Il y a presque deux semaines, Robert Sarver prenait les devants alors que le journaliste Jordan Schutlz expliquait que le propriétaire des Suns allait être au cœur d’un scandale. Le milliardaire, à la tête du club de Phoenix depuis 2004, faisait ainsi l’objet d’un article à paraître d’ESPN sur sa gestion de la franchise, et il avait publié un communiqué pour nier toutes les accusations de racisme et de misogynie sur lesquelles il était questionné.
C’est donc aujourd’hui que Baxter Holmes a publié les résultats de son enquête, au cours de laquelle il a interviewé environ 70 personnes, qui travaillent ou ont travaillé au sein des Suns.
Il est difficile de rendre compte du portrait général, tant le sentiment de malaise est permanent. Earl Watson, qui est le seul à parler de façon non-anonyme, explique ainsi que Robert Sarver n’hésite pas à utiliser le mot « nègre », alors que son usage aux Etats-Unis par une personne blanche est presque tabou.
Des preuves insuffisantes pour une nouvelle affaire Sterling ?
Plus grave encore, un ancien haut dirigeant du club assure que le propriétaire avait expliqué vouloir nommer Lindsey Hunter comme coach, en 2013, plutôt que Dan Majerle, parce que « les (joueurs) nègres ont besoin d’un (coach) nègre », reprenant le même argumentaire pour justifier la nomination de Earl Watson en 2016, expliquant qu’un coach noir pouvait parler aux joueurs (principalement noirs) « avec leur langage. »
Robert Sarver est également dépeint faisant passer des photos de sa femme en bikini en réunion, en plaisantant sur les fellations de cette dernière, auprès de ses employés. Globalement, les femmes travaillant dans le club décrivent une atmosphère au bureau extrêmement pesante, avec des remarques misogynes constantes, qui partent donc de Robert Sarver mais se répètent à tous les niveaux hiérarchiques. Ainsi qu’un service des ressources humaines qui a les mains liés et qui ne peut qu’encourager ceux qui sont à bout à porter plainte.
Reste à voir si ce recueil de témoignages aboutira à une nouvelle affaire Sterling. Car ce qui avait précipité la chute de l’ancien propriétaire des Clippers est le fait que ses propos avaient été enregistrés.
Robert Sarver, via un cabinet d’avocats engagé pour l’occasion, nie de son côté farouchement la plupart des propos rapportés, n’admettant que quelques mauvaises blagues. C’est donc du parole contre parole, alors que d’autres anciens employés, comme Steve Kerr, ou des membres actuels du club, comme James Jones et Monty Williams, assurent que l’homme décrit dans le portait d’ESPN n’est pas celui qu’ils côtoient au quotidien.
Dans la foulée, la NBA a annoncé qu’elle allait désormais conduire sa propre enquête sur les faits évoqués par ESPN.