Touchée par la maladie de Lyme depuis 2008, Elena Delle Donne pensait que les médecins indépendants, nommés par la ligue et le syndicat des joueuses, allaient la dispenser de participer à la saison 2020 de WNBA.
Sauf que cette raison médicale n’a pas été jugée recevable. La conséquence directe, c’est que la championne et MVP 2019 doit jouer si elle veut toucher son salaire.
« J’ai considéré le Covid-19 comme n’importe quelle personne à risque : c’est une question de vie ou de mort »
Elle a donc décidé d’écrire sur The Players’ Tribune pour raconter son combat face à la maladie, et non pour annoncer sa décision puisqu’elle hésite encore.
« Je prends 64 comprimés par jour », commence-t-elle. « 25 avant le petit-déjeuner, 20 de plus après, 10 avant le dîner et enfin 9 avant de me coucher. Je prends 64 comprimés par jour et j’ai la sensation que cela me tue à petit feu. Ou, si ce n’est pas le cas, je suis certaine d’une chose : c’est une mauvaise chose pour moi. Sur le long terme, prendre autant de médicaments régulièrement, ce n’est pas bon. C’est un piège qu’on se tend à soi-même : un mensonge pour dire à son corps que tout va bien. C’est un cercle vicieux, épuisant et sans fin. »
C’est la seule solution pour la star de la WNBA si elle souhaite continuer à jouer au basket. Ce n’est déjà pas facile dans une saison ordinaire, mais la pandémie de Covid-19 a logiquement bousculé ses fragiles certitudes.
« Quand la WNBA a commencé à organiser sa bulle, j’ai été très attentive aux mesures mises en place pour la sécurité de chacune. Je voulais jouer, mais j’avais peur. J’ai parlé à mon médecin personnel, de ce que la ligue souhaitait organiser, mais il estimait que c’était toujours trop risqué. J’ai pris cette pandémie au sérieux, car ce sont des instincts que j’ai développés après plus d’une décennie avec la maladie de Lyme. On m’a tellement dit que j’étais immunodéprimée. Un simple rhume provoque une rechute grave. J’ai considéré le Covid-19 comme n’importe quelle personne à risque : c’est une question de vie ou de mort. »
« Je peux risquer ma vie ou oublier mon salaire »
C’était donc une évidence pour elle : la maladie de Lyme était un facteur de risque et, en conséquence, elle allait obtenir une dispense médicale. La décision contraire de la ligue a donc été une douche froide.
« J’ai entendu des gens dire que j’étais folle d’écouter mes médecins, que je faisais semblant d’être malade, que j’essayais d’être payé sans jouer… Je suis devant deux choix : je peux risquer ma vie ou oublier mon salaire. Franchement, ça fait mal. »
Dans la foulée de cette tribune, les Washington Mystics ont annoncé qu’ils allaient verser son salaire à Elena Delle Donne, quoi qu’elle fasse cette saison.
Car, outre sa maladie de Lyme, la joueuse a été opérée en janvier dernier de trois hernies discales.
« On ne pouvait pas faire d’annonce, tant qu’elle n’avait pas parlé avant », explique le GM des Mystics, Mike Thibault, à ESPN. « Notre franchise mettra toujours en avant la santé d’Elena. Par le passé, avec sa maladie de Lyme et ses blessures, on a toujours pris des décisions avec elle et pas contre elle. Elle fait partie de l’équipe. Elle sera payée et continuera sa rééducation après son opération du dos. Et si, à un moment de la saison, son physique et la sécurité autour de l’équipe en Floride le permettent, alors on trouvera un accord. »
Il reste quelques détails à régler tout de même si la joueuse décide bien de faire l’impasse sur la saison. Par exemple, Elena Delle Donne pourra-t-elle continuer sa rééducation chez elle, comme le souhaite, ou aura-t-elle l’obligation de rejoindre le centre d’entraînement, ce qui l’expose potentiellement au virus ?