Les performances en trompe-l’œil d’Austin Rivers

De prime abord, l’adaptation d’Austin Rivers au jeu universitaire se passe pour le mieux. 14.2 points de moyenne pour un freshman à Duke, c’est plutôt remarquable.

Sauf qu’en allant au-delà des chiffres, on s’aperçoit que le fils du coach des Celtics a encore beaucoup à apprendre, et qu’il n’est pas encore la grande vedette annoncée.

Il suffit ainsi de le voir regarder jouer quelques minutes pour s’apercevoir qu’il a encore beaucoup de mal sur les rotations défensives, que sa vision du jeu est plus que limitée, et que sa sélection de shoot est parfois surprenante. Résultat, Rivers est l’un des joueurs les moins efficaces de la NCAA. C’est ESPN qui le démontre sur son Playbook.

Son avant-dernier match contre Tennessee en est une parfaite illustration : 18 points mais à seulement 6/15 aux tirs en manquant 5 des 6 premiers, des pertes de balle critiques et des tirs grands ouverts délaissés au détriment de layups contestés.

Avant ce match contre Tennessee, le freshman avait compilé au total 53 points en 58 possessions et 37 tirs, ce qui représentait une moyenne de points par possession (PPP, une stat qui prend en compte toutes les possessions qui se terminent avec un tir, une passe ou un turnover) de 0.879, soit la 1109e meilleure de NCAA.

Compte-tenu de ses capacités athlétiques, le point faible de Rivers n’est pas le plus évident à première vue. Il s’agit en fait de sa difficulté à monter la balle au panier en situation d’isolation. Sur ces situations, sa moyenne de PPP tombe à 0.588, assez pour le placer dans les 25% plus mauvais joueurs de NCAA. Embêtant pour un joueur dont ces situations constituent 29% des possessions offensives.

Autre point positif à première vue, son comportement en pick and roll. Cela représente 45% de ses possessions, et Rivers shoote à 68.8% et récolte la faute 15% du temps. Sauf qu’il perd aussi la balle presque une fois sur quatre ! Un coup dur pour la fluidité offensive de Duke qui joue sans vrai meneur…

En voici l’illustration sur cette action. Rivers utilise bien l’écran, passe le premier défenseur avec une hésitation, un autre vient alors en aide, le joueur de Duke a alors le choix de shooter ou de passer le ballon, à la place il choisit de continuer sa route vers le panier, provoquant une faute offensive.

Mais la force de Rivers, et c’est Coach K. qui le dit, c’est qu’il apprend vite. La preuve avec le match de cette nuit face à Michigan. Il perd encore des ballons bêtement mais il inscrit surtout les paniers importants. Il est le « feu » du backcourt de Duke aux côtés de « l’eau » Seth Curry. Ni l’un, ni l’autre ne sont de vrais meneurs, mais leur complémentarité est prometteuse, et permet aujourd’hui à Duke d’être invaincu après six matches.