Houston, douze ans après

La dernière fois que Houston avait atteint le deuxième tour des playoffs, Jacques Chirac était président de la république monarchique française et n’avait pas dissous l’assemblée nationale, Bill Clinton n’avait pas encore fait mumuse avec un cigare et Monica Lewinski dans le secret de la Maison Blanche, Aimé Jacquet n’était pas un héros national mais un zéro incompris et Michael Jordan jouait encore au basket.

Autant dire que le Toyota Center a connu les joies des grands soirs jeudi après la victoire 92-76 sur des Blazers trahis par ses lieutenants. Artest et Yao ont pris leurs responsabilités pour le match le plus important de la saison. Place maintenant aux Lakers.

Ron-Ron a les crocs. Il a faim, la bave aux lèvres. Bloqué à 37% de réussite aux shoots depuis le début de la saison, l’ailier texan a prouvé qu’il était un champion jeudi soir: dans le premier match décisif de la série, il sort de sa boîte pour enquiller 27 points, à une unité de son record en playoffs.

« Les fans étaient tellement heureux de passer le premier tour alors que moi je me disais « je ne suis pas content de juste atteindre le deuxième tour ». Ce n’est pas notre but. Ce n’est pas celui de Cleveland, Boston et LA. Ce n’est pas non plus le nôtre« , commentait Artest dans le vestiaire euphorique d’une franchise venant de mettre fin à sept éliminations consécutives au premier tour.

Yao Ming a lui aussi pris ses responsabilités de leader, notamment dans le deuxième quart-temps, où Houston fera la différence (31-18). Drafté en 2002, le géant chinois chasse la malédiction. Enfin.

« C’est un grand pas pour moi. Même quand le temps tournait je ne voulais pas y croire, mais c’est devenu réalité. Mais maintenant que tu goûtes à des moments pareils, tu ne peux pas t’arrêter là« , assure le meilleur pivot de la ligue avec Superman.

Vous l’avez compris, les Rockets sont ambitieux face aux Lakers, malgré le sweep subi en saison régulière devant Kobe et sa troupe. Aarons Brooks (13 pts) et Shane Battier (9 rbds) ont confirmé le solide collectif de Houston, plus fort sans T-Mac c’est désormais incontestable.

Le malaise pour Portland jeudi soir est justement venu de l’absence de lieutenants en soutien des deux commandants Aldrige et Roy. Le duo a fait le travail avec 48 pts à 20-38 aux shoots. Mais derrière, Waterloo morne plaine : 28 pts à 10/33 pour les 9 joueurs à avoir foulé le parquet. Steve Blake a pris le bouillon devant Brooks, Fernandez s’est troué dans les grandes largeurs, Oden a confirmé sa méforme (sera-t-il un jour la star annoncée ?), seul Outlaw sort du lot mais il a été maladroit. Difficile dès lors d’arracher un septième match à domicile.

« C’est une belle expérience. Tous les gars sont contents de la belle saison réalisée mais il y  a un goût amer dans la bouche car on a le sentiment qu’on aurait pu mieux jouer cette série« , positive Brandon Roy.

Pour ses premiers playoffs depuis 2003, Portland n’a pas assumé son statut de tête de série n°4 mais cette équipe était très jeune, trop jeune. Pour les Rockets, le futur passe par le Staples Center dès lundi. Je rappelle ici pour flatter ma propre petite personne que dans ma présentation de cette série, j’avais prédit une victoire 4-2 des Rockets. D’aucuns m’avaient accusé de parti pris, de manque d’objectivité. Je suis prêt à recevoir leurs excuses. Le muguet avec n’est pas obligatoire.

Résumé du match