La saison a repris depuis plus d’un mois et Ben Simmons n’est toujours pas apparu avec les Sixers en match officiel.
Pour l’heure, toujours pas prêt à rejouer, il s’est contenté de s’entraîner avec sa franchise, qui lui a infligé plusieurs amendes entre temps. Éprouvé mentalement par la situation qui l’entoure depuis bientôt six mois, au point de rencontrer des psychologues, rien n’indique que l’Australien rejouera en 2021/22. Encore moins avec Philadelphie, qui reste à l’écoute pour un éventuel transfert…
Le feuilleton Ben Simmons n’est donc pas prêt de se terminer et celui-ci ne manque pas de faire réagir dans l’univers NBA. Dernier exemple en date : cet entretien de Dwight Howard, passé par les Sixers pendant un an, en 2020/21, au cours duquel le désormais pivot des Lakers a apporté son soutien à son ancien coéquipier.
« Je sais exactement ce qu’il traverse », confie le triple Défenseur de l’année, pour GQ. « Il est en pleine période d’apprentissage. Je ne pense pas que les gens comprennent à quel point c’est difficile d’arriver dans un univers comme celui-ci, à 18 ans. La NBA, c’est une toute autre réalité. Ben [Simmons] est encore jeune, mais il est déjà le visage d’une franchise, donc tout ce qu’il fait est médiatisé. Surtout ses échecs et ses erreurs, car quand vous faites quelque chose de mal, c’est davantage mis en avant. Tout le monde le voit et vous juge à partir de ça. »
Beaucoup d’éléments invisibles aux yeux du grand public
Comme Ben Simmons en 2016, Dwight Howard est lui aussi arrivé dans la ligue avec un statut de n°1 de la Draft, en 2005. À l’époque, l’ex-intérieur d’Orlando était âgé de seulement 18 ans, alors que le meneur/ailier de Philadelphie en avait 19. Autant dire que l’octuple All-Star, très rapidement élevé au rang de (super)star en Floride, est bien placé pour parler de ce que traverse l’Australien, plus d’une dizaine d’années plus tard.
« Tout le monde a des problèmes au quotidien, mais je ne pense pas que les gens le comprennent réellement, car ça les dérange quand les joueurs ne veulent pas parler ou faire certaines choses », poursuit d’abord le champion 2020. « Pour en revenir à Ben [Simmons], comment pouvez-vous parler d’une situation si vous ne connaissez pas ce qui se passe de l’intérieur ? C’est très compliqué d’être mis sous le feu des projecteurs de la sorte, surtout quand vous vous sentez seul. Les gens disent qu’il n’en est pas là où il devrait être sur le plan du basket, mais je suis fier de son développement et je vais toujours le soutenir, le défendre, car c’était mon coéquipier. Et il reste mon frère, même si nous ne jouons plus ensemble. »
Mais Dwight Howard tient également à rappeler que s’épancher sur ses états d’âme n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Surtout dans un tel contexte, où les moindres faits et gestes des joueurs sont scrutés.
« Parler des questions de santé mentale, c’est difficile pour beaucoup de personnes », estime-t-il ainsi. « Vous ne voulez pas forcément que tout le monde soit au courant de votre vie. Si vous parlez de ce genre de choses, ça va attirer l’attention et ce n’est pas toujours bon, tout le monde n’a pas que de bonnes intentions. Vous devez faire gaffe à ce que vous faites, à ce que vous dites. Et je sais que, lui, il était dans une situation difficile, il avait beaucoup à gérer dans sa vie privée. Donc il faisait du mieux possible. »
Dwight Howard regrette aussi que les fans des Sixers n’aient pas davantage soutenu leur triple All-Star…
« Je ne pense pas que les fans de Philadelphie l’aient traité correctement tout au long de cette situation », ajoute-t-il d’ailleurs à ce sujet. « Ils se sont basés sur ce que disaient les médias. Ils ont agi comme s’il leur devait des comptes. Mais que se passerait-il si c’était votre fils ou l’un de vos amis dans la situation de Ben [Simmons] ? Comment géreriez-vous tout ça ? Comment vous sentiriez-vous ? »
Nouveau départ pour une nouvelle vie ?
Honnête, le compétiteur Dwight Howard confie qu’il a évidemment été « énervé » quand Ben Simmons n’est pas monté au dunk lors de ce fameux Game 7 face aux Hawks, lors de la dernière finale de conférence Est.
Un évènement qui a ensuite déclenché un tollé général sur les réseaux sociaux, tandis que Joel Embiid et Doc Rivers se sont désolidarisés de l’Australien en conférence de presse. En revanche, l’ancien pivot star du Magic aimerait que les gens essaient de comprendre la démarche de l’homme à tout faire de Philadelphie, à ce stade de sa carrière.
Et pour illustrer ses propos, le vétéran de bientôt 36 ans utilise sa propre situation d’il y a une décennie, quand il a demandé à quitter la Floride, à 26 ans.
« Je me comporterais d’abord en professionnel et je ferais mon travail, du mieux possible », reconnaît-il dans un premier temps, lorsqu’on l’interroge sur ce qu’il ferait à la place de Ben Simmons. « Mais ce qu’il veut, c’est probablement un nouveau départ. C’est pour ça que je voulais quitter Orlando, à l’époque. Je voulais repartir de zéro. Ça n’avait rien à voir avec l’équipe, la ville ou les habitants, car j’adorais vraiment Orlando. Dès que je quittais la ville, j’avais hâte d’y retourner et de rentrer chez moi. Simplement, j’y avais passé huit ans et je voulais être ailleurs. Tout le monde mérite un nouveau départ. J’étais trop à l’aise là-bas et je voulais grandir, en tant qu’homme. Et j’ai la sensation que, depuis que j’ai quitté Orlando, tout ce que je voulais est arrivé. Tout. Je suis donc reconnaissant d’avoir pu quitter Orlando car, sinon, je ne serais jamais celui que je suis aujourd’hui. Je n’aurais jamais grandi. »