Interview Dirk Nowitzki : « on est une bande de vétérans emmenée par un fossile »

À presque 33 ans, Dirk Nowitzki a l’occasion de gagner son premier titre NBA avec les Dallas Mavericks après la finale manquée de 2006.

Sur sa route se dressent à nouveau Dwyane Wade et le Miami Heat, renforcés ette fois-ci de LeBron James et Chris Bosh. Le défi s’annonce relevé, mais ne fait pas peur à l’Allemand qui avoue avec humour avoir en Jason Kidd un fossile comme coéquipier.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ces finales NBA ?

On a eu un beau parcours en playoffs jusqu’à présent, on a battu de grosses équipes, mais il nous reste le plus dur avec cette équipe de Miami et ses trois superstars ainsi que les joueurs autour qui sont capables de mettre des tirs. C’est un gros challenge, mais nous avons des vétérans prêts à le relever. Ça fait une éternité qu’ils sont dans la ligue, ils veulent juste gagner et comme ils ne sont pas égoïstes, ils sont prêts à faire les sacrifices qu’il faut. Cette fois, on commence la série à Miami, mais on a montré qu’on pouvait gagner à l’extérieur. On l’a fait à Portland une fois, à Los Angeles deux fois et à Oklahoma City deux fois.

Vous avez eu l’occasion de quitter Dallas l’été dernier. Pourquoi êtes-vous resté ?

Vous savez, j’ai fini par écouter mon coeur. J’avais l’impression qu’on avait encore du travail à faire après 2006. J’ai eu un super entretien avec Mark (Cuban) et tout ce dont j’avais besoin, c’était d’être sûr qu’il allait continuer à bâtir cette équipe et continuer à s’investir pour que l’on puisse jouer le titre. Donc nous voici en finales à nouveau. J’espère qu’on pourra les gagner cette fois-ci.

« L’héritage que je laisserai m’importe peu »

Avec tout ce que vous avez fait dans votre carrière, quelle importance a un titre NBA pour vous ?

Il y a plein de discussion sur ce que serait mon héritage avec ou sans titre. Je ne m’inquiète pas vraiment pour ce genre de choses, j’essaie juste d’être dans la meilleure équipe et de gagner pour le club et mes coéquipiers. Ce que je vais laisser ne m’intéresse pas pour le moment, on pourra en parler quand ma carrière sera terminée. Je préfère me concentrer sur le présent.

Comment avez-vous fait pour garder votre motivation intacte ces dernières saisons ?

S’il y a une chose que j’ai apprise en NBA, c’est que rien n’est acquis. Il y a tellement de choses qui entrent en jeu : les blessures, l’équipe et tout simplement l’environnement en général. L’année après la finale, on a gagné 70 matches (67 en réalité), on pensait que c’était notre année et puis il a suffi d’un mauvais match-up pour nous et sans qu’on n’ait le temps de s’en apercevoir, on était sorti des playoffs dès le premier tour. Donc on ne sait jamais ce qui va se passer. Ça nous a pris cinq longues années pour être enfin de retour à ce stade de la compétition et faire partie des deux équipes encore en course. J’espère qu’on saura en profiter.

« Comme LeBron rentre ses tirs, c’est encore plus difficile de défendre »

Qu’avez-vous pensé l’été dernier quand LeBron, Dwyane et Chris ont décidé de jouer ensemble ? Qu’ils étaient les favoris ?

Sur le papier, oui. Ça leur a pris du temps pour apprendre à jouer ensemble en novembre et décembre. D-Wade était blessé, il a manqué toute la pré-saison et après, c’est normal qu’ils aient rencontré des problèmes. Mais depuis le Nouvel An, c’est une équipe complètement différente. Ils sont bien meilleurs défensivement et en attaque ils sont très forts. Ce n’est plus du tout la même équipe qu’en début de saison. Ils l’ont montré lors de ces playoffs.

En défense, par où allez-vous commencer face à cette équipe de Miami ?

C’est dur… C’est sûr qu’on aimerait empêcher ces gars de pénétrer, parce qu’ils provoquent beaucoup de fautes et vont marquer leurs points sur la ligne des lancers-francs. Mais je pense que c’est l’approche des 29 autres équipes et personne n’a vraiment été capable de le faire, surtout en playoffs. Et comme en plus, LeBron rentre ses tirs maintenant, ça les rend encore plus difficiles à défendre. Il va vraiment falloir qu’on soit bien en place pour qu’ils aient à attaquer face à cinq joueurs, parce que en un-contre-un, personne ne peut les arrêter.

À quel point votre expérience et celle de vos coéquipiers ont été importantes pour vous hisser jusqu’ici ?

Notre expérience a été d’une grande aide car nous sommes passés par tellement de choses, ça aide à relativiser. Grâce à ça, on se remet assez rapidement d’une grosse défaite ou d’une grosse victoire, on sait garder la tête froide. Donc oui, on est une bande de vétérans emmenée par Jason Kidd, qui est un fossile, mais il est génial des deux côtés du terrain et il continue de mener cette équipe.

Propos recueillis par notre envoyé spécial à Miami.