Il est 22h30 mercredi soir dans le vestiaire exigu des Mavs. Le champion vient de perdre son deuxième match de rang sur un tir primé au presque buzzer. Alors que Matrix s’étire sur la moquette à quelques centimètres, Ian Mahinmi est prostré.
L’ancien Havrais ne pipe pas un mot, comme perdu dans ses regrets. Il rumine, psalmodie. Cela dure cinq minutes. On lui propose de remettre ça à plus tard, il refuse. Rendez-vous était pris, il l’honore.
Le pivot de Dallas s’est appliqué pour répondre aux 13 questions que Basket USA avait sélectionnées. Quelques secondes et il décrochera même un sourire, oubliant ponctuellement ses maudissements. Ian s’est prêté au jeu avec plaisir et disponibilité, on le remercie encore.
Ian, comment sont tes relations avec Mark Cuban ? Sera-t-il d’accord pour ta participation éventuelle aux JO ? (michael_young)
J’ai de très bonnes relations avec Mark, il n’y a pas de problèmes avec ça. Si jamais j’étais amené à être sélectionné en équipe de France pour les JO, ça serait un honneur pour la franchise et pour Mark d’avoir un Français ou deux, si Rodrigue l’est aussi, dans l’équipe de France olympique. Donc je le répète, il n’y pas de problème sur ce sujet là.
Avec quel joueur des Mavs t’entends-tu le mieux ? (storybasketball)
Hormis Rodrigue, j’ai beaucoup d’affinités avec Dirk et Brendan Haywood.
La possibilité de participer aux JO de Londres est-elle la raison de ton bon début de saison? (Firesseed)
Strictement rien à voir. La raison de mon bon début de championnat s’explique par le fait que mon rôle a changé, je suis désormais back-up donc je joue plus et je peux mieux m’exprimer. Mes coéquipiers me font confiance et me trouvent bien, donc ça n’a rien à voir avec les JO.
Comment as-tu vécu cette non sélection avec les Bleus pour la dernière compétition européenne?
J’ai déjà expliqué de fond en comble ce qui s’était passé. Une non sélection c’est un choix du sélectionneur qu’il faut respecter, c’est comme ça.
Le joueur de la ligue qui est le plus dur à défendre ? (lucasguiggi)
Y’en a pas mal des colosses à l’intérieur, mais ceux qui sont le plus compliqués à défendre sont les joueurs de poste bas qui peuvent scorer comme Bynum, Blake Griffin, Chris Bosh, Paul Millsap et Al Jefferson. Je pourrais en citer plein d’autres. Mais c’est vrai que je me retrouve souvent contre des 4, et ceux qui sont agiles dans la raquette sont les adversaires les plus rudes.
« Mes modèles : Hakeem Olajuwon, puis Kevin Garnett et Amare Stoudemire »
Ian, quel était ton joueur référence quand tu as débuté le basket ? (The Cavs Back)
Il y a eu Hakeem Olajuwon, un joueur qui j’ai beaucoup aimé. En terme d’intérieur et de move, tu peux pas faire mieux. Après au fur et à mesure, y’a eu les années KG, dont j’adorais l’énergie, puis Stoudemire au tout début.
Qu’as-tu ressenti quand tu as serré la main de Barack Obama ? (JrueHoliday)
C’est un sentiment assez fort de serrer la main du président. C’est pas tous les jours que t’as l’occasion de faire ça. On a pu échanger quelques mots avant de monter sur le podium, il m’a dit que j’étais le gars GQ de l’équipe comme j’avais un beau noeud de papillon et une belle chemise (sourire). Ce moment restera gravé dans ma mémoire. Quand je serai retraité je pourrai dire à mes enfants et mes petits enfants « bon cette année là on a été champion NBA et l’année d’après on est allé à la Maison Blanche, j’ai parlé avec Barack », et tu montres les photos. C’est historique et je suis content de l’avoir fait.
Pourquoi portes-tu ce numéro ? (Aien73)
Parce que je me suis fait drafter au 28e choix en 2005. A la base mon numéro c’est le 5, mais quand je suis arrivé à San Antonio Robert Horry le portait. Forcément je n’ai pas pu le dégager donc j’ai pris le 28. Depuis je le garde car je l’aime bien.
Si tu devais n’en choisir qu’un seul, quel aspect de ton jeu perfectionnerais-tu ? (mathodman)
Dans la quête de la perfection tu peux toujours faire plus et te perfectionner offensivement. Cela passe par le shoot, le drive ou bosser ta main gauche. J’ai encore beaucoup de choses à progresser mais si je devais n’en choisir qu’un, ça serait le shoot. C’est important d’avoir un shoot consistant et je le travaille énormément.
Quel est le meilleur pivot que tu as affronté depuis que tu es en NBA ? (minus_et_CORTEX)
Lors de ma première année avec les Spurs, quand y’avait Alonzo Mourning et le Shaq à Miami ça a été un de mes premiers matches. Ce fut un grand choc pour moi, surtout physiquement car je n’étais pas prêt. Ce fut très difficile.
Si tu pouvais piquer un « move » à un joueur, ce serait lequel ?
Pas facile celle là car j’ai quand même eu de sacrés gars comme mentors. Aux Spurs j’ai eu Tim Duncan, Mr Fondamentaux. Tim il a ce petit move où il s’efface, se met face au panier et shoot avec la planche. C’est ultra efficace. J’ai pas forcément envie de le piquer mais quand tu as ça dans ton arsenal, c’est une arme imparable.
En dehors du basket, je voudrais savoir si le Texas correspond à tes attentes et à tes rêves d’enfant ? (Exta Pass)
Honnêtement j’ai jamais vraiment rêvé des Etats-Unis et de la NBA quand j’étais petit. Etant jeune, je pensais d’abord devenir joueur de football professionnel. Avec le temps je suis tombé amoureux de basket, mais de là à dire que le Texas correspond à mes rêves d’enfant ça serait mentir. Mais je m’y sens bien, c’est un état très agréable à vivre.
Tu commences à avoir du temps de jeu et tu le met bien à profit. Cependant tu fais encore beaucoup de fautes et cela pose problème. Comment travailles-tu cela et quels sont tes objectifs pour la saison ? (Flooo88p)
Les fautes c’est une question d’expérience. Dans cette ligue, y’a certaines règles qu’il faut vraiment intégrer. Il y a des matches où je suis bien et d’autres moins concernant les fautes et je fais un gros travail vidéo pour voir celles que j’ai faites et comment je pourrais ne pas les prendre. Il y en a quelques une que je peux vraiment éviter, mais comme je l’ai dit c’est une question d’expérience. Plus les matches vont, plus je me sens à l’aise et moins je fais de fautes « stupides ».
« Quand Chandler est parti, je me suis dit que j’avais une opportunité à saisir »
En tant que fan des Mavs j’ai regardé tout les matches l’année dernière et cette année je trouve que les joueurs, notamment Odom, Nowitzki et Terry, te cherchent beaucoup plus. C’est voulu ? (Jeff Hooo77p)
C’est vrai que Jet, Dirk et Lamar me cherchent beaucoup sur le terrain et c’est une marque de respect que je souligne. On se trouve bien et c’est dû au fait qu’on a un an de vécu, à part pour Lamar. Avec lui c’est une connexion qu’on améliore match après match, mais pour les autres on a ce passif derrière qui nous sert. Après en terme de placement, ce qui est bien dans notre système c’est que si tu es au bon moment, au bon endroit les gars vont te trouver. On fait beaucoup tourner le ballon, beaucoup de mes points viennent de passes et ça me facilite la tâche.
Ton placement sur le terrain, tes picks and roll sont très bons cette saison. T’es-tu entraîné sur ça ?
Non pas trop, c’est plus des habitudes et de l’alchimie.
Tu as l’air plus en osmose avec tes coéquipiers que l’année dernière, est-ce une impression ?
Non ce n’est pas une impression. Comme je l’ai dit, on se trouve bien et on se passe énormément la balle. J’ai toujours eu la confiance de mes coéquipiers, mais avec mon statut de back-up, je me sens encore mieux.
Le départ de Chandler, comment l’as tu ressenti ? Comme une perte importante pour l’équipe, ou comme une marque de confiance du staff à ton encontre ? (alexminot)
Tyson c’était notre coeur et notre roc, quand il est parti ça a été inattendu. Je ne dirais pas dur à avaler mais je ne m’y attendais vraiment pas, Mais en même temps, au fond de ma tête je me suis dit que ça m’ouvrait des opportunités rêvées. La première réaction ça a donc été « wow on perd Tyson ». Mais dans la foulée, je me suis dit « enfin je vais avoir une opportunité, à moi de la saisir ».
Propos recueillis par Benjamin Adler, à Los Angeles