Passé de 11 points et 4 passes à 17 points et 7 passes entre sa première et sa deuxième saison en NBA, De’Aaron Fox a poursuivi sa progression cette année. Malgré une campagne chaotique avec une suspension brutale de la compétition et la reprise dans la bulle, il a encore haussé le ton avec 21 points et 7 passes de moyenne.
Malheureusement pour le jeune meneur de 22 ans, cette montée en puissance individuelle ne correspond pas, pour le moment, à un accessit aux playoffs, que ratent les Kings depuis maintenant 14 ans ! De’Aaron Fox n’a pas encore été All-Star non plus. L’une ou l’autre de ces récompenses (ou les deux) lui semble promise la saison prochaine. Il y a en tout cas des raisons d’y croire…
Le patron des Kings
Malgré trois saisons de disette à Sacramento, De’Aaron Fox ne se déballonne pas, il compte bien rester en place à Sacramento. Mieux, il veut faire partie de l’équipe qui brisera le signe indien. En tout état de cause, il est le joueur majeur de ce projet actuellement en cours chez les Kings (avec Marvin Bagley III, Bogdan Bogdanovic, voire Harry Giles – et Buddy Hield initialement aussi).
« C’est évidemment super difficile, surtout à l’Ouest. Mais faire partie de l’équipe qui se qualifiera [en playoffs] sera forcément à part », évoquait-il sur Yahoo!. « Si on peut arriver à construire un prétendant au titre à Sacramento, ma carrière sera représentée bien différemment. Je veux faire partie de ce processus. Aussi longtemps que je serai ici, c’est ce que je vais poursuivre et je serai content de ma carrière si j’arrive à faire ça. »
Bien que touché à la cheville avant le retour à la compétition à Orlando, De’Aaron Fox a réussi son meilleur match en carrière pour la première rencontre des Kings dans la bulle, avec 39 points face aux Spurs.
Preuve de son irrésistible ascension, cette saison, il a placé 7 matchs à 30 points ou plus, contre seulement 3 sur ses deux premières saisons (et aucun sur sa saison rookie).
« Ça remonte à avant la suspension de la saison », expliquait Luke Walton sur NBC Sports. « J’ai trouvé qu’il avait vraiment fait de solides progrès. Il choisit mieux quand il doit impliquer ses coéquipiers et quand il doit scorer. C’est une énorme étape dans son évolution, et je suis persuadé qu’on voit en ce moment le joueur qu’il va devenir pour le reste de sa carrière. »
« Je joue plus lentement que jamais »
Seul hic dans ce record en carrière, et dans le jeu de De’Aaron Fox cette saison, son adresse à 3-points avec un petit 1/7 à 3-points. Seul aspect de son jeu en net recul, son tir de loin a pris un coup dans l’aile, rétrogradant de 37% à 29%… Mais pas de panique pour le meneur qui repose avant tout son jeu sur sa force de percussion.
« À mesure qu’il se rend compte que, quand il entre dans la peinture, les défenses se brisent, il peut commencer à les manipuler et choisir quel shooteur il va servir », reprend Luke Walton. « Je pense que ça va élever son jeu encore plus et élever le niveau de l’équipe dans le même temps. »
De plus en plus à l’aise physiquement dans les duels, De’Aaron Fox parvient maintenant à se faufiler très régulièrement dans les défenses adverses. Au lieu de se contenter de tirs à mi-distance, il va ainsi finir plus volontiers près du cercle.
En l’occurrence, il a tenté 31% de ses tirs à moins d’un mètre du panier (et il réussit 66% de ces tirs). « Il n’a définitivement pas peur de rentrer dans la raquette », confirme un scout NBA, « c’est une garantie. »
Maîtriser sa vitesse supersonique
Dans le petit périmètre, De’Aaron Fox a d’ores et déjà une belle palette de tirs. Comme il le dit lui-même, « tu ne sais jamais quels tirs tu vas avoir besoin de sortir en match ». En bon professionnel, il les a donc tous bossés en amont : le petit floater, le tear drop, le finger roll. Et ce, main droite ou main gauche, même ou différent pied d’appui. Dans toutes les configurations possibles…
Une des grosses qualités de De’Aaron Fox dans ces situations de pénétration, c’est qu’il est capable d’encaisser les chocs. Malgré son petit gabarit, le meneur des Kings n’hésite pas à aller au contact.
Ancien footballeur, il n’a pas froid aux yeux et, surtout, il a bien compris qu’il avait sinon l’opportunité de conclure avec sa capacité à se contorsionner et finir dans la difficulté, tout au moins la possibilité de provoquer la faute ou, au pire, de lancer un tir raté qu’un de ses intérieurs peut suivre à la claquette.
« Je joue plus lentement que jamais », révèle pourtant De’Aaron Fox. « Je fais ça beaucoup plus maintenant parce que tout le monde a déjà peur de ma vitesse. Si je joue lentement, ils vont essayer d’anticiper quand je vais démarrer. Je veux les maintenir sur leurs gardes. Je continue à progresser à la passe et dans la manipulation du jeu, je pense que ça va de pair. »
À la passe, De’Aaron Fox a effectivement ajouté plusieurs armes à son arsenal, notamment avec la passe à une main. Comme tout bon meneur moderne, il est désormais capable de balancer des passes transversales main droite ou main gauche pour trouver la fameuse « poche » de ses shooteurs déjà prêts à dégainer. De même, il peut aussi envoyer ses intérieurs sur orbite, toujours à une main, avec des lobs en mouvement dans le timing du pick & roll.
« C’est une foutue fusée »
« Il est fantastique », ajoute un entraîneur NBA anonyme sur ESPN. « Il a fait d’immenses progrès. Il tord tellement la défense adverse, simplement en mettant constamment la pression sur le cercle. Je pense qu’il peut figurer parmi les meilleurs meneurs de la ligue. En tout cas, il en a le potentiel. »
Car le King dispose toujours de sa qualité première, et son fonds de commerce si on peut dire : sa vitesse supersonique. « C’est une foutue fusée », ajoute un assistant coach spécialiste de la défense. « Mon scout voulait m’en parler et voulait me dire qu’il était rapide, mais tu ne peux pas vraiment lui rendre justice en regardant ses vidéos. Sa vitesse d’un côté à l’autre du terrain est digne des John Wall et [Russell] Westbrook. »
Plus précisément, on peut parler de changement de rythmes. De’Aaron Fox fait clairement partie des meneurs les plus difficiles à tenir avec son premier pas ultra-rapide. Un véritable accélérateur de particules…
« Apprendre à changer de vitesse a eu un gros impact sur mon jeu », admet-il. « Ma première année n’était pas facile mais c’était déjà mieux la deuxième, et cette année, c’est devenu encore plus facile. Jouer en NBA a complètement changé ma perspective sur le jeu. Honnêtement, quand je regarde certains de mes clips, je me dis : « Merde, mais qu’est-ce que je foutais là ? » Et je ne peux plus du tout regarder le basket universitaire… »
Une révolution dans son jeu
Profondément marqué par ses débuts difficiles en NBA, notamment des mois de novembre et décembre 2017 très rudes à moins de 8 points de moyenne, De’Aaron Fox jette un regard assez critique sur ses débuts. Il reconnaît qu’il n’était clairement pas prêt pour l’adversité qu’il allait rencontrer. D’autant plus sur le poste de meneur.
« Quand je suis arrivé [en NBA], j’avais évidemment le sentiment que j’étais un des gars les plus athlétiques sur le terrain. Mais en fait, je me suis aperçu que le poste de meneur est probablement la position la plus difficile à jouer car tout le monde est super rapide. Même les gars « lents » sont rapides ! », se marre-t-il maintenant. « Même les bons matchs que j’avais ma saison rookie était super difficiles. J’avais l’impression de devoir jouer à 120%, simplement pour faire un bon match. »
De’Aaron Fox apprendra plus tard à ralentir son jeu et à dompter son agressivité instinctive vers le cercle.
À l’époque, encore trop tendre physiquement et mentalement, il allait simplement comprendre, par l’exemple, que la NBA était un niveau au-dessus. Et c’est Damian Lillard qui lui en a donné la preuve la plus tangible le 9 février 2018 : un « 50 burger » comme on dit là-bas… Et avec la manière !
« Dame est le joueur le plus difficile que j’ai eu à défendre. Il nous a planté 50 points en trois quart-temps. Il a dû m’en mettre 15 ou 16 sur la tête [plutôt 20 ou 22, ndlr], mais il en a donné à tout le monde. J’étais là : yo, il n’y a rien que je puisse faire. Je ne sais plus quoi faire pour arrêter ce mec. C’était clairement ce moment de « bienvenue en NBA » pour moi. »
« C’était un tout autre De’Aaron Fox à l’époque »
Humilié par Damian Lillard, De’Aaron Fox n’est plus ce débutant freluquet et dégingandé. Il a d’ailleurs récemment disposé de sa signature capillaire. Non, il est devenu un « borderline All-Star » dans une équipe des Kings qui aura longtemps joué les playoffs. Il compte aussi nombre de victimes de l’autre côté du terrain avec ses dribbles et accélérations mais aussi ses dunks en haute altitude.
Néanmoins, le King veut devenir un joueur complet, un joueur qui dure. Pour ce faire, il a appris la patience.
Il sait jouer du frein, alternant entre le très lent et le très rapide, amplifiant pour le coup au maximum l’amplitude de sa vitesse d’accélération. Il peut ainsi lire la défense et faire l’étalage de son arsenal offensif complet près du cercle tout en choisissant le moment opportun pour frapper la défense.
« Mon jeu offensif a bien changé par rapport à ce qu’il était quand j’avais 18 ou 19 ans. En l’occurrence, je ne prendrais plus le tir [à mi-distance maintenant]. Soit j’essaierais d’avoir le meneur adverse derrière mon dos et j’attaquerais l’intérieur ou alors, j’attendrais mon intérieur pour le servir sur le roll. »
Débarqué très tôt en NBA, à 19 ans, De’Aaron Fox a bien appris sa leçon depuis. La vitesse est une chose, mais sa maîtrise en est une (toute) autre…
« Oh, j’étais tellement mauvais ma première année, j’étais vraiment pas bon », conclut De’Aaron Fox. « J’étais déjà rapide et tout ça, mais je n’avais pas encore la compréhension du jeu que j’ai maintenant. Car jusque-là, je me reposais essentiellement sur mes qualités athlétiques, en étant plus rapide et en sautant plus haut. C’était un tout autre De’Aaron Fox à l’époque. »
De'Aaron Fox | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2017-18 | SAC | 73 | 28 | 41.2 | 30.7 | 72.3 | 0.5 | 2.3 | 2.8 | 4.4 | 2.2 | 1.0 | 2.4 | 0.3 | 11.6 |
2018-19 | SAC | 81 | 31 | 45.8 | 37.1 | 72.7 | 0.5 | 3.2 | 3.8 | 7.3 | 2.5 | 1.6 | 2.8 | 0.6 | 17.3 |
2019-20 | SAC | 51 | 32 | 48.0 | 29.2 | 70.5 | 0.7 | 3.2 | 3.8 | 6.8 | 2.8 | 1.5 | 3.1 | 0.5 | 21.1 |
2020-21 | SAC | 58 | 35 | 47.7 | 32.2 | 71.9 | 0.6 | 2.9 | 3.5 | 7.2 | 2.9 | 1.5 | 3.0 | 0.5 | 25.2 |
2021-22 | SAC | 59 | 35 | 47.3 | 29.7 | 75.0 | 0.4 | 3.5 | 3.9 | 5.6 | 2.9 | 1.2 | 2.8 | 0.4 | 23.2 |
2022-23 ☆ | SAC | 73 | 33 | 51.2 | 32.4 | 78.0 | 0.5 | 3.6 | 4.2 | 6.1 | 2.4 | 1.1 | 2.5 | 0.3 | 25.0 |
2023-24 | SAC | 74 | 36 | 46.5 | 36.9 | 73.8 | 0.9 | 3.7 | 4.6 | 5.6 | 2.6 | 2.0 | 2.6 | 0.4 | 26.6 |
2024-25 * | All Teams | 62 | 36 | 46.3 | 31.0 | 82.7 | 0.9 | 3.9 | 4.8 | 6.3 | 2.6 | 1.5 | 2.8 | 0.4 | 23.5 |
2024-25 * | SAC | 45 | 37 | 46.9 | 32.2 | 82.9 | 1.0 | 4.0 | 5.0 | 6.1 | 2.6 | 1.5 | 3.0 | 0.4 | 25.0 |
2024-25 * | SAN | 17 | 34 | 44.6 | 27.4 | 81.9 | 0.5 | 3.8 | 4.3 | 6.8 | 2.7 | 1.5 | 2.4 | 0.3 | 19.7 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.