[Métier] Coordinateur vidéo : l’oeil du coach

Personnage méconnu du paysage basket, le coordinateur vidéo est néanmoins un maillon essentiel de la chaîne alimentaire de la ligue.

Envoyé spécial permanent de l’équipe, il voyage en solitaire et assiste à des rencontres NBA aux quatre coins des Etats-Unis, dans sa quête sans fin d’informations.

Que fait un scout auprès d’un coach NBA ? Un exemple simple : en cours de saison, il pond un DVD sur mesure pour Coach Karl avec tous les tirs à 3-points qu’ont pris les Mavericks contre les Nuggets, ainsi que ceux pris contre les Spurs. Le résultat : Denver ne fera pas prise à deux automatique sur Nowitzki. Un pari osé, mais appuyé par des sessions vidéo poussées ! C’est le jeu.

Basket USA a rencontré Jesse Mermuys, scout pimpant et sympa des Denver Nuggets.

Busa : comment devient-on scout pour les Denver Nuggets ?

JM : Simplement en coachant, en travaillant, en montant petit à petit les échelons. J’ai commencé au niveau universitaire, ce qui est généralement le premier pas sur l’échelle du coaching vers la NBA.

Quelle université as-tu fréquenté ? Y a-t-il une formation particulière à avoir ?

J’étais à la fac d’Arizona [diplôme en Management en 2004]. J’ai travaillé là-bas d’ailleurs [avec Lute Olson notamment de 2006 à 2008]. J’ai aussi roulé ma bosse dans plusieurs petites écoles des environs, au niveau Junior College [Tucson’s Salpointe Catholic High School de 2001 à 2003 ; Pima Community College en 2003-04], et puis au niveau universitaire avec des facs de division I [Southern Utah University en 2005-06 ; New Mexico State University en 2006 ; et donc Arizona]. Et puis, j’ai fini par trouver un poste de coordinateur vidéo au sein des Nuggets [en 2008]. Il n’y a pas de parcours typique, il faut simplement engranger de l’expérience.

Denver est donc ta première équipe NBA…

JM Oui. C’est mon premier contrat dans la ligue, j’ai travaillé à d’autres postes dans l’équipe et puis je suis arrivé maintenant à ce statut de coordinateur vidéo.

En tant que scout, quel est ton rôle ?

Tu dois t’assurer que tu es toujours en avance sur l’équipe. On arrive en général quelques jours avant les matche dans les villes où l’équipe va jouer pour prendre la température, relever les systèmes mis en place…

[George Karl entre alors dans la pièce et s’offusque gentiment de la présence d’un journaliste pour interviewer son scout : « Mais pourquoi tu as une caméra avec toi ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu veux me prendre ma place ! (rire général) ». L’entretien se terminera dans les couloirs du Ford Center car Coach Karl doit se préparer pour le game 2.]

Es-tu davantage assigné à relever des systèmes offensifs, ou défensifs ?

Tout ! On essaye d’amasser le plus d’informations possibles. Mais avant toute chose, on doit impérativement relever les annonces de systèmes, leurs noms de sorte que quand nos gars viennent jouer, ils connaissent les noms des systèmes et savent à quoi s’attendre dans les rotations et le schéma de jeu. Mais en fait, on veut collecter le plus d’informations possibles. Sur les tendances des joueurs ; s’ils aiment plutôt partir en dribble sur leur main gauche, ou partir à droite avant d’effectuer un renversement. Plus tu auras d’infos, mieux le head coach sera prêt et pourra préparer ensuite son équipe.

Mais au fil des saisons, cela signifie que vous avez amassé un stock de données énorme, non ?

C’est vrai. Ce qui se passe, c’est qu’on arrive à avoir des « bibliothèques » sur tel joueur ou sur tel coach. Par exemple, pour les décisions de coach dans les 5 dernières minutes des matches. On s’attache à répertorier les tendances fortes. Encore une fois, on veut ramasser le plus d’infos possibles.

Pour finir, un mot sur votre matériel

J’ai sept lecteurs DVD et autant de magnétoscopes. Je suis abonné à tous les bouquets satellites afin de pouvoir suivre simultanément les Arizona Wildcats ou n’importe quel autre match qui se déroule sur le territoire américain. Et bien sûr, l’inévitable MacBook.

Propos recueillis par Emmanuel Laurin, envoyé spécial à OKC.