Justin Rao et Matt Goldman sont deux économistes passionnés de basketball. Auteurs d’une étude statistique sur le mythe de la « main chaude », les deux amis ont récidivé en cherchant à démontrer, de façon mathématique, qui étaient les joueurs qui shootaient trop. Et ceux qui ne shootaient pas assez.
Ils ont donc analysé 400 000 possessions sur les 4 dernières années. Résultats : Chris Paul devrait plus shooter. Russell Westbrook, au contraire, devrait limiter son nombre de tirs.
Les deux économistes ont étudié l’instant, dans une possession, où les joueurs prennent un tir. Il y ont couplé l’endroit du terrain où le tir est pris.
Ensuite, ils ont défini le tir le plus difficile pris par les 674 joueurs étudiés, l’instant où ils le prennent et la réussite de chacun. Du coup, ils ont pu calculer, pour chacun, la différence entre son efficacité au tir et celle qu’aurait eu son équipe s’il avait fait une passe.
Première conclusion : les meilleures équipes sont celles dont les joueurs prennent les tirs avec lesquels ils sont le plus efficaces. Ça parait logique, mais c’est toujours bon de le vérifier. Il faut tout de même noter que la notion d’efficacité est fluctuante. Un mauvais tir, pour un super joueur, peut être équivalent, en terme d’efficacité, à un shoot ouvert chez un joueur moyen.
Deuxième conclusion : il y a très peu de « shooteurs fous », à savoir de joueurs qui prennent beaucoup de mauvais tirs. En fait, la plupart des joueurs ont tendance à refuser pas mal de tirs habituellement réussis. Contrairement aux idées reçues, la NBA serait donc beaucoup moins individualiste qu’il n’y parait.
Alors, qui sont ceux qui tirent trop ?
Justin Rao et Matt Goldman expliquent que les joueurs qui shootent trop sont ceux qui prennent des tirs trop tôt dans la possession ou dont l’équipe serait plus efficace offensivement s’ils passaient plus la balle.
A ce jeu-là, c’est Russell Westbrook qui obtient le titre de celui qui devrait moins tirer. Cela peut s’expliquer par le fait que le joueur du Thunder n’est pas un pur meneur et qu’il tente encore de s’adapter à ce nouveau rôle. Suivent Tyrus Thomas, Lamar Odom, Monta Ellis et Rafer Alston.
Du côté des joueurs qui ne shootent pas assez, c’est Chris Paul qui décroche la palme. Brandon Roy, LeBron James et Al Jefferson sont également présents et on peut penser que, s’ils refusent tant de tirs, c’est pour privilégier le jeu collectif de leur équipe. Kobe Bryant fait également partie de ce groupe.
Ceux qui shootent trop | Ceux qui ne tirent pas assez |
Russell Westbrook (-2.98) | Chris Paul (+5.34) |
Tyrus Thomas (-1.98) | Brandon Roy (+5.13) |
Lamar Odom (-1.94) | LeBron James (+4.93) |
Monta Ellis (-1.91) | Al Jefferson (+4.62) |
Après analyse, tous les joueurs ont obtenu un coefficient. Si celui-ci est négatif, cela signifie que l’individu étudié a une sélection de tirs nuisible à son équipe, c’est-à-dire qu’il prend des tirs dans lesquels il est peu efficace ou qu’il prend un tir moins efficace que celui possible la seconde d’après.
S’il est positif, c’est l’inverse. Le joueur a tendance à refuser des tirs dans lesquels il est adroit pour des shoots moins efficaces ou pour des tirs pris par des coéquipiers moins adroits que lui.
Le but ultime, pour nos deux économistes, est que tous les joueurs d’une équipe tendent vers 0. Cela signifierait qu’il prenne, en moyenne, le shoot le plus efficace. Un bémol tout de même : la défense adverse n’a pas été prise en compte. Or, prendre un tir dans la raquette quand on est seul est très différent du fait de devoir shooter face à Dwight Howard, par exemple.