Nouvelle salle du Thunder : aux habitants d’OKC de se prononcer

« Ces gens ont gagné près de 2,7 milliards de dollars et ils vont nous dire qu’ils ne peuvent pas se permettre une salle d’un milliard de dollars ? » Agent immobilier basé à Oklahoma City, Nick Singer, est de ceux qui s’interrogent localement sur le potentiel plan de financement d’une nouvelle salle pour le Thunder.

Les propriétaires de la franchise, un groupe d’hommes d’affaires locaux qui avait acheté l’équipe pour 325 millions de dollars (équipe désormais évaluée à plus de 3 milliards de dollars selon Forbes), vont participer à hauteur de 50 millions de dollars sur un montant de 900 millions de dollars. Soit 5% du total.

Soixante-dix millions de dollars supplémentaires liés à une taxe sur les ventes, précédemment approuvée et destinée à l’amélioration de la salle actuelle, doivent également être injectés. Le reste ? C’est à la population locale d’en décider. Les électeurs d’Oklahoma City doivent se prononcer mardi, s’ils approuvent une taxe sur les ventes (sorte de TVA) de 1% sur six ans pour participer au financement de la construction.

Le risque, en cas de vote défavorable, serait que la ville subisse le même sort que Seattle : perdre l’équipe du Thunder au profit d’un autre marché. Car la franchise accepterait également de rester dans la ville pendant 25 ans, dans leur nouvelle antre, dont l’ouverture est prévue avant la saison 2029-30.

Pas de plafond ?

Mais certains habitants et experts qui ont étudié les partenariats public-privé estiment que l’accord est bien plus avantageux pour les riches propriétaires de l’équipe que pour le résident moyen.

« Il s’agit d’une somme énorme imposée aux citoyens, ce qui ne semble pas être une utilisation très responsable de notre argent », dénonce une habitante, citée par Associated Press, qui s’inquiète pour les ménages les plus modestes.

Nick Singer, qui a lancé un groupe d’opposants « Achetez votre propre salle », et d’autres considèrent qu’il n’y a pas de garantie absolue que les propriétaires du Thunder décident de rester à OKC malgré tout. Et s’interrogent par ailleurs sur l’absence de plafonds de prix dans les prévisions du coût de l’infrastructure.

« La personne qui a négocié ce projet pour la ville d’Oklahoma City devrait être renvoyée pour incompétence », s’emporte J.C. Bradbury, professeur d’économie de l’université de Kennesaw en Géorgie, bon connaisseur de la question, qui développe : « Lorsque vous me dites qu’une salle coûtera au minimum 900 millions de dollars sans aucun plafond, vous venez de vous engager à construire un stade d’une valeur de 2 milliards de dollars. C’est de loin le pire accord pour une salle que je n’ai jamais vu négocier d’un point de vue public. »

Des économistes défavorables

Selon le maire d’Oklahoma City, David Holt, une lettre d’intention entre la ville et les propriétaires du Thunder spécifie que tout excédent engendré par la fameuse taxe sera utilisé pour achever la nouvelle arène ou sera placé dans un fonds pour de futurs travaux d’entretien ou d’amélioration.

« Le fait d’avoir une équipe sportive professionnelle de premier plan impose le respect, et que les gens se rendent compte que la ville doit avoir suffisamment d’habitants, d’entreprises et de moyens pour accueillir l’une des plus grandes marques du monde », poursuit l’élu qui constate, dans ses échanges avec des investisseurs, qu’OKC a un poids qu’elle n’avait pas avant d’obtenir la franchise.

Là où pour certains, les retombées économiques futures d’une telle construction sont indéniables, d’autres sont beaucoup plus sceptiques. Un groupe d’une vingtaine d’économistes locaux a publié une lettre, début décembre, pour encourager un vote négatif sur la nouvelle salle, qui, selon eux, n’aurait pas d’impact significatif sur la croissance économique et détournerait plutôt l’argent public d’autres besoins tout en contractant de nouvelles dettes…