Selon toute vraisemblance, le trophée de MVP se jouera entre Nikola Jokic et Joel Embiid pour la deuxième année consécutive.
Pour beaucoup, c’est d’ailleurs le Serbe qui part avec un léger avantage sur le Camerounais, ce que prouvent justement les premières indications des votants. Il n’empêche que le pivot des Sixers a clairement son mot à dire dans cette discussion et qu’il jouera des coudes avec son homologue des Nuggets jusqu’au bout.
Pour autant, même si les médias et les observateurs souhaitent naturellement installer une forme de rivalité entre eux, Nikola Jokic et Joel Embiid se vouent une admiration mutuelle. « Il n’y a pas la moindre animosité entre nous, c’est un grand joueur », expliquait récemment Jokic. « C’est un monstre, un grand joueur. J’aime son jeu et j’adore le regarder jouer », ajoutait quant à lui Embiid, le mois dernier.
Mais plutôt que d’interroger des joueurs de Denver ou de Philadelphie au sujet de ce duel de poids lourds, sans qu’il n’y ait trop d’objectivité de leur part, qui de mieux placé pour juger le Serbe et le Camerounais que ceux qui se les coltinent toute la saison, en face-à-face ?
Pour ce faire, deux questions ont été posées. La première : « Qui est le plus difficile à défendre ? ». La seconde : « Qui doit être MVP ? ». Dans le rôle des juges : une dizaine de pivots titulaires dans la NBA d’aujourd’hui. Qu’importe leur classement, qu’importe leur notoriété. Et les réponses sont, dans l’ensemble, assez mitigées.
Plutôt l’habile Jokic ou le puissant Embiid ?
Pour commencer, de Jarrett Allen à Ivica Zubac, en passant par Wendell Carter Jr. ou Karl-Anthony Towns, tous s’accordent pour dire qu’il est impossible de choisir entre Nikola Jokic et Joel Embiid, en termes de difficulté de « match-up ».
« Avec [Nikola] Jokic, on ne peut jamais savoir ce qu’il va faire et ce que vont faire pour lui ses coéquipiers. Ça devient pareil avec Joel Embiid, car il devient un meilleur passeur. Selon moi, Joel est un peu plus athlétique, mais en dehors de ça, c’est à peu près la même chose quand il s’agit de défendre sur eux », avoue Wendell Carter Jr. (Magic).
« Ce qui est difficile avec [Joel] Embiid, c’est qu’il est vraiment puissant. Quand il se positionne au poste, il se crée son tir en un ou deux dribbles. Avec Nikola [Jokic], ce qui est compliqué, c’est sa palette technique. Il peut partir en dribble au large et il peut mener le ‘pick-and-roll’. Je ne peux pas choisir entre les deux », confirme Ivica Zubac (Clippers).
« C’est compliqué d’un côté comme de l’autre », assure Jarrett Allen (Cavaliers). « [Joel] Embiid est une brute, il va vous faire reculer et vous punir [physiquement], mais il est aussi habile. Quant à [Nikola] Jokic, il peut sortir un match à 15+ points, 15+ rebonds et 15+ passes sans forcer. »
Même son de cloche chez Karl-Anthony Towns (Wolves) : « Les deux, car vous savez quoi qu’il arrive que vous affrontez la crème de la crème et c’est toujours amusant pour moi », livre celui qui est considéré comme l’un des cinq meilleurs pivots de la ligue, avec Nikola Jokic et Embiid donc, mais également Rudy Gobert (Jazz) et Bam Adebayo (Heat).
De son côté, Isaiah Stewart (Pistons) a été le seul à bien vouloir se mouiller et préférer un profil à un autre.
« Je dirais [Nikola] Jokic, simplement en raison de sa qualité de passe », reconnaît-il. « Joel [Embiid] est tout autant compliqué à contenir, mais Jokic voit le jeu comme un meneur et, même si vous lui mettez une main dans le visage, il peut délivrer des passes folles. Quand je le voyais à la télé, je me disais que je pouvais lui résister, mais quand vous jouez face à lui, c’est une toute autre histoire. J’observe beaucoup de vidéos de lui. »
Enfin, plutôt que de trancher entre ses deux camarades All-Stars, Rudy Gobert préfère surtout se réjouir du retour en grâce des intérieurs. Intérieurs —de surcroît européens— qui, depuis 2019, avec Giannis Antetokounmpo puis Nikola Jokic, ne laissent aucune miette aux extérieurs au palmarès de la statuette Maurice Podoloff.
« C’est juste génial de voir deux pivots que je respecte jouer à un niveau de jeu si élevé », confie simplement le Français à ce sujet.
Doublé du « Joker » ou triomphe du « Process » ?
Ensuite, lorsqu’il s’agit de désigner le MVP 2022, la balance ne penche pas non plus en faveur d’un candidat plus qu’un autre.
« Si je pouvais voter, j’irais vers le meilleur bilan », annonce Wendell Carter Jr, qui opterait donc pour Joel Embiid (51 victoires — 31 défaites) et non pour Nikola Jokic (48 victoires — 34 défaites), si l’on suit sa logique.
Un favori que partage également un Isaiah Stewart assez hésitant : « Je le donnerais probablement à [Joel] Embiid. Je trouve qu’il réussit une saison aussi grande que celle de [Nikola] Jokic. C’est vraiment du pile ou face entre eux. »
En revanche, Ivica Zubac voterait de son côté pour son camarade des Balkans, héroïque pour maintenir Denver dans le Top 6 de l’Ouest.
« J’estime qu’il a porté son équipe d’une manière incroyable cette année. Sans ses deux meilleurs coéquipiers pendant (quasiment) toute la saison, il a accompli des choses formidables. Mais ça n’enlève rien à [la saison de] Joel [Embiid], il a lui aussi été énorme », glisse le Croate.
Et Rudy Gobert de se positionner dans le sens du pivot des Clippers, en mentionnant à son tour l’impact comme facteur déterminant : « Quand vous vous attardez sur l’influence sur le jeu et que vous pensez au nom du trophée, qui est ‘Most Valuable Player’, je voterais pour [Nikola] Jokic si j’en avais la possibilité. Je pense qu’il est le plus influent de tous pour son équipe. »
Pour conclure, Karl-Anthony Towns décide d’aller totalement à contre-courant des prédictions : « Je me le donnerais à moi-même, car c’est mon ressenti sur le MVP », assène-t-il ainsi, alors qu’il culmine à la 7e place de la conférence Ouest avec les Wolves (46 victoires — 36 défaites).
Bref, même quand leurs adversaires directs sont interrogés, les avis sont clairement divisés au moment de départager Nikola Jokic et Joel Embiid. Ce qui peut déjà nous donner une bonne indication de la difficulté de la tâche incombée aux votants qui désigneront le MVP 2022…