« From jeers to cheers » (« des huées aux applaudissements » ) : au-delà de la rime, le titre du cahier sports du San Antonio Express-News daté du mardi 1er octobre, orné d’une large photo avec Victor Wembanyama (20 ans) et Chris Paul (39 ans), tout sourire, en train de se « checker », est éloquent. Il résume à lui seul la relation entre « CP3 » et les Spurs et la nouvelle vie qui s’offre à toute la franchise texane.
« From jeers to cheers ».
La Une du cahier sports du San Antonio Express-News [@ExpressNews] du mardi 1er octobre avec Victor Wembanyama et Chris Paul, un duo tant attendu à l’aune de saison 2024-2025 des Spurs. pic.twitter.com/O6N0J89432
— Théo Quintard (@TheoQuintard) October 2, 2024
Autrefois détesté à Alamo City, le meneur douze fois All-Star, qui entame sa 20e saison NBA dans le sud du Texas, espère aider San Antonio à retrouver la lumière. « San Antonio a la culture de la victoire depuis des années et des années », soulignait-il, lundi, lors du « media day » des Spurs. « Je viens simplement ici pour m’assurer que mes coéquipiers en sont les dignes héritiers. »
Équipe la plus jeune de la NBA la saison passée (23 ans et demi de moyenne) et avant-derniers de la conférence Ouest (22 victoires – 60 défaites), les Spurs ont longtemps souffert d’un manque d’expérience et de leadership avant que Victor Wembanyama, trop souvent esseulé dans le jeu, prenne de l’épaisseur au fil des mois. Le poste de meneur a d’ailleurs été l’un des principaux chantiers du « coaching staff » texan : le passage à la mène de Jeremy Sochan en début de saison n’ayant pas donné grande satisfaction, Tre Jones, du haut de ses 23 ans de l’époque, a assuré l’intérim en attendant un renfort d’un autre calibre à l’intersaison.
La nouvelle voix du vestiaire des Spurs
Très vite, l’opportunité de signer Chris Pau au début de la « free agency » est devenue immanquable pour le « front office » des Spurs, surtout que Brian Wright, le GM des Spurs, est proche de « CP3« . Mais ni Pop, ni les fans ne s’attendent à ce que Chris Paul affiche un niveau All-Star.
La conversation téléphonique de l’historique coach des Spurs avec son nouveau meneur au début de l’été s’est d’ailleurs résumée à trois mots.« Je lui ai dit : ‘Sois Chris Paul' », rembobine Pop. « Je ne vais probablement pas le coacher, mais juste essayer de lui expliquer quelle est notre stratégie, comment nous jouons, ce que nous cherchons à faire et lui donner quelques informations ». Ce à quoi le principal intéressé, qui semble abandonner l’idée d’un titre NBA qui le fuit depuis toujours, a répondu : « Il va toujours m’entraîner et je veux qu’il le fasse, comme il le devrait ». Parce qu’après une expérience infructueuse avec les Warriors, où il a souvent commencé en sortie de banc, il veut prouver, malgré le poids de l’âge et les blessures à répétitions, qu’il est toujours l’un des meilleurs meneurs de la ligue.
Après avoir été entrainé par Steve Kerr, Mike D’Antoni, Doc Rivers ou Monty Williams, il a maintenant l’opportunité de collaborer avec l’entraîneur le plus victorieux de l’histoire NBA.
Une expérience texane, cinq ans après son passage chez les voisins des Rockets, sous la forme d’un (dernier) défi d’une riche carrière qu’il aborde avec envie, se disant « ravi d’être avec les Spurs et d’être la voix (de Pop) dans le vestiaire » et prêt à « apporter sa compétitivité » et, assure-il dans un large sourire, « probablement montrer à Victor comment dunker ».
L’exemple du Thunder
Faire grandir cette équipe et lui donner les moyens de se battre pour le play-in voire les playoffs le plus longtemps possible résonne comme la principale raison de l’arrivée de Chris Paul à San Antonio. Une expérience que le meneur vétéran des Spurs avait déjà connue au Thunder, où il avait contribué à la progression de Shai Gilgeous-Alexander, alors dans sa deuxième saison NBA, en 2019/20.
Bien avant que l’occasion de le recruter devienne tangible, Gregg Popovich, pourtant peu enclin à distribuer des compliments dans la presse, avait eu ces mots après la courte défaite des Spurs chez les Warriors, à la mi-mars : « C’est l’un des meilleurs compétiteurs de tous les temps dans la ligue ». Un discours qu’il a peu ou prou renouvelé lors du « media day » au Victory Capital Performance Center, lundi, précisant qu’il « doit parfois [se] pincer quand [il] le regarde au quotidien ».
Chris Paul « a une envie de transmettre », selon Wemby
Aux côtés d’un Harrison Barnes (32 ans) débarqué des Kings, Chris Paul – les deux seuls joueurs à dépasser les 30 ans dans l’effectif actuel des Spurs – jouera un rôle de grand frère auprès des plus jeunes, y compris avec Victor Wembanyama. « Il sera un merveilleux mentor pour nos jeunes », soulignait Gregg Popovich, à propos du « Point God », meilleur passeur en activité (11 894 réalisations au compteur), seulement devancé par John Stockton et Jason Kidd dans l’histoire. « Il apportera son expérience, son éthique de travail et son professionnalisme à nos jeunes. »
Son duo avec Victor Wembanyama, élu rookie de l’année à l’unanimité et désormais favori pour le titre de défenseur de l’année, sera sans doute l’un des plus scrutés chez les Spurs. « J’ai hâte (de jouer avec lui) », lançait, lundi Wemby, avec entrain, qui compte devenir « leader par l’exemple » des Spurs. « C’est un joueur que je me souviens avoir beaucoup regardé enfant. On sait que ça va bien coller avec nous car il a cette envie de transmettre. On veut le laisser être lui-même. » Et Chris Paul compte bien « l’aider à comprendre qu’avec ses qualités, il peut tout faire ».
Longtemps un adversaire difficile des Spurs
Les fans des Spurs connaissent Chris Paul de longue date : à l’époque du « Big Three » (Tim Duncan – Manu Ginobili – Tony Parker), l’ancienne vedette des Hornets de La Nouvelle-Orléans a notamment poussé les Spurs, champions NBA en titre, à un Game 7 épique en demi-finale de conférence en 2008, avant de sortir San Antonio, alors champion NBA 2014, lors du premier tour des playoffs en 2015, cette fois avec les Clippers.
« J’ai détesté Chris Paul pendant de nombreuses années mais comme tout le monde, je le respecte énormément », avoue sans fard, coach Gregg Popovich. « Car c’était difficile de jouer contre lui parce que c’est vraiment un joueur intelligent. (L’affronter) était toujours un défi parce qu’il pense plus vite que nous, les coachs. »
Hier rivaux, aujourd’hui alliés, « CP3 » et Pop espèrent, à présent, amorcer la création d’une nouvelle dynastie avec le « Roi Victor ».
De notre correspondant à San Antonio (États-Unis).