À 4 points et 4 rebonds de moyenne seulement, PJ Tucker ne pourrait être qu’un « role player » parmi d’autres chez les Bucks, actuellement menés 2-1 en finale NBA avec le quatrième match à venir cette nuit.
Mais ce joueur de l’ombre, habitué aux basses besognes, pourrait aussi être l’une des raisons pour lesquelles Milwaukee peut soulever un deuxième trophée de champion après leur seul et unique, conquis en 1971.
Connu et reconnu comme un des chiens de garde les plus féroces de NBA, aussi respecté que craint par ses adversaires, PJ Tucker a bien bourlingué avant de connaître les cimes de la finale NBA. Peu recruté à sa sortie de Texas, où son format de poche pour un intérieur inquiétait les recruteurs, il a été sélectionné par les Raptors au deuxième tour de la Draft 2006, celle (très faible) d’Andrea Bargnani, Adam Morrison et Tyrus Thomas…
Sans temps de jeu, et sans perspective d’avenir, au Canada, PJ Tucker a alors décidé de traverser l’Atlantique une saison après sa Draft, pour aller se faire connaître sur le circuit européen. D’abord en Israël, où il remporte le titre plus les trophées de MVP de saison et MVP de la finale, puis en Ukraine, puis en Grèce, puis en Italie et enfin en Allemagne (après un court passage au Porto Rico).
C’est précisément à Bamberg, durant la saison 2011-12, que PJ Tucker va vraiment se faire un nom et revenir sur les radars NBA. Champion d’Allemagne cette année-là, mais aussi vainqueur de la Coupe en plus de son trophée de MVP des Finales, il a surtout remis le nez à la fenêtre en Euroleague, à 9 points, 6 rebonds et 2 passes de moyenne.
« On avait une équipe avec un vieux joueur serbe [Pedrag Suput] qui ne parlait pas particulièrement bien anglais mais PJ avait créé un lien avec lui et ils étaient bons amis », se souvient Chris Fleming, le coach de Bamberg et actuel assistant chez les Bulls, sur ESPN. « Les joueurs américains, les jeunes joueurs allemands, il avait la capacité à s’entendre avec tout le monde. »
« Si tu peux réussir face à lui, tu peux réussir face à tout le monde »
Prêt à poursuivre sa carrière en Europe, avec un contrat signé en faveur du Spartak Saint Pétersbourg pour la saison suivante, PJ Tucker va finalement revenir complètement aux Etats-Unis après avoir convaincu les Suns en ligue d’été 2012. De nouveau en NBA après une césure de six ans, il n’allait pas laisser filer sa chance en Arizona…
« Je posais des questions à nos préparateurs et PJ m’entendait et me disait : ‘Bien sûr que je vais jouer, putain !' », se marre Ryan McDonough. « On était à des années lumière de pouvoir jouer les playoffs, on jouait avec un paquet d’adolescents et on perdait des matchs à la pelle… Mais PJ voulait quand même jouer tous les matchs, parce que c’est le compétiteur ultime. »
Durant ses années à Phoenix, PJ Tucker commence à se bâtir une solide réputation de défenseur. Véritable ciment dans une équipe, l’ancien de Texas montre aussi, durant sa deuxième saison à Phoenix à 9 points et 6 rebonds, qu’il est désormais capable de sanctionner à 3-points dans un rôle de plus en plus recherché de « stretch 4 », un ailier fort capable de s’écarter.
Plus encore, PJ Tucker voit débarquer un jeune premier en provenance de Kentucky, Devin Booker, en 2015. Six ans plus tard, les deux hommes sont adversaires pour soulever le trophée de champion NBA…
« On savait tous qu’il allait être très bon », précise le vétéran. « Il n’était pas juste bon, il était déjà vraiment bon. En tant que coéquipier, comme j’étais un vétéran dans l’équipe, c’était mon boulot de le rendre plus fort. »
Cela signifie donc des parties physiques de un-contre-un. Avec PJ Tucker le globe-trotter en garde-fou, l’éducation NBA de Devin Booker ne pouvait que bien commencer.
« Je les ai vus très souvent se livrer de sacrées batailles sur le terrain d’entraînement, à s’insulter copieusement », se souvient Leandro Barbosa. « Tucker est un si bon défenseur, et un joueur physique. Il agressait vraiment Devin et Devin l’acceptait volontiers. Je lui disais à chaque fois : si tu peux réussir face à lui, tu peux réussir face à tout le monde. »
« Je vais me battre pour chaque centimètre »
Adepte du corps à corps et de la provocation virile, PJ Tucker ne reculera devant rien pour aller chercher une bague NBA. Son parcours du combattant pour y revenir le prouve. Alors quand les playoffs arrivent au printemps, c’est le moment pour lui de sortir son habit de lumière !
Comme face à un autre ancien Longhorn, Kevin Durant, contre qui il a livré un duel dantesque en demi-finale de conférence Est.
« Ce sont les playoffs mec ! Je ne sais pas ce que les gens pensent. Mais nous, les joueurs, on rêve de ces moments-là toute notre vie. On rêve d’être en playoffs pour défendre sur le meilleur joueur du monde. Je serai prêt à mourir sur le terrain là ! Je vis mon rêve et je ne vais reculer devant rien. Je vais me battre pour chaque centimètre. Je ne comprends pas ces petites embrouilles. Kevin et moi, on se bat l’un contre l’autre chaque année. J’ai défendu sur lui chaque année en playoffs. »
Parmi ces « adversaires préférés », PJ Tucker cite donc sans hésiter Kevin Durant. Il faut se souvenir que les deux hommes avaient déjà eu maille à partir pendant une série de playoffs aux couteaux lors de la finale de conférence Ouest en 2018, entre Houston et Golden State, décidée au bout de sept manches. PJ Tucker avait alors tenu la dragée haute à Kevin Durant, avec 45 minutes de défense « dans le short » de KD mais aussi 14 points, 12 rebonds et 4 interceptions à son compteur personnel.
« On avait raté ces 27 tirs de suite, mais lui en avait récupéré une quinzaine rien qu’avec son acharnement », se souvient Mike D’Antoni, alors coach des Rockets. « Il faisait tout ce qu’il pouvait pour nous permettre de rester dans le match jusqu’à ce qu’on rentre à nouveau nos tirs, ce qui n’est jamais arrivé. Mais il nous a portés à bout de bras sur ce match. Il apporte toutes ces choses qui sont inestimables pour construire une équipe championne. Il était le meilleur. »
Echangé dans le Wisconsin en mars dernier, après avoir bien signifié aux Rockets qu’il ne voulait pas faire partie d’un projet de reconstruction au long cours, PJ Tucker a été un ajout décisif à l’effectif des Bucks, qui ne manque pas de talent mais manquait certainement de dureté et de mental.
« C’est ce qu’il fait partout où il va », conclut Royal Ivey, son coéquipier à Texas. « Il laisse ses empreintes – ou ses empreintes de baskets – sur ces franchises. Il fait partie de ces gars contre qui on ne veut pas jouer. Mais tout le monde veut un PJ Tucker dans son équipe. »
P.J. Tucker | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2006-07 | TOR | 17 | 5 | 50.0 | 0.0 | 57.1 | 0.6 | 0.7 | 1.4 | 0.2 | 0.7 | 0.1 | 0.4 | 0.0 | 1.8 |
2012-13 | PHX | 79 | 24 | 47.3 | 31.4 | 74.4 | 1.7 | 2.8 | 4.4 | 1.4 | 1.8 | 0.8 | 0.8 | 0.2 | 6.4 |
2013-14 | PHX | 81 | 31 | 43.1 | 38.7 | 77.6 | 2.0 | 4.5 | 6.5 | 1.7 | 2.5 | 1.4 | 1.3 | 0.3 | 9.4 |
2014-15 | PHX | 78 | 31 | 43.8 | 34.5 | 72.7 | 1.5 | 5.0 | 6.4 | 1.6 | 2.3 | 1.4 | 1.2 | 0.3 | 9.1 |
2015-16 | PHX | 82 | 31 | 41.1 | 33.0 | 74.6 | 2.0 | 4.2 | 6.2 | 2.2 | 2.5 | 1.3 | 1.4 | 0.2 | 8.0 |
2016-17 * | All Teams | 81 | 28 | 41.3 | 35.7 | 77.4 | 1.4 | 4.4 | 5.8 | 1.2 | 2.4 | 1.4 | 0.8 | 0.2 | 6.7 |
2016-17 * | PHX | 57 | 29 | 41.5 | 33.8 | 79.2 | 1.6 | 4.4 | 6.0 | 1.3 | 2.5 | 1.5 | 0.9 | 0.2 | 7.0 |
2016-17 * | TOR | 24 | 25 | 40.6 | 40.0 | 68.8 | 1.0 | 4.4 | 5.4 | 1.1 | 2.2 | 1.3 | 0.6 | 0.2 | 5.8 |
2017-18 | HOU | 82 | 28 | 39.0 | 37.1 | 71.7 | 1.1 | 4.4 | 5.6 | 0.9 | 2.5 | 1.0 | 0.9 | 0.3 | 6.1 |
2018-19 | HOU | 82 | 34 | 39.6 | 37.7 | 69.5 | 1.5 | 4.4 | 5.8 | 1.2 | 3.1 | 1.6 | 0.8 | 0.5 | 7.3 |
2019-20 | HOU | 72 | 34 | 41.5 | 35.8 | 81.3 | 1.6 | 5.1 | 6.6 | 1.6 | 3.2 | 1.1 | 1.0 | 0.5 | 6.9 |
2020-21 * | All Teams | 52 | 26 | 37.3 | 33.6 | 75.0 | 1.0 | 2.9 | 3.9 | 1.2 | 2.4 | 0.8 | 0.8 | 0.4 | 3.7 |
2020-21 * | HOU | 32 | 30 | 36.6 | 31.4 | 78.3 | 1.0 | 3.6 | 4.6 | 1.4 | 2.8 | 0.9 | 1.0 | 0.6 | 4.4 |
2020-21 * | MIL | 20 | 20 | 39.1 | 39.4 | 60.0 | 0.9 | 1.9 | 2.8 | 0.8 | 1.7 | 0.5 | 0.3 | 0.1 | 2.6 |
2021-22 | MIA | 71 | 28 | 48.4 | 41.5 | 73.8 | 1.4 | 4.0 | 5.5 | 2.1 | 2.3 | 0.8 | 0.9 | 0.2 | 7.6 |
2022-23 | PHL | 75 | 26 | 42.7 | 39.3 | 82.6 | 1.3 | 2.7 | 3.9 | 0.8 | 2.4 | 0.5 | 0.6 | 0.2 | 3.5 |
2023-24 * | All Teams | 31 | 16 | 36.0 | 37.1 | 100.0 | 0.9 | 1.8 | 2.7 | 0.5 | 1.7 | 0.5 | 0.3 | 0.2 | 1.7 |
2023-24 * | LAC | 28 | 15 | 35.6 | 36.7 | 100.0 | 1.0 | 1.6 | 2.5 | 0.6 | 1.6 | 0.5 | 0.2 | 0.2 | 1.6 |
2023-24 * | PHL | 3 | 22 | 40.0 | 40.0 | 0.0 | 0.3 | 4.3 | 4.7 | 0.0 | 3.0 | 1.0 | 0.7 | 0.7 | 2.0 |
2024-25 | NYK | 3 | 19 | 42.9 | 50.0 | 0.0 | 1.3 | 1.3 | 2.7 | 0.0 | 2.7 | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 3.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.