« J’ai toujours aimé le basket universitaire et voir tous ces joueurs venir de l’université était tellement incroyable. Je voulais juste vivre l’expérience de l’université, c’est l’une des principales raisons pour lesquelles je suis venu aux États-Unis ».
Plus de dix ans après, la plaie est encore béante pour Enes Kanter, interrogé au sujet du long chemin qu’il parcouru de Turquie pour arriver jusqu’en NBA. Fan de foot depuis sa plus tendre enfance, il s’est retrouvé redirigé vers le basket par son prof d’EPS dès lors qu’il a dépassé d’une bonne tête tous ses petits camarades.
Une expérience en Euroleague qui lui a coûté très cher
Alors qu’il s’est rapidement montré à son aise au poste de pivot, dominant ses adversaires dans les compétitions internationales de jeunes et en championnat espoir, Enes Kanter a ainsi eu la « chance » de disputer neuf matchs avec l’équipe première du Fenerbahçe, dont quatre matchs d’Euroleague.
« Quand j’ai eu 16 ans, j’allais jouer contre des gars de 35-36 ans parce que je jouais en EuroLeague » rappelle-t-il. « Je jouais devant des milliers de personnes, et la première fois que je suis venu aux États-Unis, j’ai commencé à jouer au lycée. C’était comme si je jouais littéralement contre des enfants ».
Une expérience inestimable pour son âge, pour laquelle il a été rétribué à hauteur de 33 000 dollars, un seuil bien au-delà de celui toléré par la NCAA, dont l’essence reste de former des joueurs non-professionnels, et qui lui a ainsi fermé définitivement la porte, le déclarant « inéligible », alors que le pivot venait de s’engager pour Kentucky.
Enes Kanter avait notamment refusé des offres de contrats importantes de Fenerbahçe et de l’Olympiakos. Son rêve ultime était de jouer à l’université, en NCAA…
« J’avais fait tant de sacrifices pour venir ici. En Europe, on peut devenir pro à 15-16 ans et signer un contrat. Tous mes amis, ma famille, tout le monde me disait : ‘Signe ce contrat et tu seras bon pour toute la vie’. Mais pour moi, l’argent est toujours passé après. La première chose que je voulais était d’aller en NBA mais aussi de faire mes études en même temps. Quand la NCAA m’a dit que j’étais définitivement inéligible, ça m’a brisé le cœur ».
Un Wildcat dans l’âme
Après l’appel qui a confirmé son inéligibilité en janvier 2011, Enes Kanter n’est pas rentré en Europe, mais s’est imprégné comme il a pu de l’expérience de l’université de Kentucky le temps de quelques mois. Et même s’il n’a jamais officiellement porté le maillot des Wildcats, le Turc a tout de même eu une pensée pour la fac où il aurait aimé briller lorsqu’il a été drafté par le Jazz en troisième position de la Draft, le 23 juin 2011.
« Quand j’ai entendu qu’avec le troisième choix de la Draft NBA 2011, le Jazz sélectionnait Enes Kanter de Turquie, j’ai eu l’impression de traverser tant d’émotions, parce qu’au final, je représentais mon pays, mon drapeau, ma famille, mon peuple et Kentucky. Je me suis levé, j’ai embrassé mon père, j’ai mis ma casquette et je me suis senti sonné. Je me disais : ‘Je n’arrive pas à croire que je vais enfin pouvoir jouer au basket, j’ai enfin une équipe' ».
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.