Depuis maintenant dix ans, Basket USA vous propose chaque mardi son Top 5 des candidats au trophée de « Most Valuable Player (MVP) ». Et, alors que toutes les équipes ont déjà atteint ou s’approchent de la barre des 41 matchs disputés, l’heure est venue de faire un point sur les candidats légitimes au sacre final.
Avec deux noms qui reviennent logiquement en boucle : Stephen Curry et Kevin Durant. L’un est le meilleur joueur de la meilleure équipe du pays. L’autre est le meilleur marqueur de la ligue (29.8 points de moyenne) et, sans doute, le meilleur joueur actuel.
Sauf que, d’un côté, Stephen Curry accuse clairement le coup depuis le début du mois de décembre, après une entame pourtant canon. À tel point qu’il est passé de 28.6 points de moyenne (47% aux tirs, 42% à 3-points) le 28 novembre, à 26.8 points de moyenne (42% aux tirs, 39% à 3-points) aujourd’hui. Et qu’il affiche, surtout, les pires pourcentages de sa carrière au shoot et à 3-points, si l’on excepte cet exercice 2019/20 au cours duquel le meneur des Warriors n’avait disputé que cinq petits matchs.
De l’autre, certes rayonnant et impressionnant individuellement, Kevin Durant souffre quant à lui de résultats collectifs en dents de scie. En effet, si les Nets et leur ailier pointent à la 2e place de leur conférence, ils accumulent les défaites depuis bientôt deux semaines. En plus de ne pas performer contre les équipes dans le positif, puisque la franchise new-yorkaise présente un bilan de seulement 10 victoires et 10 défaites, contre ces formations à 50% de victoires ou plus.
À titre de comparaison, les Suns sont à 14-5, les Warriors sont à 14-7, le Jazz est à 13-7, les Bulls sont à 12-7, les Grizzlies sont à 16-9, tandis que le Heat est à 14-10.
Autant dire que, même s’ils mènent la danse et peuvent s’appuyer sur un excellent bilan ou un niveau de jeu dantesque, ainsi que sur des accomplissements statistiques de choix, Stephen Curry et Kevin Durant ne sont pour le moment pas indiscutables. Et la domination des deux anciens coéquipiers pourrait être remise en cause par quelques outsiders aux dents longues.
Trois outsiders en embuscade
À commencer par DeMar DeRozan, plus que jamais apprécié à sa juste valeur, depuis qu’il a rejoint Chicago. Sans faire de bruit, l’homme des quatrièmes quarts-temps et des « game winners » au buzzer réalise tout simplement l’une de ses meilleures saisons en carrière. Si ce n’est la meilleure, devant cet exercice 2016/17 à l’issue duquel il avait terminé dans le Top 5 des meilleurs marqueurs et dans le Top 3 à l’Est, avec les Raptors.
Solidement installés au sommet de leur conférence, les Bulls ne font pourtant pas les gros titres et leur avancée sous les radars pourrait finalement faire défaut à leur arrière/ailier All-Star, qui risque également de souffrir de la présence à ses côtés de Zach LaVine. Un autre joueur qui tourne à près de 26 points, 5 rebonds et 5 passes de moyenne.
Derrière le discret DeMar DeRozan, on retrouve deux Européens, pas non plus vraiment dans la lumière, mais décorés la saison dernière : Nikola Jokic, le MVP en titre, et Giannis Antetokounmpo, le MVP des Finals en titre. Eux aussi présents dans le Top 6 de l’Ouest et de l’Est, ils alignent les prestations majuscules mais sont handicapés par les résultats des Nuggets et des Bucks.
Sans Jamal Murray ni Michael Porter Jr, le « Joker » doit ainsi se démener chaque soir pour permettre à Denver d’espérer rafler la victoire. Bien parti pour dépoussiérer le record du « Player Efficiency Rating (PER) » le plus élevé de l’histoire, il est présent dans le Top 10 au scoring, au rebond et à la passe ! Sauf que, pour réussir le doublé, le Serbe ne pourra pas se contenter d’une présence en dehors du Top 4 de sa conférence et il possède déjà six matchs de retard sur le Memphis de Ja Morant…
De son côté, le « Greek Freak » présente l’avantage d’être bien accroché au Top 4 de sa conférence, en plus de monter en régime depuis sa sortie du protocole sanitaire, le 25 décembre (33.9 points de moyenne). En l’état, le Grec est même celui qui pourrait le plus tirer son épingle du jeu dans cette course au MVP. À condition, toutefois, que Milwaukee soit enfin (et durablement) au complet, car on remarque que, lorsque le trio Antetokounmpo – Middleton – Holiday est en tenue, les champions en titre sont impériaux : 16 victoires, 3 défaites !
Retard à l’allumage pour Joel Embiid et LeBron James
Des résultats que rêveraient d’afficher les Sixers de Joel Embiid et les Lakers de LeBron James, loin de répondre aux attentes placées en eux, à l’automne dernier. Et, ce, pour des raisons diverses, puisque Philadelphie est confronté au feuilleton Ben Simmons, tandis que Los Angeles enchaîne les blessures, dont celle d’Anthony Davis.
Malgré ça, Joel Embiid a activé pour de bon le mode MVP, depuis début décembre, après une entame pleine de maladresse. En témoigne ses séries, toujours en cours, de 7 matchs d’affilée à 30+ points —que ce soit à domicile ou à l’extérieur— et de 9 matchs d’affilée à 30+ points —uniquement à l’extérieur. Dans le sillage de son pivot camerounais, Philly est d’ailleurs remonté à la 5e place à l’Est, alors que la « trade deadline » approche et qu’il pourrait y avoir du mouvement en Pennsylvanie…
Quant à LeBron James, qui vient tout juste de fêter son 37e anniversaire, l’âge continue de ne pas avoir de poids sur ses performances. Irrésistible en l’absence d’Anthony Davis (près de 34 points, 10 rebonds, 6 passes, 2 interceptions et 2 contres de moyenne…), le « King » est dans une forme étincelante, mais les « Purple & Gold » restent coincés à la 7e place de l’Ouest. Eux qui étaient, au moins, attendus dans le Top 3, compte tenu de leur statut de candidats au titre.
Autres superstars qui, comme Joel Embiid et LeBron James, ont connu un retard à l’allumage, plus ou moins important : James Harden, Luka Doncic, Trae Young, Damian Lillard, Paul George ou encore Jayson Tatum. Qui auraient tous pu s’immiscer parmi les prétendants au trophée de MVP, si les blessures, le Covid-19 ou leur bilan (et les nouveaux ballons, diront certains) n’en avaient pas décidé autrement.
Phoenix, Utah et Memphis victimes de leur collectif ?
Pour d’autres joueurs, ce ne sont pas vraiment leurs résultats qui leur font défaut, mais la force de leur collectif. À l’image de Devin Booker et Chris Paul chez les Suns, de Rudy Gobert au Jazz ou de Ja Morant chez les Grizzlies. Autrement dit que des franchises présentes dans le Top 4 de la conférence Ouest et en possession de l’un des cinq meilleurs bilans de la ligue.
Dans l’Arizona, difficile de mettre en avant un joueur plus qu’un autre, tant Devin Booker et Chris Paul sont d’irréprochables leaders pour Phoenix. Au sortir de son échec des dernières Finals, le « back-court » All-Star a redémarré la saison tambour battant, alignant séries de victoires et succès autoritaires, à partir de novembre. Problème : comme les Spurs dans les années 2010, la réussite des hommes de Monty Williams repose avant tout sur la profondeur de leur effectif, empêchant Booker ou Paul de sortir du lot, par rapport à d’autres.
Pour Rudy Gobert, les résultats de Utah en son absence plaident pour le moment en sa faveur, lorsqu’il s’agit de déterminer qui de Donovan Mitchell ou de lui est le plus « valuable » du groupe. Sauf que le Français devrait difficilement pouvoir espérer mieux qu’un trophée de Défenseur de l’année, car ses statistiques offensives, son rôle en attaque, son poste et le petit marché dans lequel il se trouve terniront sans doute quelque peu sa candidature, aux yeux des votants.
Enfin, Ja Morant, l’attraction de ce début de campagne, risque quant à lui d’avoir du mal à faire oublier les très bons résultats obtenus par Memphis, sans lui : 11 victoires, 2 défaites ! Car, même s’il ressort comme la principale tête d’affiche de cette surprenante franchise du Tennessee, le meneur n’en est pas encore au stade où il peut réellement prétendre au titre. À l’image, par exemple, de Luka Doncic quand il a explosé en 2019/20. Si le probable futur All-Star obtient quelques voix, ce sera déjà une excellente chose et une belle source de motivation, en vue de la prochaine saison.
Et, en attendant que la nouvelle génération ne prenne en maturité, ce sont des habitués des récompenses individuelles, comme Stephen Curry, Kevin Durant ou encore Giannis Antetokounmpo, qui devraient une nouvelle fois inscrire leur nom au palmarès de la statuette Maurice Podoloff.
1 – Kevin Durant (Nets)
Bilan : 25 victoires, 14 défaites – 2e à l’Est.
Matchs : 34 disputés sur 39 possibles.
Stats : 29.8 pts, 7.7 reb, 5.8 pds, 0.7 int, 1.0 ctr et 3.1 pdb en 37 min.
Pourcentages : 52% aux tirs, 36% à 3-points et 89% aux lancers.
2 – Stephen Curry (Warriors)
Bilan : 30 victoires, 9 défaites – 1er à l’Ouest.
Matchs : 36 disputés sur 39 possibles.
Stats : 26.8 pts, 5.3 reb, 6.0 pds, 1.4 int, 0.5 ctr et 3.4 pdb en 35 min.
Pourcentages : 42% aux tirs, 39% à 3-points et 92% aux lancers.
3 – DeMar DeRozan (Bulls)
Bilan : 26 victoires, 11 défaites – 1er à l’Est.
Matchs : 34 disputés sur 37 possibles.
Stats : 26.4 pts, 5.0 reb, 4.7 pds, 0.9 int, 0.4 ctr et 2.1 pdb en 35 min.
Pourcentages : 49% aux tirs, 35% à 3-points et 85% aux lancers.
4 – Nikola Jokic (Nuggets)
Bilan : 20 victoires, 18 défaites – 6e à l’Ouest.
Matchs : 33 disputés sur 38 possibles.
Stats : 25.8 pts, 14.2 reb, 7.0 pds, 1.4 int, 0.8 ctr et 3.6 pdb en 33 min.
Pourcentages : 56% aux tirs, 36% à 3-points et 77% aux lancers.
5 – Giannis Antetokounmpo (Bucks)
Bilan : 26 victoires, 17 défaites – 4e à l’Est.
Matchs : 34 disputés sur 43 possibles.
Stats : 28.4 pts, 11.4 reb, 6.0 pds, 1.1 int, 1.4 ctr et 3.4 pdb en 33 min.
Pourcentages : 54% aux tirs, 28% à 3-points et 70% aux lancers.
Le reste du Top 10 : Joel Embiid (Sixers), LeBron James (Lakers), Ja Morant (Grizzlies), Chris Paul et Devin Booker (Suns), Rudy Gobert (Jazz).
Un point sur nos « All-NBA »
All-NBA First Team : S. Curry – D. DeRozan – K. Durant – G. Antetokounmpo – N. Jokic.
All-NBA Second Team : J. Morant – D. Booker – J. Butler – L. James – J. Embiid.
All-NBA Third Team : C. Paul – Z. LaVine – P. George – Dr. Green – R. Gobert.
Mentions : J. Holiday, D. Garland, F. VanVleet, D. Mitchell, L. Doncic, B. Beal, A. Wiggins, K. Towns.