Les questions de santé mentale ne touchent pas que les joueurs. Soumis à une grosse pression, celle du résultat dans la ligue la plus relevée du monde, les entraîneurs évoluent bien souvent sur un siège éjectable et sont donc les premiers à sauter en cas d’accroc.
Ancien assistant aux Hawks (2004-2008) puis au Heat (2008-2016), David Fizdale a finalement eu sa chance à Memphis en 2016. Le technicien a d’abord joui d’une belle cote, avant de passer pour pestiféré, entre sa première aventure d’entraîneur principal avec les Grizzlies (2016-2017), et la seconde, à New York (2018-2019).
« Vous pensez que vous êtes un imposteur. Vous avez l’impression d’avoir trompé ces gens »
Après un premier exercice catastrophique avec les Knicks (17v-65d), David Fizdale n’a pas résisté à la pression du Garden la saison suivante, se faisant virer après 22 matchs de l’exercice 2018-2019, la franchise affichant un bilan de 4 victoires pour 18 revers.
Interrogé par The Undefeated, l’entraîneur devenu ensuite consultant est revenu sur la période particulièrement difficile qui a suivi son éviction.
« D’un point de vue mental, je n’avais jamais atteint autant le fond », a-t-il déclaré. « Je pensais que le point le plus bas aurait été pendant les défaites. Mais c’était après, quand vous passez par toute cette partie « Qu’est-ce que j’aurais pu faire différemment ? Est-ce que je méritais ce travail ? » Vous pensez que vous êtes un imposteur. Vous avez l’impression d’avoir trompé ces gens. Vous êtes un escroc ».
Passé du profil de coach « à la dure » à Memphis à un technicien plus souple au sein du jeune groupe new-yorkais qui comprenait notamment, Elfrid Payton, Dennis Smith Jr. et Frank Ntilikina, autour d’un jeune leader en devenir : Julius Randle.
« J’étais probablement trop gentil avec ces gars-là. J’étais trop préoccupé par ce qui allait leur arriver s’ils ne jouaient pas. C’était essentiellement le contraire de ce que j’avais fait de mal à Memphis », a-t-il ajouté. « Ce que Memphis m’a appris, c’est que je peux toujours coacher les gars durement, mais je dois savoir jusqu’à quel niveau je peux aller. Je dois les coacher avec l’idée que c’est plus important que le basket ».
« Je cherchais toujours à être Gregg Popovich ou Pat Riley »
Écarté du circuit depuis bientôt deux ans, David Fizdale se sent aujourd’hui prêt à reprendre du service sur un banc en NBA.
« Je pense que je suis à présent dans une situation où je vois un but dans ce que je fais. Un but plus profond », a-t-il poursuivi. « Je veux revenir au jeu avec mon esprit totalement axé sur le service, un service sans moyen pour une fin. Je n’ai jamais coaché de cette façon auparavant. Il ne s’agit plus de moi. J’entraîne pour aider ce gamin à s’améliorer, et je me fiche d’être crédité ou non. Il s’agit de passer du temps avec ce gamin et de lui fournir l’espace dont il a besoin pour s’améliorer en tant qu’homme et en tant que joueur. Et c’est tout ».
Fort de ces deux expériences, David Fizdale se sent plus apaisé aujourd’hui et se voit même être un coach heureux, ce qu’il n’avait jamais réussi à être jusque là, trop dévoré par la pression et l’obsession de la réussite
« Je ne l’ai vraiment pas fait, parce que je ne comprenais pas. Je courais toujours après cette image que tout le monde nous disait d’être. Je cherchais toujours à être Gregg Popovich ou Pat Riley. Pourrais-je les rattraper au niveau des victoires ? Pourrais-je être un membre du Hall of Fame ? Je courais toujours après ce « GOAT » invisible. Mais je pense que les gens abusent du mot « compétiteur ». Vous pouvez toujours être un compétiteur hors pair sans que votre vie en dépende. Je vais juste continuer à me pencher sur l’idée d’être un humain d’abord, un coach ensuite et voir où cela me mène. C’est là que je pense que je trouverai la victoire ».