« Les joueurs et les entraîneurs ont fini par l’apprécier parce qu’il avait un bon fond. Il était l’opposé total de moi-même, c’est pour ça qu’ils l’aimaient bien j’imagine. »
Le bouillonnant Joey Crawford, dont les colères furent autant légendaires que problématiques pour sa carrière, a peut-être résumé le plus justement son confrère Hugh Evans.
Cet ancien arbitre, décédé en juillet, va entrer au Hall of Fame ce week-end, présenté par Reggie Miller et George Gervin. C’est une rareté pour le Panthéon du basket puisque les hommes en gris ne sont que 16 actuellement (avant Hugh Evans donc) au sein de cette illustre institution. Et seulement six à avoir opéré en NBA.
Hugh Evans, c’est un énorme palmarès de 1 969 matches arbitrés entre 1973 et 2001, plus 170 de playoffs, 35 de Finals et enfin quatre All-Star Game. Pourtant, au départ, il fut d’abord un joueur, drafté même, en 1963 par les Hawks de Saint-Louis, en 79e position. Sans jamais jouer une rencontre ensuite.
« Je n’ai pas connu le joueur », concède au site de la NBA Lenny Wilkens, Hall of Famer qui a été arbitré par Hugh Evans quand il fut joueur mais aussi coach. « Mais j’ai connu l’arbitre qu’il fut. Son intégrité, sa connaissance, son professionnalisme étaient remarquables. Il était toujours prêt à faire son travail. Sa préparation était magnifique. Quand on parle des grands arbitres, il faut citer son nom. Avec lui, on savait que les choses seraient justes, qu’il allait siffler ce qu’il voyait. Ce fut un plaisir de le connaitre. »
« Quand on parle des grands arbitres, il faut citer son nom »
Avant son début de carrière en NBA, au début des années 1970, Hugh Evans s’était aussi fait remarquer à New York, en arbitrant des matches au Rucker Park à Harlem. Si bien que des légendes comme Wilt Chamberlain, Kareem Abdul-Jabbar ou Walt Frazier le connaissaient déjà quand il a effectué ses premiers pas dans la grande ligue.
« Il y a des arbitres qui sont des obsédés du contrôle. Hugh était l’opposé de ça », poursuit Joey Crawford. « Il n’avait aucun souci à aller voir la table de la marque, à parler aux coaches. Il était discret et seulement concentré sur le jeu. »
Après avoir pris sa retraite en 2001, Hugh Evans restera encore deux ans dans le monde de l’arbitrage, pour superviser les officiels. Puis, pour sa troisième tentative, en avril dernier, il apprend qu’il va entrer au Hall of Fame.
« Je n’ai toujours pas mis en perspective ce que cela signifie », reconnaissait-il alors pour ESPN. « Je suis toujours en train de le faire. Dès que j’entends ça, j’ai des frissons, je pleure, je suis heureux. »
Malheureusement, trois mois plus tard, il succombe à un malaise cardiaque. Son entrée s’effectuera donc de manière posthume, mais le principal intéressé savait qu’il allait être honoré. Ce qui réjouit sa femme.
« Il a reçu un e-mail de Russ Granik (l’ancien numéro 2 de la NBA), des coups de téléphone de Matt Winick (ancien responsable des arbitres), il a reçu beaucoup de messages et d’appels », raconte Cathy Evans. « Doc Rivers lui a écrit qu’il avait parlé de lui pendant plus d’une heure avec d’autres coaches. Il était au courant de tout ça et j’en suis heureuse, tout simplement. »