Comme d’habitude, il est arrivé les mains dans les poches, lunettes vissées sur un crâne luisant de son éternelle sueur naissante, et son sourire d’animateur de télé-achat matinal. L’affable Mike Brown avec diction professorale est du genre Tefal : sur lui, rien n’accroche. Pour le sortir de ses gonds devant la presse, il faut dépasser une ligne rouge qu’il incite par sa gentillesse à ne jamais franchir.
Quand la pression monumentale qui l’attend est encore un mois devant lui, Brown et sa bonhomie attachante discourt avec recul et analyse. Le temps n’est pas encore son ennemi. Ni les médias qui l’attendent au centre du parquet du centre d’entraînement, en fin de Media Day.
L’apport de Nash et Howard
Ce sont tous les deux de supers gars. Les discussions que j’ai eues avec Steve Nash étaient géniales, il est attachant. Il veut et va être apprécié. Quand tu as ses qualités, c’est facile de se faire des amis. Le temps que j’ai passé avec Dwight depuis qu’il est arrivé a été exceptionnel aussi. Les années que j’ai passées avec LeBron James ont été superbes, donc je suis impatient de travailler avec ces gars, pour leur qualités humaines d’abord. Et puis en plus, ils se débrouillent pas mal avec un ballon (rire). En attaque, je compte sur Steve pour rendre tout le monde meilleur. Une fois qu’il a le ballon dans les mains, il rend le jeu plus facile pour tout le monde. Pour Dwight, ce sera pareil en défense. Avec lui tu sais que tu as un joueur qui ne va jamais rien laisser passer, qui s’impose en permanence. Il a un jeu de jambes rapide, il est grand et athlétique et sait courir comme n’importe quel meneur pour revenir en défense sur la transition adverse. Il va rendre tout le monde meilleur de ce côté là du terrain, ça cachera les quelques erreurs qu’on peut avoir collectivement.
Les attentes
Je ne sais pas quelles étaient vos attentes, mais moi je voulais et espérer gagner le titre (sourire). On a été déçu mais pas abattu et dès l’élimination, les gars ne pensaient qu’à la saison suivante et repartir au combat. On aurait facilement pu dire « on ne s’est pas laissé faire contre OKC, on a fait ci et on a fait ça », mais non on a été battus et on les a félicités et ils ont terminé champions de la conférence. Rien ne change cette année dans la manière dont on aborde la saison. Il y a un mot qui est essentiel dans cette équipe, c’est celui de respect. Respect envers tes coéquipiers, envers le processus collectif, envers l’aventure commune que l’on vit ensemble. A chaque fois qu’un gars met un pied sur le parquet, il agit au service des Lakers, pour l’équipe, pour aller au bout de la mission. Chaque décision prise amènera chacun un plus près ou un pas plus loin de son but et donc du nôtre. Ces gars prennent ça vraiment à coeur, beaucoup arrivent plus tôt et s’entraînent parfois deux fois plus qu’on leur demande. Ils ne se préparent pas seulement mentalement mais aussi physiquement. Ils sont tous en grande forme.
Princeton Offense
On va garder quelques aspects offensifs de l’an dernier mais on va appliquer beaucoup des principes de Princeton. On sent, le staff et moi-même, que toutes les pièces du puzzle s’emboîtent parfaitement pour l’instant et on est impatient de voir ça en action. J’ai toujours été fasciné par ce système depuis mes années à Cleveland. Chaque saison quand j’étais là-bas, on affrontait les Wizards au premier tour des playoffs et pour moi, c’est l’attaque la plus difficile sur laquelle défendre à cause de l’espace et du mouvement de la balle. Si tu transformes des joueurs en robot, c’est le système dans lequel ils seraient le plus à l’aise car au final, il est simple. C’est pour ça que je l’adore, mais jusque-là je n’ai pas eu l’opportunité ou la compréhension suffisante pour la mettre en pratique sur le parquet avec mes joueurs. Je n’avais pas l’équipe pour ça à Cleveland car LeBron est un joueur de pick and roll et on faisait la même chose que Miami aujourd’hui. On jouait sur ses forces et qualités. Ici, ça fait un an que je suis avec cette équipe, elle est extrêmement intelligente, son QI basket est énorme. Mais son intelligence émotionnelle l’est également.
Changements dans le staff
Quand j’ai appelé Messina l’année passée, le deal était clair : il venait pour un an, et on voyait après la saison. Il est très respecté en Europe et il allait avoir des opportunités, comme celle qu’il a eue de retourner dans un club qu’il aime pour faire un travail qu’il aime. Lui et Quin (Snyder) sont devenus très proches pendant la saison et Quin a voulu goûter à autre chose, vivre une nouvelle aventure. Sa femme et lui ont décidé de suivre Messina, c’est comme ça mais ça permet de changer de direction, ce que je souhaitais aussi.
La comparaison avec le Big 4 de 2004, Boston et Miami
En 2004, quand les Lakers ont recruté Karl Malone et Gary Payton, ils avaient déjà Kobe et Shaquille dans leurs plus belles années. Tu peux regarder, analyser et essayer de comprendre ce qui s’est passé mais je n’étais pas dans le vestiaire, donc je ne peux pas savoir pourquoi ça n’a pas marché. Idem à Miami il y a deux ans. Ils avaient peut-être des problèmes, des histoires à régler, je ne sais pas. La seule chose que je sais par contre, c’est que Boston en 2008 était en mission à chaque match, ils jouaient comme une équipe soudée. Donc chacun peut spéculer sur tout un tas de choses, la seule certitude aujourd’hui c’est qu’on doit faire attention à nous, à qui nous sommes et à ce qu’on doit faire pour y arriver. Bien sûr, tout le monde préférerait que la phase d’adaptation soit déjà terminée, mais comme je l’ai expliqué aux joueurs, ça fait partie du parcours. Il y aura des hauts et des bas et la façon dont on réagira et dont on abordera les problèmes vont déterminer notre championnat. Rien n’est acquis et on doit respecter cette loi.