« Maintenant, je vais vous dire la vérité, c’était le pire goût que nous ayons pu avoir dans notre bouche. C’est comme si un couteau nous avait percé la poitrine. J’y pense tous les jours. Et il y a un certain esprit de vengeance que j’ai ajouté à mon jeu. Alors Dieu sait que nous sommes prêts pour cette postseason ».
Ces propos auraient pu être attribués à un membre de l’équipe des Spurs après les Finals de 2013, lorsque San Antonio avait frôlé la victoire pour finalement s’incliner 4-3 après une prolongation improbable dans le Game 6 et un Game 7 perdu dans les ultimes secondes du match. Ils auraient également pu sortir de la bouche de LeBron James après un deuxième revers de suite en finale en 2015.
Deandre Ayton a expérimenté ce même sentiment de frustration extrême la saison dernière, lorsque ces Suns avaient été renversés pour s’incliner 4-2 en finale face aux Bucks après avoir mené 2-0.
Une palette offensive plus complète
Parmi les nombreux axes de lecture de cette campagne de playoffs une nouvelle fois passionnante, revient une interrogation quasi-existentielle : est-ce qu’on revient plus fort après avoir chuté sur la dernière marche ou après avoir goûté à l’ivresse de la victoire ? En d’autres termes, qui des Suns ou de leurs bourreaux de Milwaukee effectuera la meilleure « postseason » en 2022 ?
Pour mettre tous les atouts de son côté, Deandre Ayton a aussi bossé sur son jeu et sa première sortie à 21 points, 9 rebonds et 4 contres face aux Pelicans a été un aperçu de sa progression en l’espace d’un an, le pivot se présentant désormais avec un jeu plus complet.
Sur le Game 1, il s’est ainsi distingué par ses floaters, son adresse à mi-distance et s’est même offert un 3-points, le tout premier de sa carrière en playoffs. Sa palette s’est élargie, et comme l’a résumé l’assistant Mark Bryant qui contribue à son développement : « Chaque année a été un processus, et il s’est amélioré chaque année ».
« L’année dernière, je n’avais pas l’impression d’être une menace », a confirmé le principal intéressé. « Les équipes ne se souciaient pas vraiment de moi, sauf quand j’étais en position de m’ouvrir vers le cercle. Cette année, je voulais vraiment travailler sur mes sorties d’écran et prendre le dessus sur les switchs. Le jeu est plus ouvert pour moi, et j’arrive là où je veux aller ».
Avec plus de confiance et plus de certitudes sur ces capacités suite aux derniers playoffs qui ont en quelque sorte fait office de tournant dans sa jeune carrière, « DA » a ainsi pris plus de place dans l’attaque des Suns, notamment lors de l’absence de Chris Paul, quand Monty Williams lui a demandé de jouer « comme un adulte », et que le Bahaméen avait répondu en réussissant un mois de mars exemplaire, ponctué par une sortie à 35 points et 14 rebonds face à Minnesota.
« Il connaît ses spots et il sait comment s’y rendre. Il ne rate pas ses tirs parce qu’il prend les tirs sur lesquels il travaille tous les jours. Nous l’appelons vraiment le Mid Man, parce que son jeu à mi-distance s’est amélioré. Et quand il shoote autour du panier, vous pouvez déjà compter les points », a souligné Cameron Payne.
Une année riche en enseignements
Outre le goût amer de la défaite, Deandre Ayton a également dû composer avec l’échec des discussions sur sa prolongation de contrat. Free agent protégé à l’issue de l’exercice à venir, le pivot avait également beaucoup à prouver par rapport à ça, en montrant qu’il pouvait être plus qu’un « simple finisseur ».
« Je suis en très heureux. Je suis excité pour lui », a d’ailleurs poursuivi Cam Payne. « Même moi, j’ai conscience qu’il faut montrer tout ce qu’on a le temps d’une année. Après avoir vu « DA » le faire, avec tout ce qu’il a traversé avec son contrat, en restant toujours prêt et en étant capable d’être performant à un haut niveau, je suis impatient de le voir décrocher son prochain contrat ».
Pour en revenir aux Spurs, ils avaient pris leur revanche en explosant le Heat lors des Finals de 2014. En 2016, LeBron James aussi, avait pu soulever à nouveau le trophée Larry O’Brien après deux échecs consécutifs en finale. Qu’en sera-t-il de ces Suns ? Comme les troupes de Gregg Popovich, la formation de Monty Williams a très peu bougé et nul doute que Deandre Ayton n’est pas le seul à être guidé par cette même détermination au sein de l’équipe de Phoenix.
S’il a été moins en vue dans le Game 2, le pivot pourrait bien être l’un de ces facteurs X susceptibles de mener la franchise de l’Arizona au sommet, surtout avec un Devin Booker blessé.
« J’essaie de montrer aux gens qu’ils ne sont pas à mon niveau. Je ne sais pas comment arrêter de jouer dur ou atténuer ce sentiment d’urgence. Jouer à 110%, c’est tout ce que j’ai appris en sortant des Finals », a-t-il conclu.
Deandre Ayton | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2018-19 | PHX | 71 | 31 | 58.5 | 0.0 | 74.6 | 3.1 | 7.1 | 10.3 | 1.8 | 2.9 | 0.9 | 1.8 | 0.9 | 16.3 |
2019-20 | PHX | 38 | 33 | 54.6 | 23.1 | 75.3 | 3.9 | 7.6 | 11.5 | 1.9 | 3.1 | 0.7 | 2.1 | 1.5 | 18.2 |
2020-21 | PHX | 69 | 31 | 62.6 | 20.0 | 76.9 | 3.3 | 7.2 | 10.5 | 1.4 | 2.8 | 0.6 | 1.5 | 1.2 | 14.4 |
2021-22 | PHX | 58 | 30 | 63.4 | 36.8 | 74.6 | 2.6 | 7.7 | 10.2 | 1.4 | 2.4 | 0.7 | 1.6 | 0.7 | 17.2 |
2022-23 | PHX | 67 | 30 | 58.9 | 29.2 | 76.0 | 2.6 | 7.4 | 10.0 | 1.7 | 2.8 | 0.6 | 1.8 | 0.8 | 18.0 |
2023-24 | POR | 55 | 32 | 57.0 | 10.0 | 82.3 | 3.2 | 7.9 | 11.1 | 1.6 | 2.0 | 1.0 | 1.8 | 0.8 | 16.7 |
2024-25 | POR | 40 | 30 | 56.6 | 18.8 | 66.7 | 3.1 | 7.0 | 10.2 | 1.6 | 2.2 | 0.8 | 1.7 | 1.0 | 14.4 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.