Durant ses années à Boston, Tony Allen était vu comme un formidable défenseur mais comme un attaquant extrêmement limité. Peu adroit, mauvais manieur de ballons, il représentait un désavantage offensif tel que Doc Rivers ne l’utilisait que pour des tâches défensives ingrates.
Bloqué derrière Ray Allen, Paul Pierce ou Rajon Rondo, il a finalement décidé de quitter Boston pour rejoindre Memphis. Le début de saison laissait penser que le choix n’était pas forcément judicieux. Toujours aussi maladroit de loin, il jouait peu et ne semblait pas obtenir le rôle majeur qu’il avait tant espéré.
Sa défense lui a pourtant permis de gagner une place de titulaire. Et, surprise, il est même devenu performant en attaque. Analyse.
Travaille plus tes points forts que tes points faibles
Comment Tony Allen a-t-il réussi à devenir une arme offensive intéressante depuis plus d’un mois et demi ? C’est en effet le mois dernier, lors d’un match face à Oklahoma City, que tout semble avoir débuté.
Propulsé titulaire, l’arrière inscrit 27 points. Habitué des petites performances offensives, il se révèle désormais beaucoup plus constant.
Pourquoi ? Il faut se référer aux emplacements de ses tirs donnés par le site Hoopdata.com pour comprendre. Tony Allen a toujours pris la majorité de ses shoots près du cercle. Cette année ne fait pas de différence. Simplement, en début de saison, il n’était pas très efficace.
Lieu des tirs | Cercle | 1 à 3 mètres | 3 à 4,5 mètres | 4.5 à 7 mètres | 3 points | Total | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Mois | GP | MIN | M-A | eFG% | M-A | eFG% | M-A | eFG% | M-A | eFG% | M-A | eFG% | Total | |
Octobre | 3 | 15.7 | 1.3-3.3 | 40.0 | 1.3-1.3 | 100.0 | 0.3-0.7 | 50.0 | 0.0-1.0 | 0.0 | 0.0-0.0 | 6.7 | ||
Novem. | 12 | 11.1 | 1.3-2.3 | 57.1 | 0.3-1.2 | 21.4 | 0.1-0.3 | 33.3 | 0.2-0.6 | 28.6 | 0.0-0.0 | 4.5 | ||
Décem. | 13 | 14.7 | 1.6-2.9 | 55.3 | 0.2-0.4 | 40.0 | 0.0-0.0 | 0.3-0.9 | 33.3 | 0.1-0.2 | 75.0 | 5.8 | ||
Janvier | 13 | 20.4 | 2.5-3.5 | 71.1 | 0.2-0.8 | 20.0 | 0.0-0.3 | 0.0 | 0.3-1.2 | 26.7 | 0.2-0.4 | 60.0 | 8.2 | |
Février | 12 | 25.0 | 3.4-4.9 | 69.5 | 0.4-1.3 | 33.3 | 0.0-0.4 | 0.0 | 0.3-1.3 | 26.7 | 0.0-0.3 | 0.0 | 11.5 | |
Mars | 13 | 28.5 | 3.7-5.2 | 70.6 | 0.8-1.7 | 50.0 | 0.2-0.4 | 40.0 | 0.4-1.1 | 35.7 | 0.1-0.6 | 18.8 | 13.5 |
Sa véritable réussite, c’est d’avoir réussi à améliorer ça malgré le fait qu’il prenne toujours plus de shoots dans cette zone.
Un voleur de ballons qui convertit ce talent
La première raison, c’est son repositionnement progressif au poste 2. Alors que Lionel Hollins l’utilisait beaucoup à l’aile en début de saison, Tony Allen est venu prendre la place d’un O.J. Mayo assez faible défensivement à l’arrière.
En quoi cela change sa production offensive ? Et bien, Tony Allen est l’un des meilleurs intercepteurs de la ligue. Placé au niveau du premier rideau offensif, il peut se servir de ce talent pour se projeter rapidement vers l’avant, ce qui lui était impossible lorsqu’il défendait sur des ailiers.
Du coup, il obtient pas mal de contre-attaques faciles, ce qui est bon pour son pourcentage au tir, mais aussi pour sa confiance.
Une exemple hier avec une interception sur une passe de Tony Parker.
Ou face à Matt Bonner.
Exploiter sa puissance physique
Mais les interceptions ne font pas tout et si Tony Allen réussit désormais à scorer près de 13.5 points de moyenne, c’est qu’il a trouvé d’autres moyens de marquer. C’est là qu’intervient un bon coach.
Lionel Hollins et son équipe font un gros travail pour reconnaître les adversaires sur lesquels Tony Allen a un avantage de puissance. Hier, George Hill n’avait tout simplement pas assez de muscles pour résister à l’ancien Celtic. Les Grizzlies en ont profité pour envoyer systématiquement la balle à leur arrière quand l’occasion se présentait. Pour six points rapidement gagnés.
Une première fois en faisant travailler Tony Allen poste bas.
Une deuxième fois dans une situation similaire.
Et une troisième fois en utilisant sa vitesse.
Plus de réussite = plus de confiance ?
Tous ces points acquis plutôt facilement permettent à Tony Allen de se mettre en confiance. Alors qu’il restait sur le côté en début de saison, attendant le déroulement d’un système, il prend désormais des initiatives, n’hésitant à profiter d’un manque d’attention de son défenseur.
Et alors qu’il représentait un poids offensif lors des fins de match dans ses années à Boston, il peut enfin devenir une arme offensive. Lancé par ses réussites de près, il apporte en attaque, même dans le money time où l’accès au cercle est fermé.
Hier, il a ainsi surpris les Spurs en réussissant un tir décisif à mi-distance.
Tony Allen était-il la pièce manquante des Grizzlies ?
Cela ne fait que deux mois que Tony Allen a pleinement intégré ce rôle d’attaquant efficace et il serait bien imprudent d’en tirer des conclusions définitives. En limitant les pertes de balle, on peut ainsi beaucoup réduire son impact.
Mais si Memphis s’approche à grands pas des playoffs, c’est aussi parce que l’équipe est devenue l’une des meilleures au niveau des interceptions. Et le transfuge des Celtics y est pour beaucoup. L’absence de Rudy Gay n’a ainsi pas franchement modifié la dynamique du groupe et l’équipe pourrait s’avérer extrêmement dangereuse en playoffs.
Tony Allen, lui, a peut-être trouvé la place au soleil qu’il espérait tant.