Le 2 mars 1962 n’est pas une date comme les autres pour les historiens du basket américain puisqu’elle coïncide avec un record. Le plus mythique de tous : 100 points en une rencontre par un seul joueur, un seul homme, Wilt Chamberlain.
47 ans plus tard, ce record tient toujours et alors qu’il n’y a aucune vidéo de cet exploit, n’importe quel basketteur ou fan de la NBA en a entendu parler.
C’est comme çà que naissent tout simplement les légendes.
Mais, avant de revenir sur ce record et son héritage, replaçons-nous dans le contexte de l’époque.
Un début de carrière fulgurant
Chamberlain est drafté en 1959 par les Philadelphie Warriors après avoir fait un tour avec les Harlem Globe Trotters. Il débute sa carrière le 24 octobre, et finit sa saison rookie avec 37,6 pts et 27 rebonds par match !
Il est évidemment élu rookie de l’année mais aussi MVP, une 1ere dans l’histoire (Wes Unseld sera le 2ème à réaliser cet exploit en 68-69 et Candace Parker en WNBA en 2008)
La saison suivante, il score 38,4 pts et prend 27 rebonds par match, on comprend déjà alors que ce joueur va marquer son sport.
Sa troisième saison sera l’apothéose de sa carrière d’un point de vue individuel avec une moyenne juste ahurissante de 50,4 pts/match ! Accompagné de 25,4 rebonds, mais, petit paradoxe il ne sera pas MVP, ces confrères lui préférerons son ennemi intime, Bill Russell…
Avant ce fameux 2 mars 1962, il a déjà scoré 60 pts ou plus à 17 reprises dont une pointe à 78 en triple prolongation contre les Lakers.
Un soir d’histoire
Le 2 mars 1962, Wilt et ses Warriors se déplacent à Hersey, en Pennsylvanie pour affronter les Knicks de New York.
Après un quart temps, l’échassier (son surnom) avait déjà scoré 23 pts, et à la mi-temps il est à 41 pts mais la 2ème mi-temps va le voir entrer dans les livres d’histoire.
28 pts en 3ème quart-temps et le voilà à 69pts, à seulement 9 unités de son précédant record, 78 pts, qui est aussi le record dans l’histoire de la ligue à cette époque.
Dès lors les spectateurs s’impatientent de voir à combien Wilt va terminer. Des « Give it to Wilt ! » résonnent dans tout la salle et les joueurs de Philadelphie vont suivre les ordres….
Et c’est sur un dunk qu’il atteint les 100 pts. A ce moment la foule, peu nombreuse avec seulement 4 124 personnes présentes dans la salle, envahit le terrain et le submerge.Il reste pourtant 46 secondes à jouer…
On ne sait pas vraiment si ses dernières secondes ont été jouées. Aujourd’hui, 47 ans après, peu importe, la performance est là.
La vérification est impossible car aucune vidéo n’existe de ce match, seul un enregistrement radio est disponible sur internet.
Al Attles, joueur des Warriors avait déclaré après son match à 78 pts:
« C’est seulement une question de temps pour qu’il atteigne les 100pts ».
Son coach, Frank Mcguire pensait la même chose :
« J’ai toujours pensé que c’était inévitable qu’il le fasse, mais quand il l’a fait, je me suis arrêté et j’y ai pensé, je ne pouvais pas y croire ».
Au final, les Warriors ont gagné ce match 169 à 147 et Chamberlain a explosé tous les records : 100 pts donc (avec 25 rebonds tout de même) mais aussi 63 shoots tentés et 36 rentrés, 28/32 au lancer francs. C’est une énorme perf’ pour lui, car il tournera en carrière à 50%…
Deux autres records tombent aussi ce soir là : 59 pts en une mi-temps et 31 en un quart-temps. Le premier tient toujours, Kobe Bryant ayant marqué « seulement » 55 pts, le 22 janvier 2006. Le deuxième est battu d’abord par George Gervin puis ensuite par Carmelo Anthony plus récemment avec 33pts.
Un héritage énorme
Presque un demi siècle plus tard, ce record tient toujours. Seul Kobe Bryant est parvenu à s’en approcher le 22 janvier 2006 avec ses 81 pts contre les Raptors.
Même si à l’époque cet exploit est passé quasi sous silence, son impact aujourd’hui est énorme ;: c’est le record le plus symbolique de la NBA et la photo de Chamberlain avec son écrit « 100 » est resté dans les esprits.
Chamberlain avouera même que ce match n’est pas son préféré. Il garde plus d’estime en lui pour sa performance de 55 rebonds (record NBA) contre le pivot défensif des Celtics, Bill Russell, son meilleur ennemi.
A noter que pour l’anecdote, ce record de Chamberlain n’est sûrement pas le plus imbattable.
En effet cette même saison, The Stilt a joué 3882 minutes en 80 matchs. C’est-à-dire 48,5 minutes par match, alors qu’un match dure 48 minutes ! Cela s’explique par les nombreuses prolongations jouées par les Warriors cette année là.
Chamberlain arrêtera sa carrière en 1973 avec seulement deux titres en poche mais 20 000 femmes séduites… L’histoire conserve à jamais sa flopée de records et il est entrée au Hall of Fame en 1978.
Il nous a quitté le 12 octobre 1999, d’un arrêt cardiaque à seulement 63 ans.