Âgé de 87 ans, c’est un monument de l’histoire du basket qui a été honoré une nouvelle fois cette nuit, intronisé au Hall of Fame en tant que coach, quarante-six ans après l’avoir été en tant que joueur.
Au cours de sa carrière, Bill Russell s’est distingué par sa soif de victoire bien sûr, son leadership, ses 11 titres de champions mais aussi ses combats pour l’égalité des droits entre citoyens aux États-Unis, ce que n’a pas manqué de rappeler Barack Obama, qui a prononcé son discours d’intronisation à travers une vidéo pré-enregistrée retranscrite ci-dessous en intégralité.
« La plupart des gens qui lacent leurs chaussures et prennent un ballon de basket ne parviennent jamais à la NBA. La plupart des joueurs de NBA ne parviennent jamais au Hall of Fame. Et la plupart des membres du Hall of Fame ne sont intronisés qu’une fois. Mais Bill Russell n’est pas comme la plupart des gens. Bill a déjà une plaque à Springfield, honorant tout ce qu’il a accompli sur le terrain : Les championnats nationaux à l’université, les titres NBA, la médaille d’or. C’est pourquoi nous intronisons aujourd’hui Bill Russell, l’entraîneur, le mentor, le pionnier. Lorsque Red Auerbach a demandé à Bill s’il accepterait de le remplacer comme entraîneur des Boston Celtics, c’était une demande inhabituelle. Bill était toujours le joueur vedette de l’équipe. Mais finalement, Bill a accepté de tenter sa chance. « Au moins », a-t-il plaisanté, « je jouerai pour un entraîneur que j’aime », a souligné Barack Obama.
« Bill Russell, peut-être plus que quiconque, sait ce qu’il faut pour gagner et pour diriger. Cela a toujours été vrai en dehors du terrain également. Comme je l’ai mentionné lorsque je lui ai remis la médaille de la Liberté, c’est un homme qui a défilé avec le Dr Martin Luther King et qui a soutenu Muhammad Ali. Il a enduré des insultes et du vandalisme, mais n’a jamais cessé de défendre ce qui était juste. Lorsqu’un café de Lexington, dans le Kentucky, a refusé de servir des joueurs noirs, Bill a rejoint ses coéquipiers pour boycotter le match dans leur ville. Un acte de désobéissance civile qui résonne encore aujourd’hui. C’est pourquoi je ne pourrais pas être plus honoré de célébrer Bill Russell pour sa façon de jouer, sa façon d’entraîner, sa façon de diriger, sa façon de vivre sa vie. Car aussi grand que soit Bill Russell, son exemple et son héritage s’élèvent bien plus haut.
Félicitations, M. Russell, et bienvenue, une fois encore, au Hall of Fame ».
Le premier coach noir du sport pro américain
Dans le public, un masque sur le visage, Bill Russell a en effet remporté deux titres de champion NBA en tant qu’entraîneur-joueur, lorsqu’il a accepté de succéder à Red Auerbach pour finalement ramener aux Celtics deux titres de champion supplémentaires, en 1968 et 1969. C’est donc tout naturellement que Bill Russell a adressé ses remerciements à l’ancien boss de la franchise pour cette deuxième intronisation.
« Cet honneur n’aurait jamais été possible sans mon grand ami, Red Auerbach », a-t-il également déclaré dans un clip pré-enregistré. « Red était un visionnaire. Quand il m’a demandé pour la première fois si je voulais entraîner les Boston Celtics, je lui ai demandé si je pouvais entraîner Bill Russell. Entraîner les Celtics a été l’une des expériences les plus stimulantes et les plus enrichissantes que j’ai vécues au cours de mes 13 années dans la NBA ».
Bill Russell a ainsi été un pionnier également sur ce point, en prouvant qu’un bon joueur pouvait devenir un bon coach. Il fut aussi le premier coach noir du sport professionnel américain, ouvrant la voie à pléthore de successeurs.
« Bill Russell a permis au reste du monde de réaliser que si vous êtes qualifié pour être entraîneur, vous pouvez l’être. Sans Bill Russell, je ne serais probablement jamais devenu entraîneur », a notamment déclaré Doc Rivers.
Un mot pour David Stern et Kobe Bryant
Pour l’occasion, Bill Russell a été accueilli sur la scène présenté par Charles Barkley, Julius Erving, Spencer Haywood, Alonzo Mourning, Bill Walton et Rick Welts. Deux autres personnes éminentes manquaient malheureusement à l’appel.
« J’avais choisi des présentateurs du Hall of Fame qui occupent chacun une place spéciale dans ma vie et pour lesquels je suis très fier de jouer un rôle dans leur vie. Il nous manque deux présentateurs importants : David Stern et Kobe Bryant, dont les amitiés comptaient beaucoup pour moi. Et à ma femme, Jeannine, merci de m’avoir supporté et pour ton amour et ton soutien. Merci ».
A noter que Bill Russell est le cinquième membre du Hall of Fame à avoir été intronisé en tant que joueur et entraîneur, succédant à John Wooden, Lenny Wilkens, Tommy Heinsohn et Bill Sharman.