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Les blogs de la rédaction

France – Espagne, un jour sans fin

Par  — 

Eurobasket – Une fois de plus, la France a craqué face à l’Espagne. Pourtant, comme en 2015, c’était une occasion en or d’inverser les courbes.

A regarder le palmarès des dernières éditions de l’EuroBasket, on ne peut s’empêcher d’imaginer la France en nouveau maître de l’Europe. Depuis 2013 et le premier titre majeur du basket tricolore, et si l’on fait exception du raté de 2017, 2015 et 2022 étaient deux occasions en or de renverser la maison espagnole et de prendre la suite. En bonne et due forme… Mais il n’en a rien été.

S’il est traditionnellement allemand au foot, le réalisme est définitivement espagnol pour la balle orange !

En 2015, au lendemain d’une victoire mémorable en Coupe du monde, chez les Espagnols, il y avait la possibilité de prendre le pouvoir, chez nous, à Lille. Sur le parquet, ce mélange explosif de trois grosses générations, avec la dernière danse des « 81-82-83 » (Parker, Diaw, Piétrus, Gélabale), l’arrivée à maturité des « 87-88 » (De Colo, Batum…) et l’émergence de la nouvelle vague des « 91-92 » incarnée par Evan Fournier et Rudy Gobert. Clairement, on avait une équipe fantastique, et une occasion unique de vaincre la malédiction espagnole. A la maison. Une bonne fois pour toutes…

Mais la défaite en demi-finale (en prolongation face aux 40 points de Pau Gasol) fut un traumatisme. Un coup d’arrêt terriblement frustrant pour de nombreuses raisons, tactiques notamment. Sur place pour couvrir l’événement, ce match reste encore aujourd’hui parmi l’un de mes souvenirs les plus douloureux.

La plaie à peine refermée. Et pour cause…

Le coup de chaud de Juancho

Sept ans plus tard, avec une équipe montée à la va-vite et une phase de préparation réduite à sa portion congrue en amont d’un championnat d’Europe au plateau parmi les plus relevés de l’histoire, la défaite des Bleus (en finale) n’a souffert d’aucune contestation. Bien sûr, la frustration reste le sentiment dominant, mais la suprématie collective des Espagnols n’a laissé planer aucun doute.

Bien en place du début à la fin, si ce n’est pour cette fin de première mi-temps et le seul temps fort français, les joueurs ibères ont respecté leur plan de jeu à la lettre, à base de grosse pression défensive et de systèmes sérieusement déployés en attaque. Menés de main de maître par Don Sergio Scariolo, qui empile les titres dans son armoire à trophées avec un total de quatre médailles d’or à l’Euro plus une autre à la dernière Coupe du Monde (plus deux médailles olympiques), les Espagnols ont été au diapason collectivement, les uns venant à l’aide des autres dès les premières actions, par exemple quand Rudy Gobert cherchait Guerschon Yabusele dans une relation « poste haut, poste bas » résultant sur une balle perdue, la première d’une longue série.

Sans innovation tactique particulière mais dotée d’un fonds de jeu tout simplement sain et riche en fondamentaux, la Roja a encore rougi les fesses françaises.

Une démonstration de basket de haut niveau marquée au fer rouge par le coup de chaud de Juancho Hernangomez (27 points à 7/9 à 3-points), un Bo Cruz malheureusement plus vrai que nature hier !

Sans discipline, le talent n’est rien

Le matin même de la finale, je pensais pourtant bien que celle-ci était pour nous (comme en 2015, me direz-vous). En termes de talents purs, avec Gobert et Fournier en leaders, et Yabusele et Heurtel en lieutenants, les Bleus semblaient au-dessus. Et si on regarde l’effectif au cas par cas, l’effectif tricolore comptait bel et bien plus de joueurs NBA (4 contre 3) et plus de joueurs Euroleague (5 contre 2) que l’Espagne. Dirk Nowitzki lui-même était d’accord avec moi…

Mais le talent ne sert à rien si ce dernier n’est pas encadré par de la discipline et de la rigueur. Et de la patience aussi…

En manque de talents individuels, sur le papier du moins, et surtout en pleine transition après la période dorée des frères Gasol, de Navarro ou encore Rodriguez et autres Calderon, l’Espagne a passé les tours les uns après les autres, sans sourciller, faisant front avec son académie de jeu, la meilleure du continent. Depuis quasiment vingt ans donc !

Les balles perdues nous ont tués

Vincent Collet l’avait prédit. Et comme lui, il ne fallait pas être devin pour savoir que cette fâcheuse manie des Bleus à perdre des ballons par wagons entiers allait finir par leur jouer des tours.

Avec plus de 17 turnovers par match, dont 19 en finale, l’Equipe de France s’est tirée une balle dans le pied. Cette fois-ci en plein dans le gros orteil. Car, en face, l’Espagne a elle pris garde à ne pas gaspiller de munitions avec 9 balles perdues seulement, profitant surtout des erreurs tricolores pour inscrire la bagatelle de 35 points (contre 7 pour la France). Bref, ces fichues balles perdues nous ont tués !

Et si les Bleus ont tant gâché, c’est qu’ils n’avaient clairement pas l’aisance et le confort du collectif espagnol, habitué des systèmes longs et d’un jeu de passe léché. Au contraire, on a eu droit à un jeu offensif des plus pauvres de la part des troupes françaises qui, à mon goût, se retrouvent sur une pente glissante, celle du « tout NBA » avec un jeu caricatural, un écran au milieu du terrain et du jeu en isolation bien souvent stérile…

Qu’il est frustrant de voir les Bleus se casser les dents, possession après possession, sur le mur dressé par les Espagnols à l’intérieur. Ces derniers n’avaient pas forcément à faire trop d’efforts défensifs pour récupérer le cuir puisque les Bleus, impatients et parfois carrément naïfs, ont tenté des passes téléphonées ou des transversales, toujours très dangereuses. Esseulés à la création, Heurtel et Fournier n’ont pas trouvé de relais, si ce n’est Elie Okobo qui a réussi son meilleur match en finale après une compétition plus que compliquée à titre personnel.

Le vide intérieur

En manque de munitions propres en attaque, la France n’a également jamais pu courir et donc profiter de sa qualité athlétique supérieure. Et oui : pas de balles perdues dans le jeu propre et efficace des Espagnols et donc pas courses, et donc pas de points faciles sur le jeu rapide. A l’inverse, on se souviendra longtemps de ce panier sur transition du meneur naturalisé, Lorenzo Brown, face à trois (voire quatre) Français mous du genou sur le repli défensif en fin de match…

De la même manière, on n’a pas vu notre secteur intérieur dimanche soir face à la fratrie Hernangomez. Comment est-ce possible quand cela a été un facteur majeur de notre beau parcours lors des derniers JO (et d’une victoire de prestige face aux Américains) et de cet Euro ? La réponse est double : d’une part, les Bleus n’ont pas assez insisté sur ce point, avec seulement 4 tirs tentés en tout et pour tout pour le trio Gobert-Poirier-Fall. On peut parler de la défense espagnole, du manque du talent offensif, mais c’est aussi un manque de confiance évident dans nos intérieurs qui se retrouvent à bricoler entre eux.  Résultat : 9 balles perdues dans le trafic par le secteur intérieur français.

En fonçant tête baissée au lieu de lever la tête et servir le coéquipier démarqué après avoir fixé la défense, les « grands » ont tout simplement déjoué, à l’image de Poirier qui s’est fait déposséder du ballon avec trois Espagnols sur le paletot ou Gobert qui envoie une passe au cameraman en fin de match. Ce n’est nullement un hasard si le seul et unique bon passage des Français a correspondu aux petits tirs à mi-distance de Yabusele, bien servi près du cercle par ses coéquipiers…

Foutue « marmotte » espagnole

Battus à la loyale en finale, dominés par le sang-froid et par le plan de jeu espagnols, les Bleus ont certes le cuir de l’arrière train un peu rougi. Mais ils n’ont pas à rougir de leur performance globale à l’Euro.

Si la déception mettra forcément plusieurs jours à s’estomper complètement, cette Equipe de France de nouveau médaillée peut tout de même être félicitée pour ses ressources mentales et sa régularité au plus haut niveau, même sans des cadres comme De Colo et Batum. Avant la compétition, et même pendant, avec deux « miracles » en huitièmes puis en quart, peu d’observateurs la voyaient finir aussi haut.

Derrière leurs deux leaders Gobert et Fournier, qui avouaient ne pas forcément se sentir concernés par la « rivalité » historique avec l’Espagne et ne cachent jamais leurs ambitions, il s’agira désormais pour les Bleus de retenir les  (nouvelles) leçons de cette finale malheureuse.

Afin de tordre le coup à cette fichue « marmotte » espagnole qui n’a de cesse de venir hanter nos nuits et plomber nos réveils…

Crédits photo : FIBA

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