Trois ans plus tard, on prend les mêmes et on recommence, puisque l’affiche de la finale de conférence Ouest 2023 des playoffs sera identique à celle de 2020 dans la « bulle » d’Orlando. À l’époque, les Lakers s’étaient imposés aisément (4-1) face aux Nuggets mais, cette année, la donne est quelque peu différente.
Déjà, parce que LeBron James a pris de l’âge (38 ans) et cela joue inévitablement sur le plafond collectif des « Purple & Gold », certes séduisants depuis le début des playoffs. Ensuite, parce que les coéquipiers de Nikola Jokic, revanchards, ont terminé en tête de leur conférence et paraissent mieux armés que jamais collectivement, en plus de posséder l’avantage du terrain.
Autant dire que l’on risque d’avoir affaire à une opposition particulièrement intéressante entre les deux franchises les plus séduisantes de ces playoffs et, en l’état, c’est Denver qui nous semble partir avec une longueur d’avance sur Los Angeles. Sauf que les Californiens sont désormais des habitués des « upsets » et, après avoir fait chuter Memphis puis Golden State, ils se verraient bien faire tomber le leader de l’Ouest qui, lui, envisage de poursuivre son parcours autoritaire.
PRÉSENTATION DES NUGGETS
Les titulaires : J. Murray, K. Caldwell-Pope, M. Porter Jr, A. Gordon, N. Jokic
Les remplaçants : R. Jackson, I. Smith, B. Brown, C. Braun, P. Watson, Je. Green, V. Cancar, Z. Nnaji, T. Bryant, D. Jordan
Absents : C. Gillepsie
Le coach : M. Malone
Ne serait-ce pas là le meilleur effectif jamais assemblé par Denver autour de Nikola Jokic ? Le cinq de départ est aussi équilibré que costaud, avec trois –voire quatre– joueurs de calibre All-Star, quelques défenseurs ont été signés (Kentavious Caldwell-Pope, Bruce Brown) et la « trade deadline » a permis d’enregistrer les arrivées de rotations qui peuvent rendre des services sur quelques minutes précieuses (Reggie Jackson, Thomas Bryant). Sauf que le banc n’est pas le plus influent qui soit, l’ensemble ne respire pas tout le temps la sérénité et on se pose encore des questions quant aux chances des Nuggets lorsqu’ils seront vraiment sous pression.
POINTS FORTS
– L’axe Jamal Murray/Nikola Jokic. Les deux premiers tours l’ont confirmé : entre un Murray qui semble né pour les batailles de fin de saison et qui parvient à élever son niveau de jeu au meilleur moment, ou un Jokic au sommet de son art et de son basket, les Nuggets peuvent s’appuyer sur un duo de très, très grande classe, qui peut faire tourner beaucoup de monde en bourrique. D’autant plus important quand on sait que LeBron James et Anthony Davis ne manqueront pas de les pousser dans leurs retranchements, alors que cette « guerre des tandems » sera sans doute l’une des bascules de cette série.
– Une attaque de feu. Leaders à l’efficacité offensive dans ces playoffs (118.7 points inscrits sur 100 possessions), les Nuggets n’ont aucun mal à faire sauter les verrous adverses jusqu’à présent, sous l’impulsion de Nikola Jokic et Jamal Murray bien sûr. Une base de travail solide pour cette équipe qui ne gâche que très peu au shoot (49%, dont 38% à 3-points, et 82% aux lancers) ou avec le ballon (12 pertes de balle), en plus de dominer dans la raquette (54 points dans la peinture), sanctionner en contre-attaque (16 points) et de bien faire vivre le ballon (283 passes, dont 25 décisives).
– La solidité face aux grosses équipes. Face aux équipes du Top 6 de la conférence Ouest, les Nuggets possèdent un bilan de 17 victoires et 6 défaites. La preuve que les hommes de Michael Malone ont été capables cette année d’élever leur niveau quand l’adversaire est de taille et cela tombe bien : comme chaque match de playoffs est une affiche, les excès de confiance ne sont guère fréquents, alors que l’on a parfois vu Denver se faire surprendre par les moins bons élèves de la ligue. Jusqu’à présent, les joueurs des Rocheuses se montrent en tout cas globalement intraitables.
POINTS FAIBLES
– Un banc trop limité ? La bataille des remplaçants vaudra une nouvelle fois son pesant d’or dans cette série car, à l’inverse des Lakers, les Nuggets ne sont pas réputés pour disposer d’une « second unit » productive et régulière. Pour l’heure, Michael Malone a fait le choix de n’utiliser principalement que trois remplaçants (Bruce Brown, Christian Braun et Jeff Green), ce qui limite son champ des possibles pour tenter d’inverser positivement le cours d’un match. Et, même si les titulaires récoltent la quasi totalité des minutes en playoffs, il est important de pouvoir tenir et/ou accélérer les rares moments où ils se reposent.
– Quelles références en playoffs ? Si l’on excepte le contexte particulier de la « bulle » d’Orlando, qui leur avait permis de se qualifier en finale de conférence en effaçant deux retards de 3-1 (mais sans avantage du terrain à proprement parler), les Nuggets n’avaient passé que deux tours de playoffs sous l’ère Nikola Jokic avant cette année. Entre blessures et limites collectives, Denver n’a jamais vraiment pu aborder une campagne de playoffs en pleine possession de ses moyens et on se demande toujours si ce groupe, parfois fragile, peut assumer son rang et être réellement pris au sérieux, au-delà de la saison régulière.
– Les limites défensives de Nikola Jokic ? Mike Malone et son staff ont fait du gros travail pour masquer au mieux les limites défensives de Nikola Jokic, que les Suns n’ont d’ailleurs pas réussi à exploiter au tour précédent. Les Lakers peuvent-ils mieux y parvenir, avec la mobilité d’Anthony Davis et l’agressivité au cercle des ailiers comme LeBron James, Jarred Vanderbilt ou Rui Hachimura ? C’est une clé majeure pour Los Angeles…
PRÉSENTATION DES LAKERS
Les titulaires : D. Russell, A. Reaves, L. James, J. Vanderbilt, A. Davis
Les remplaçants : D. Schröder, Ma. Beasley, L. Walker IV, T. Brown Jr, R. Hachimura, W. Gabriel, M. Bamba, T. Thompson
Absents : /
Le coach : D. Ham
Tronquée par les blessures des uns et des autres, la saison des Lakers a cependant été sauvée par les échanges effectués en cours de route, qui ont notamment permis d’obtenir D’Angelo Russell, Jarred Vanderbilt et Rui Hachimura. De quoi entourer LeBron James et Anthony Davis avec des profils plus influents et complémentaires à leur jeu que ne l’étaient Russell Westbrook, Patrick Beverley, Kendrick Nunn ou encore Thomas Bryant. Jusqu’à présent, cela se traduit sur le parquet, puisque le collectif angeleno cartonne avec cinq joueurs différents à 10+ points de moyenne en playoffs. Un effectif à la fois solide et bien armé, donc.
POINTS FORTS
– Un collectif en place. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les Lakers ne dépendent plus autant de LeBron James et Anthony Davis car, outre cette paire LeBron/Davis, D’Angelo Russell, Austin Reaves, Dennis Schröder, Rui Hachimura ou encore Lonnie Walker IV sont en mesure de faire basculer un match à tout moment. Darvin Ham semble ainsi avoir trouvé l’équilibre qui lui manquait collectivement et, aujourd’hui, on se demande tout simplement si l’effectif de Los Angeles n’est pas le mieux armé depuis le titre dans la « bulle » d’Orlando, ou carrément sous l’ère-James…
– Une défense de qualité. Dans le sillage du tentaculaire Anthony Davis, qui ne cesse d’accumuler les contres depuis le début des playoffs, les Lakers proposent des séquences défensives pour le moins étouffantes, puisque tout le monde fait les efforts pour le bien du collectif (107 points encaissés sur 100 possessions). La faiblesse demeure dans le « backcourt », ce qui peut inquiéter contre Jamal Murray, mais dans le « frontcourt », la taille, la polyvalence et la puissance des « Purple & Gold » peut en gêner plus d’un. Une bonne nouvelle, à l’approche de cette féroce opposition avec les Nuggets.
– La dynamique. Grâce au travail et à l’audace de Rob Pelinka, les Lakers ont renversé une situation mal embarquée à partir de la « trade deadline ». À tel point qu’ils se sont imposés comme la meilleure équipe de la conférence Ouest après le All-Star Break, alors que LeBron James a pourtant manqué un mois de compétition. Forts d’une défense efficace, les Californiens ont lancé pour de bon leur saison et ils se dressent en épouvantails de ces playoffs, car ils restent guidés par deux des 10/15 meilleurs joueurs de la ligue, eux-mêmes épaulés par une belle armée de « role players », en confiance.
POINTS FAIBLES
– Une adresse à 3-points fluctuante. Les changements opérés à la « trade deadline » leur ont, certes, apporté plus de danger derrière l’arc, mais les Lakers restent capables de connaître de sérieux trous d’air dans ce domaine, ce qui ne profite évidemment pas à leur jeu, qui a besoin d’espace pour laisser LeBron James et Anthony Davis manoeuvrer comme il le faut. Les progrès sont là depuis le All-Star Weekend, mais ce n’est pas encore au niveau des meilleures équipes de la ligue. Problématique, car il le faudra pour faire fructifier de bonnes possessions défensives et car la domination intérieure ne suffira probablement plus sur la durée.
– Les minutes sans Anthony Davis. Plus que jamais, les Lakers semblent dépendants de leur intérieur dans ces playoffs. On a ainsi affaire à une équipe totalement différente quand « AD » est là et quand il n’est pas là, lui qui possède le quatrième meilleur différentiel des playoffs (+90). Jusqu’à présent, on a donc pu régulièrement constater que Los Angeles se retrouvait en difficulté (mais résistait) quand Davis se reposait quelques minutes contre les Grizzlies ou les Warriors, alors que Darvin Ham privilégiait l’option « small ball ». Sans doute inenvisageable de le tenter contre Nikola Jokic et consorts.
– La santé. Depuis la mise en place de l’association LeBron James – Anthony Davis, les Lakers ont remporté un titre, échoué en playoffs quand Davis s’est blessé, puis raté les playoffs quand les pépins physiques de LeBron et Davis ont (re)fait surface. Au complet, on pourrait donc dire qu’ils n’ont pas encore trouvé plus fort qu’eux et, s’ils souhaitent aller au bout cette année, il leur faudra continuer d’espérer que leur duo majeur reste à 100% suffisamment longtemps. Pas impossible, mais pas garanti pour autant, pour ces deux profils fragiles…
LES CLÉS DE LA SÉRIE
– Qui pour ralentir Nikola Jokic ? Il y a trois ans, on se souvient que Frank Vogel avait privilégié l’option Dwight Howard pour gêner le « Joker » et cela s’était avéré efficace. Sauf que le coach et le pivot ne sont plus à Los Angeles aujourd’hui et Darvin Ham va devoir se creuser la tête pour empêcher le double MVP de tourner en 35/13/10 comme en demi-finale de conférence. Le choix logique serait de lui coller Anthony Davis voire LeBron James sur le dos, mais cela leur vaudrait de laisser en route l’énergie nécessaire pour peser en attaque et peut-être que Jarred Vanderbilt, Wenyen Gabriel ou Rui Hachimura se relaieront sur Nikola Jokic.
– L’influence défensive d’Anthony Davis. Comme Nikola Jokic est un poison en attaque, capable de punir depuis n’importe quel endroit du terrain, il y a fort à parier pour qu’Anthony Davis soit régulièrement missionné en défense pour le contenir au mieux. Or, si « AD » venait à devoir aller chercher le « Joker » au large, il ne pourrait plus patrouiller comme habituellement près du cercle et cela limiterait son apport de ce côté du parquet, en plus d’ouvrir l’accès au panier aux attaquants de Denver. Un casse-tête en perspective pour le coaching staff des Lakers, qui devra donc trouver le meilleur équilibre défensif dans cette série.
– LeBron James tiendra-t-il le choc ? À 38 ans passés, le « King » n’a évidemment plus ses jambes d’autrefois et, même s’il semble monter en régime au fil des jours, on le sait diminué physiquement, car pas totalement rétabli de sa blessure au pied de février dernier. Il n’est donc pas impossible de le voir se faire opérer pendant l’été et, en ce sens, les Nuggets tenteront assurément d’épuiser autant que possible l’ailier des Lakers, en le défendant notamment avec Aaron Gordon et Jeff Green, ou en l’obligeant à défendre sur Nikola Jokic. Un test grandeur nature en perspective, pour la carcasse du quadruple MVP…
– Jamal Murray ne devra pas buller. Comme il y a trois ans dans la « bulle », et certainement plus encore cette année, le Canadien se devra d’appuyer sur l’une des faiblesses des Lakers : le niveau de leur « backcourt » en défense. Comme D’Angelo Russell et Austin Reaves ne sont pas les meilleurs défenseurs de la ligue, il y a un avantage à prendre dans ce secteur et, même si Dennis Schröder devrait avoir un rôle important à jouer pour ralentir Jamal Murray, tel Jarred Vanderbilt par exemple, le meneur de Denver doit pouvoir dominer coûte que coûte, avec sa capacité à scorer et créer pour ses coéquipiers, tout en régularité.
SAISON RÉGULIÈRE
Égalité, 2-2
– 26 octobre : Denver – Los Angeles (110-99)
– 30 octobre : Los Angeles – Denver (121-110)
– 16 décembre : Los Angeles – Denver (126-108)
– 9 janvier : Denver – Los Angeles (122-109)
VERDICT
L’attaque la plus efficace des playoffs contre la défense la plus efficace des playoffs, dans une affiche qui ne ressemble en rien à une traditionnelle opposition entre une tête de série #1 et une tête de série #7. Sur le papier, on ne pouvait ainsi imaginer mieux que ce Nuggets/Lakers à l’Ouest et la bataille promet d’être acharnée.
Ici, l’avantage du terrain pourrait en tout cas valoir son pesant d’or, car les deux franchises n’ont pas encore perdu à domicile dans ces playoffs. De quoi rendre essentiels les deux premiers matchs dans le Colorado, entre une équipe qui a pris l’habitude de virer à 2-0 au sortir du Game 2, contre Minnesota puis Phoenix, et l’autre qui a pris l’habitude de chiper le Game 1 sur la route, contre Memphis puis Golden State, avant de capitaliser sur cette avance.
En l’état, les interrogations nous semblent davantage présentes dans le camp californien, car on a du mal à imaginer l’équation Nikola Jokic être résolue durablement, alors que Jamal Murray devrait pouvoir se régaler offensivement face à des défenseurs un poil limités pour le tenir.
Et, même si LeBron James et Anthony Davis sont deux joueurs capables de réaliser des merveilles de chaque côté, leur influence pourrait être mise à mal par les « matchups » avec lesquels ils devront composer. Or, il les faudra sans doute à 110% constamment pour que Los Angeles passe sur le corps de ce Denver-là.
Denver 4-3
CALENDRIER
Game 1 : à Denver, mardi 16 mai (02h30, dans la nuit de mardi à mercredi).
Game 2 : à Denver, jeudi 18 mai (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi).
Game 3 : à Los Angeles, samedi 20 mai (02h30, dans la nuit de samedi à dimanche).
Game 4 : à Los Angeles, lundi 22 mai (02h30, dans la nuit de lundi à mardi).
Game 5* : à Denver, mercredi 24 mai (à déterminer, dans la nuit de mercredi à jeudi).
Game 6* : à Los Angeles, vendredi 26 mai (à déterminer, dans la nuit de vendredi à samedi).
Game 7* : à Denver, dimanche 28 mai (à déterminer, dans la nuit de dimanche à lundi).
* Si nécessaire.