Premier noir à devenir GM dans le monde du sport américain en 1972, Wayne Embry (83 ans) fut aussi un All-Star confirmé dans les années 1960 avec les Royals (futurs Kings de Sacramento), finissant sa carrière avec 12.5 points et 9.1 rebonds de moyenne.
Au regard des événements actuels aux États-Unis, l’expérience de l’ancien pivot peut être utile pour trancher la question de reprendre ou non la compétition.
« J’ai toujours été partisan de voir le sport comme un modèle pour une plus belle société », assure-t-il. « Car cela soude différentes cultures et expériences vers un but commun. En cette période, je sais que je jouerais. Je suis fan du premier amendement. On a tous les droits pour parler, pour protester. Les joueurs ne doivent pas seulement ‘se taire et dribbler’. Si vous croyez en la constitution, cela fait de vous un patriote qui peut dire ce qu’il souhaite. »
Wayne Embry rappelle que les joueurs NBA ont connu une situation analogue, avec la mort de Martin Luther King le 4 avril 1968. Le pivot évoluait à Boston ce jour-là et les Celtics devaient affronter les Sixers de Wilt Chamberlain en finale de la conférence Est.
« On savait que le pays allait entrer dans une période de troubles, qu’il y aurait des émeutes. La plupart des joueurs n’allaient pas jouer. On n’avait pas la tête au basket, on était tous touchés. On a tenu une réunion. Des joueurs blancs voulaient jouer, contrairement à plusieurs joueurs noirs. Red Auerbach et le patron de la NBA, J. Walter Kennedy, avaient été en contact avec les maires des deux villes. Ils estimaient que c’était plus sage de jouer, vu l’importance du match. Les gens allaient rester chez eux pour le regarder. Il y a eu un débat, mais on a joué. »
Finalement, après la victoire des Celtics dans un match sans passion, la ligue avait suspendu les playoffs pendant quatre jours, le temps d’enterrer Martin Luther King.
Bill Russell et Wilt Chamberlain avaient d’ailleurs assisté aux obsèques du pasteur.