L’arrivée de Dwight Howard à Los Angeles confirme que les Lakers ont une relation très étroite, voire fusionnelle, avec les pivots dominants.
Depuis la création du club en 1947 à Minneapolis (surnommé « La terre aux 10 000 lacs » d’où le nom de Lakers), la franchise hollywoodienne a quasiment toujours eu dans ses rangs le meilleur pivot de la NBA. En fait, si l’on élabore un Top 5 des meilleurs pivots de l’histoire, seuls Bill Russell et Hakeem Olajuwon n’ont pas joué aux Lakers.
Points communs avec Chamberlain, Jabbar et O’Neal, Howard arrive à Los Angeles avec une réputation bien établie : il est déjà le meilleur pivot de la NBA. Mais ce n’est qu’en jouant aux Lakers, et en y étant titré, qu’il pourra changer de statut et devenir une légende du jeu.
Retour donc sur cette tendance qui explique largement le succès de la franchise aux 16 titres de champions dans l’histoire de la NBA.
George Mikan, le précurseur
La légende commence ici. George Mikan, première grande star de la NBA, arrive aux Lakers en 1947, même si la première saison officielle de la NBA ne commence qu’en 1949-1950.
Il va rester 8 saisons, remporter 5 titres de champions NBA et réussir le premier triplé de l’histoire entre 1952 et 1954. Il termine sa carrière NBA en 1956. Durant sa carrière, assez courte (mais normale pour l’époque), il va connaître 10 fractures et multiplier les points de suture.
Premier pivot dominant, Mikan change les règles du jeu et force le basket à changer. Notamment avec l’invention du goaltending et la mise en place du chrono des 24 secondes. Il est le meilleur joueur des années 50.
Ses stats à Los Angeles : 439 matches, 22.3 pts et 13.4 rebonds.
Wilt Chamberlain, le monstre
Le 9 juillet 1968, Wilt Chamberlain arrive en Californie, le nouveau bastion des Lakers depuis la déménagement à Los Angeles 8 ans plus tôt. Arrivé en 1958 dans la ligue, Chamberlain est alors considéré comme le meilleur joueur de tous les temps. Le plus dominant, le plus puissant, le plus monstrueux basketteur jamais vu. L’homme aux 100 points va poser ses valises dans son immense villa de Bel Air pour 5 saisons, et y finir sa carrière.
Mais c’est un Chamberlain nouveau pour les Lakers. Moins scoreur, plus défenseur et plus passeur, le grand Wilt n’a pas besoin d’autant marquer que par le passé, car autour de lui, il y a deux des meilleurs joueurs de l’histoire : Jerry West et Elgin Baylor.
Il est une tour de contrôle défensive et avec sa présence, sa force, sa détente et son sens de l’anticipation, « Stilt » devient l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire. Pour preuve de son sacrifice défensif, il va prendre plus de rebonds que marquer de points pendant ses années Lakers.
Un titre de champion en 1972 viendra couronner une saison de légende à 69 victoires dont 33 de suite (record NBA), dont Chamberlain, malgré qu’il n’ait marqué que 14.8 pts de moyenne, sera le grand artisan.
Ses stats à Los Angeles : 340 matches, 17.6 pts, 19.1 rebonds, 4.2 passes.
Kareem Abdul Jabbar, le recordman
Deux ans après la retraite de Chamberlain, Kareem Abdul Jabbar débarque à Los Angeles avec un titre en poche, gagné en 1971 avec Milwaukee, 3 titres de MVP et deux titres de meilleur marqueur. Il est le futur de la NBA au poste de pivot et c’est aux Lakers qu’il va adopter les fameuses « goggles ».
Les premières saisons sont jalonnées de succès individuels, il est élu MVP dès sa première saison aux Lakers, mais il rate les playoffs. La saison suivante, il réalise le doublé pour le MVP, mais les Lakers ne décollent pas. Il faut attendre 1979 et l’arrivée de Magic Johnson pour que les Lakers deviennent la meilleure équipe des années 80. Il est de nouveau élu MVP en 1980
Jabbar joue 8 finales entre 1980 et 1989, il remporte 5 titres dont un MVP des Finals en 1985 (à 38 ans !). Sa relation technique avec Magic est l’une des plus exceptionnelles de l’histoire de la NBA. Homme respecté, mais discret, Jabbar impose son élégance très feutrée sur une ville pleine de strass et de paillettes. Même si, comme Shaquille O’Neal, il va s’essayer au cinéma (« Jeu de la Mort », « Y’a-t-il un pilote dans l’avion »…).
Il devient, devant Chamberlain, le meilleur marqueur de l’histoire de la NBA et devient le pivot le plus sacré de l’histoire des Lakers.
Ses stats à Los Angeles : 1093 matches, 22.1 pts, 9.5 rebonds, 2.4 contres.
Shaquille O’Neal, le bulldozer
L’arrivée de Shaquille O’Neal est l’événement de l’été 1996. Présent dans la ligue depuis 1992, Shaq a déjà tout détruit sur son passage. Finaliste NBA et meilleur marqueur en 1995, le Shaq est amené à prendre le contrôle de la ligue après Michael Jordan.
Les saisons de 1996 à 1999 sont compliquées, Shaq domine mais ne gagne pas. Les échecs en playoffs et les sweeps contre Utah s’enchaînent.
Mais en 2000, avec l’éclosion de Kobe Bryant et l’attaque en triangle de Phil Jackson, tout change. Sa saison 1999-2000 est l’une des plus énormes de l’histoire de la NBA, et son triplé 2000-01-02 va faire de lui, le joueur le plus dominateur avec Chamberlain.
Shaq ne peut pas être arrêté, c’est impossible. Physiquement, il est hors norme, même pour les meilleurs pivots des années 2000. Showman par excellence, la ville va l’adopter et en faire une icône. Cinéma, musique, Shaq a conquis Los Angeles.
Coïncidence, hasard ou signe du destin, Shaq quitte la Californie le 14 juillet 2004, trois semaines plus tôt, le Magic avait drafté Dwight Howard. Ce même Magic qui avait déjà drafté le Shaq.
Ses stats à Los Angeles : 514 matches, 27 pts, 11.8 rebonds, 2.48 contres.
Une tradition à respecter
A 27 ans, Howard veut écrire sa propre légende à Los Angeles, mais le défi qui l’attend est beaucoup plus grand que ça. Il doit s’inscrire dans la légende car tous les grands pivots qui l’ont précédé ont gagné des titres aux Lakers. Si Chamberlain n’en a gagné qu’un, les trois autres en ont gagné 13 !
Comme Shaq en son temps, Howard est la quintessence du pivot californien. Il est jeune, charismatique et doué. Excepté O’Neal, aucun pivot n’a réuni toutes les qualités possible pour la ville de Los Angeles. Mikan évoluait dans une époque non médiatisée, Chamberlain était en fin de carrière, Jabbar jouait dans l’ombre de Magic Johnson. A l’inverse, Shaq était un showman, en pleine possession de ses moyens, et il a réalisé ses plus belles années à Los Angeles et profité à fond de la ville et de son exposition.
Surnommé « Superman » comme le Shaq, Howard devra faire de même. O’Neal l’a déjà prévenu que la pression serait énorme, et qu’on ne lui pardonnerait rien.
A Howard de prouver qu’il est bien de la trempe des plus grands. Kobe Bryant a promis de lui laisser les clés des Lakers à sa retraite. A lui de les mériter en allant chercher son premier titre.