A Portland, on aime bien drafter des joueurs qui sortent de petites facs, car ce sont en général des gars qui ont bossé dur et connaissent la valeur du travail. Damian Lillard et CJ McCollum en sont les preuves ultimes, se construisant année après année pour former l’une des meilleures paires d’arrières de la ligne, si ce n’est la meilleure.
Mais le directoire des Blazers n’hésite pas non plus à regarder dans les programmes plus prestigieux de NCAA pour y trouver des perles. C’est le cas de Gary Trent Jr, sélectionné au 2e tour de la Draft en 2018, à la 37e place seulement !
63% de réussite à 3-points
Remplaçant de bout de banc, Trent a passé une première année compliquée en NBA, surtout utilisé comme « sparring partner » à l’entraînement et envoyé à 6 reprises en G-League avec les Texas Legends pour se défouler. A 33 points, 5 rebonds, 2 passes et 2 interceptions de moyenne à l’étage inférieur, il ne manquait plus grand-chose à Trent pour s’imposer au niveau supérieur.
A vrai dire, ce qui lui manquait, c’était un nouvel été de boulot, avec du travail plus spécifique sur sa défense en homme à homme mais aussi plus de répétitions encore au tir. Dans le profil « 3 & D », Gary Trent Jr. a réussi à se faire sa place dans un effectif qui compte tout de même Lillard, McCollum, Anthony voire Anfernee Simons sur ses postes extérieurs.
Dans la bulle, Trent est en train d’éclabousser la Ligue de toute sa classe. Face à Denver, le jeune Blazer est encore sorti du banc mais n’a toujours pas perdu sa main chaude. Avec 27 points à 8/12 aux tirs dont 7/10 à 3-points, plus 4 passes, 3 rebonds et 2 interceptions, Trent poursuit sa mission sans arrière-pensée.
« Tu ne peux pas être sur le terrain et avoir peur », envoie Trent dans l’Oregonian. « Il faut y aller et jouer ton jeu. Que tu rates ou que ça rentre, il faut vivre avec tes résultats. »
Imperturbable, Trent en est désormais à 22/35 derrière l’arc (pour un superbe 63% de réussite) et tourne à plus de 20 points par match dans la bulle. « Je suis vraiment impressionné », reprend Damian Lillard. « Chaque fois que je lui passe la balle ou qu’il prend un tir, j’ai confiance à 100% que ça va rentrer. Comme quand je shoote pour ainsi dire. »
Il a convaincu Damian Lillard
Lillard (21) et Trent (22) sont en l’occurrence les deux meilleurs shooteurs à 3-points de cette reprise floridienne, le cadet damant même le pion à son « franchise player » d’un tir…
« J’adore simplement son état d’esprit », explique Lillard, qui a pris Trent sous son aile, dans The Athletic. « S’il voit un bon tir, il ne le refuse pas. S’il en rate un, il va prendre le suivant en pensant qu’il va le réussir. Dans les moments chauds en fin de match, il prendra ses tirs. En début de match, quand ça ne va pas forcément pour l’équipe, il prendra ses tirs. »
Loin d’avoir froid aux yeux, le fiston de l’ancien ailier-fort des Blazers a pour le coup été éduqué à la dure. Son papa NBAer a rapidement instillé en Junior des valeurs de travail et de sacrifice qui portent leurs fruits aujourd’hui, alors que Gary Trent Jr. peut s’adonner à sa passion 24h sur 24 et 7 jours sur 7.
La dernière preuve en date n’est autre que ce duel quasi fratricide face à Michael Porter Jr et les Nuggets. Bien qui lui rendant pas moins de 12 cm sous la toise, Trent a saisi à bras le corps la mission défensive assignée par Coach Stotts de verrouiller MPJ.
Solide au contact et inspiré à l’interception, Trent a réussi à éteindre le feu follet des Nuggets. Sans état d’âme aucun… « Hors terrain, on est de très bons amis, on est très proches. C’est que de l’affection », soulignait ainsi Trent en esquissant un sourire. « Mais une fois sur le terrain, je ne le connais plus. »
Un déclic face aux Bucks
Mais cette explosion à Orlando n’est que la suite d’une progression graduelle de la part de l’ancien Dukie. En fait, il faut remonter au 16e match de la saison, à Milwaukee, alors que les Blazers sont lancés dans un mois de novembre cataclysmique (5 victoires pour 10 défaites). C’est un premier moment fondateur pour le jeune joueur.
Alors que Lillard était indisponible à cause de blessure, Trent est responsabilisé. En 21 minutes de jeu, il cumule 13 points, 2 passes et 2 contres. « Ce match à Milwaukee, c’est là que j’ai vraiment pu l’observer de près », analyse Dame. « Et il était là pour dévier des passes, il ne lâchait pas son joueur défensivement, il jouait physique, il rentrait des tirs, il se battait. Il connaissait les systèmes, exécutait bien le plan de match. Il était tout simplement précis. C’était évident pour moi après ce match qu’il était prêt à devenir un joueur de rotation. »
Autre moment important dans cette saison de la révélation pour Trent, c’est ce match face à Oklahoma City le 18 janvier dernier. Le matin de la partie pourtant, l’arrière des Blazers est au fond du sac, malade comme un chien…
Mais le soir, en 36 minutes, Trent réalise tout bonnement son meilleur match en carrière avec 30 points à 12/18 aux tirs, dont 5/9 à 3-points. « Le truc avec ce match, c’était comme une fête de bienvenue en NBA pour lui, mais il avait l’air à moitié mort le matin-même », se souvient Terry Stotts. « Je ne pensais même pas qu’il pourrait jouer. Et puis, il a réussi son meilleur match. C’était probablement un tournant pour lui, mais pour nous aussi. »
Depuis, Trent est effectivement un solide contributeur dans la rotation de Stotts, non seulement par son adresse de loin et sa défense pot-de-colle sur l’extérieur adverse le plus dangereux, mais tout simplement par son attitude et sa mentalité.
« Son jeu s’est simplifié afin de pouvoir équilibrer notre équipe »
Dans sa 2e année seulement, Trent est en fait passé de surnuméraire en bout de banc la saison dernière à 6e homme officiel des Blazers cette année. Il a même doublé son camarade de Draft, Anfernee Simons, dans la hiérarchie locale. Pourtant pas un perdreau de l’année, Damian Lillard s’avoue sous le charme : « Je ne crois pas avoir déjà vu un joueur mettre son jeu en place si rapidement. »
De son côté, le GM des Blazers, Neil Olshey se satisfait que son « sophomore » a trouvé sa voie en épurant son jeu.
« Ce dont il avait besoin, c’est de trouver son identité », poursuit Olshey pour NBC. « Il était beaucoup plus costaud que ses adversaires au lycée et il pouvait donc les enfoncer sous le cercle. Cela a causé beaucoup d’inefficacité [à ses débuts en NBA]. Il prenait beaucoup de tirs à 2-points et se retrouvait en galère en pénétrant trop. Mais il a bien simplifié son jeu selon nos besoins collectifs, à savoir de l’énergie défensive, de la dureté, du 3-points, et du mouvement sans ballon. Son jeu s’est simplifié afin de pouvoir équilibrer notre équipe quand il joue avec Dame ou CJ, ou même à leur place. »
Quant à l’intéressé, il assure qu’il n’a ni secret, ni recette magique. « Je n’en suis pas surpris », conclut Trent Jr. « J’ai bossé pour ça. C’est pour ça que j’ai passé un tas d’heures incalculables à la salle. C’est pour ça que je vais m’entraîner le soir. Ce n’est ni une surprise ni un choc pour moi. »
Finalement, il livre tout de même un secret. Petit, le fiston de Gary Trent ne regardait pas Dora l’Exploratrice ou Bob l’éponge… « Quand j’étais gamin, je ne regardais pas Nickelodeon ou Cartoon Network, ou ces chaînes pour enfants. Je regardais des highlights de matchs. Des compilations du travail défensif de LeBron, le travail d’appuis de Kobe au poste bas, ce genre de petites choses. Au fur et à mesure, tu mets ça en place dans ton jeu et tu essaies de reproduire ces gestes. »
Gary Trent, Jr. | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2018-19 | POR | 15 | 7 | 32.0 | 23.8 | 42.9 | 0.1 | 0.7 | 0.7 | 0.3 | 0.3 | 0.1 | 0.3 | 0.1 | 2.7 |
2019-20 | POR | 61 | 22 | 44.4 | 41.8 | 82.2 | 0.4 | 1.2 | 1.6 | 1.0 | 1.5 | 0.8 | 0.3 | 0.3 | 8.9 |
2020-21 * | All Teams | 58 | 31 | 40.8 | 38.5 | 78.3 | 0.5 | 2.2 | 2.6 | 1.4 | 1.6 | 1.0 | 0.7 | 0.2 | 15.3 |
2020-21 * | POR | 41 | 31 | 41.4 | 39.7 | 77.3 | 0.5 | 1.7 | 2.2 | 1.4 | 1.5 | 0.9 | 0.8 | 0.1 | 15.0 |
2020-21 * | TOR | 17 | 32 | 39.5 | 35.5 | 80.6 | 0.4 | 3.2 | 3.6 | 1.3 | 1.7 | 1.1 | 0.7 | 0.2 | 16.2 |
2021-22 | TOR | 70 | 35 | 41.4 | 38.3 | 85.3 | 0.4 | 2.4 | 2.7 | 2.0 | 2.1 | 1.7 | 1.0 | 0.3 | 18.3 |
2022-23 | TOR | 66 | 32 | 43.3 | 36.9 | 83.9 | 0.5 | 2.2 | 2.6 | 1.6 | 1.5 | 1.6 | 0.8 | 0.2 | 17.4 |
2023-24 | TOR | 71 | 28 | 42.6 | 39.3 | 77.1 | 0.4 | 2.3 | 2.6 | 1.7 | 1.4 | 1.1 | 0.7 | 0.1 | 13.7 |
2024-25 | MIL | 74 | 26 | 43.1 | 41.6 | 84.8 | 0.3 | 2.0 | 2.3 | 1.2 | 1.7 | 1.0 | 0.6 | 0.1 | 11.1 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.