009.
Verdict
Au final, le Magic 1995 nous semble plus fort. Avec un O’Neal qui chamboula totalement la perception du poste de pivot et un Anfernee Hardaway au sommet de son art, cette équipe semblait prête à régner sur la NBA de l’après Jordan. Tombée sur un Olajuwon injouable, détruite par la vénalité d’O’Neal, elle ne se relèvera que bien plus tard, avec l’apparition d’un nouveau monstre intérieur, Dwight Howard. Encore vert, le nouveau Hulk pourrait, à terme, apporter à Orlando ce que Shaq ne lui a jamais donné, un titre.